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Les Religions peuvent-elles être de leur temps ?





Les Religions peuvent-elles être de leur temps ?



Peut-on se contenter de l’affirmation suivante, exprimée sous forme de boutade « les religions ne peuvent être de leur temps, elles y perdraient leur âme » et qui entendait que leurs principes, leurs valeurs, leurs messages, ont un caractère intemporel incompatible, à priori, avec le fait d’ « être de son temps » c’est à dire de « Penser, vivre, agir, en conformité avec les idées couramment admises de son  époque » ? Et que penser d’une religion qui ne serait qu’une chambre d’enregistrement des idées du moment ?
Les religions ne doivent-elles pas en fait échapper à deux dangers : subir l’influence excessive de courants de pensée qui les dénaturent (risque d’un ultra modernisme) ou bien rejeter toute influence extérieure (risque du fondamentalisme ou de l’intégrisme) ?
La question est très vaste car les religions font corps avec l’histoire des hommes et le progrès de la conscience. Il ne s’agit donc pas seulement de l’adéquation de leur message aux problèmes de société mais aussi de leur pouvoir et de leur influence sur l’évolution de l’humanité. Savoir et dire ce qui est ou n’est pas compatible avec la religion conduit à un débat de société sans cesse relancé.

         Pour Yves Coppens, «  depuis que l'Homme est conscient, ce qu'il est devenu il y a environ 3.000.000 d’années, il est atteint de cette angoisse de savoir d'où il vient, où il va et ce qu'il est... »
L’Homme, dès le 1er tranchant obtenu sur un silex, s’est affranchi de la nature, et « a acquis par la connaissance sa dignité, autrement dit sa dualité : liberté et responsabilité... et le progrès de l’Homme est tout aussi spirituel, éthique, moral qu’intellectuel et technologique... L’Australopithèque savait beaucoup de choses, l'Homme a su qu'il savait, et l’Homme moderne (Homo Sapiens) en pleine phase de conquête a eu, en plus de ses prédé­cesseurs, envie de faire savoir qu'il savait qu'il savait... L’inhumation de certains corps, il y a 100.000 ans, en Occident comme en Orient, enterrements accompagnés chaque fois de signes différents et codés, a représenté un pas de plus et pas le moindre, dans le traitement de l’angoisse existentielle inhérente à l’humanité consciente... »
Dans toutes les socié­tés humaines les religions ont tenté de réduire cette angoisse en y répondant par l’enseignement de leur Vérité. Se proclamant, sauf exception, à vocation universelle, elles s’efforcent d’orienter les comportements humains en fonction de cette Vérité.
L’ambition d’un pouvoir absolu sur les esprits d’abord, sur la société ensuite,  les a souvent conduites, au nom d’un mandat divin, à dénoncer à tort comme fausses des idées qui pouvaient être en partie vraies, voire tout à fait exactes.

         Si l’on se réfère à l’histoire ancienne ou contemporaine, quelques faits, présentés ici et dont le choix est forcément arbitraire à défaut d’un impossible travail exhaustif, ouvrent des pistes de réflexion sur l’interrelation religion société.

 
1. Le lien religieux… et quelques-unes de ses conséquences

Le lien religieux est une composante essentielle des sociétés humaines.
L’étymologie du mot « religion » mérite attention. Pour Odon Vallet, ce terme est lié à la culture occi­dentale : il vient du latin religio, provenant du verbe relegere qui signifie « recueillir » et du verbe religare qui a pour sens « relier » Le terme religion peut donc à la fois désigner un recueil de textes et de pratiques et le lien entre l'homme et la divinité, et aussi, ce qui est très important, le lien entre les croyants.
Dans la plupart des religions le lien entre le fidèle et le divin est subordonné à l’autorité d’une Eglise dont la légitimation ne vient pas d’en bas mais s’impose d’en haut ; de ce point de vue  il apparaît un modèle « fort » celui de l’Eglise Catholique avec une décentralisation « microsociale » dans les paroisses, et un modèle « faible » celui des Eglises libres nées de la Réforme Protestante où le Pasteur est élu, donc révocable, par l’assemblée des croyants.
On peut dire que plus la religion relie des individus, plus elle divise la société. Elle creuse un fossé entre croyants et incroyants, fidèles et infidèles, pieux et impies... Combien d’intolérances au nom d’une vérité révélée !
Ne serait-ce qu’à partir des obligations alimen­taires ou vestimentaires, une religion crée l'uniformité entre les siens et le contraste avec les autres, ce qui devient une source de conflits lorsque la différence n’est plus viable.
On sait combien le lien religieux a compté dans l’histoire de l’humanité. Voici quelques exemples.

- Christianisme
Ainsi se trouverait vérifiée la prophétie de Jésus : « Pensez-vous que je sois venu apporter la paix à la terre ? Non, plutôt la division. Désormais s’il y a cinq personnes dans une maison elles seront divisées : trois contre deux et deux contre trois. » (Luc 13, 51) … La discorde serait-elle une valeur évangélique ?
Il n’y aurait jamais eu de christianisme sans les premiers baptisés qui rompirent avec leur famille juive ou païenne et se mirent hors la loi en refusant de sacrifier au culte d’Auguste…
Si la religion divise, la « Terre sainte » est le lieu de rencontre de bien des divisions où rivalisent quatorze confessions chrétiennes traditionnelles auxquelles s'ajoutent de nombreuses communautés protestantes plus récentes, soit une trentaine d’Eglises pour un même Dieu.
Les édifices du culte y sont des lieux de conflit : à Bethléem, orthodoxes, arméniens et francis­cains se partagent non sans mal la basilique de la Nativité. A Jérusalem, catholiques latins, grecs ortho­doxes, arméniens, syriaques, coptes et éthiopiens coha­bitent difficilement au Saint-Sépulcre dont la clef, pour éviter les disputes, était encore il y a peu détenue par une famille... musul­mane.
Luther fit sa révolution religieu­se, en partant de l'échec des tentatives de réforme du catholicisme. Il introduisit une nouvelle rela­tion entre les fidèles et le clergé, en s’opposant au catholicisme par un nouveau lien entre le fidèle et le divin
Le pasteur n'est plus l'intermédiaire avec Dieu, mais un professeur qui aide les fidèles à mieux comprendre (analogie avec l’Imam des musulmans) Ainsi pour les protestants un fidèle est un non professionnel, un laïc.
Pour les catholiques un laïc est souvent considéré comme anticlérical voire athée…
Ce nouveau mouvement pastoral a conduit à l'alphabé­tisation du peuple allemand (grâce aussi à l’invention de l’imprimerie par Gutenberg). A la fin du XVI° siècle, il y a une bible dans chaque famille… Au XIX°, le protestantisme est devenu la première puissance cultu­relle allemande : Goethe, Hegel, Kant sont protestants…
Lors du congrès protes­tant, le Kirchentag, qui rassemble tous les deux ans les protestants, ce sont les fidèles qui choisissent les intervenants. A l'inverse, les congrès catholiques sont conduits par les évê­ques qui déterminent les thèmes, les intervenants…
En France, le protestantisme s’était développé au temps de François 1er et d’Henri II, et lorsque Catherine de Médicis devint régente pour Charles IX en 1560, elle ne parvint pas à rétablir la paix et l'unité dans le royaume. Avec le chancelier de L'Hospital, elle finit par faire le choix d'un dialogue avec les protestants, mais cette politique de concorde déclencha la guerre civile, car les catholiques ne pouvaient admettre une telle remise en cause de ce qui fondait leur représentation du monde et leur vie même.
Le massacre de protestants le 1 mars 1562 par le duc de Guise et son escorte ouvrit le cycle des guerres de Religion en France…

- Islam
L’originalité essentielle de l’Islam est que la communauté « ouma » des croyants englobe tous ses membres à égalité, avec les mêmes obligations pour tous (pas de moines avec règles monastiques propres, pas de prêtres avec obligation de célibat etc.) et pour la totalité de leur mode de vie (le Coran énonce le Droit)
Cet organisme global est au départ politico-religieux, les directives divines transmises par Mahomet entre 612 et 632 étant aussi bien religieuses et  morales que juridiques et politiques.
Certes aujourd’hui les Arabes sont très minoritaires parmi le milliard trois cent millions de musulmans de la planète. Plus de la moitié sont en Indonésie, Pakistan, Bangladesh et Inde, régions du monde où la population arabe est quasi inexistante.
En France la figure du Beur personnifie le monde musulman, mais dans le métro londonien, celui-ci est représenté par un Indien ou un Pakistanais.
Cependant le Coran ayant été révélé à Mahomet en arabe, puis mis par écrit en alphabet arabe, sa traduction a longtemps été considérée comme une trahison et, aujourd'hui encore, elle ne peut servir à un usage liturgique. Aussi un musulman doit-il s’initier à l'arabe littéraire pour approfondir sa foi.

La culture arabe est ainsi présente dans tous les pays musulmans. Le fait de se tourner vers La Mecque pour prier et de s'y rendre en pèlerinage fait de l'Arabie la patrie spirituelle de tous les musulmans et d'eux seuls puisque les non musulmans ne sont pas admis dans les Lieux Saints.
Pour Odon Vallet : « Ce patriotisme de communauté globale est très puissant, avec le sentiment d’une opposition historique millénaire aux sociétés chrétiennes et irréligieuses de l’Occident et l’idéalisation du noyau médinois de l’origine comme modèle de société étendu à toute l’humanité. »
Deux facteurs politiques contemporains contribuent à « arabiser » les musulmans.
D'abord l'islamisme militant, souvent subventionné par l'Arabie Saoudite, et qui tend à propager une culture arabe, notamment par le biais de la charia, droit musulman qui perpétue les coutumes arabes de l'époque de Mahomet même s'il possède des origines préislamiques.
Ensuite, le conflit israélo-palestinien et la guerre en Irak qui encouragent un panarabisme de solidarité.
Il est intéressant de noter que les clivages poli­tico-religieux se jouent parfois des critères ethniques : le monde juif a ses Black Hebrews et le monde musulman ses Black Muslims. Luttant pour les droits de l'homme ces Noirs étaient des frères, par leur religion ils peuvent devenir ennemis.
Il faut préciser que mis à part quelques déviations au cours des siècles, L’Islam est une religion tolérante qui ne recherche pas les conversions par la force. En Espagne où les musulmans s’établirent du VIII° au XV° siècle, ils assurèrent aux autorités locales le maintien de leur pouvoir et la liberté religieuse pour tous, y compris les juifs, moyennant le versement d’un tribut par tête variant avec le degré de richesse. 

- Judaïsme
Le Judaïsme et l’hindouisme présentent, mais pas pour les mêmes raisons, la particularité de n’être pas des religions missionnaires dépositaires d’un message universel.
L'un des thèmes centraux du judaïsme est celui de l'Alliance entre Dieu et le peuple juif qui devint dès lors, par ce lien privilégié, le « peuple élu » ( deut. 7,6) destiné à la « terre promise ». De ce fait les autorités rabbiniques sont réticentes à l'idée d'accueillir des non juifs, notamment en France où le judaïsme libéral est très minoritaire.
Chaque juif a une relation parti­culière avec Jérusalem et la terre d'Israël, la diaspora n'a pas oublié le caractère familial (tribal si l'on songe aux douze tribus d'Israël) de la foi des patriarches même si elle a parfois élargi le cercle de famille par les mariages mixtes et accepté que certains peuples (tels les Khazars du sud de la Russie) se convertissent à leur religion.
La conversion est donc une démarche difficile et exceptionnelle : alors que l’on peut devenir musulman en cinq minutes (il suffit de prononcer la formule de profession de foi devant deux témoins), il faut plusieurs années d'efforts et d'études pour devenir juif.
Au XXI° siècle, il n’est pas admis par tous, loin de là, que des fidèles d’une religion se considèrent choisis, par la volonté discriminatoire d’un Dieu créateur et universel ( « …vous serez mon peuple particulier parmi toutes les nations, car toute la terre est à moi. » Ex. 19,5) pour résider en toute propriété de droit divin sur un territoire donné de la planète et ce en propriété perpétuelle (« je te donnerai ainsi qu’à ta postérité après toi le pays où tu vis en étranger, tout le pays de Canaan, pour le posséder à jamais » Gen. 17,8) avec droit d’expulsion des autres humains égarés dans ces contrées depuis quelques siècles. Cela n’a pas fini de générer des conflits, mais prouve, par l’existence de l’état d’Israël, la force que peut avoir un lien religieux particulièrement restrictif.
Il faut noter cependant qu’en Israël les ultra religieux du parti Natorei Karta (gardiens de la cité) considèrent que l’Etat juif actuel est l’œuvre du diable, le véritable Israël ne pouvant advenir que lorsque les temps messianiques seront accomplis.
D’autres malheureusement semblent vouloir l’application scrupuleuse de  cette recommandation divine : « … Je livrerai entre vos mains les habitants du pays et tu les chasseras devant toi. Tu ne feras pas d’alliance avec eux … ils n’habiteront pas dans ton pays. » (Ex s. 23, 33)
Pour Michel Lelong « les prophètes d’Israël ne cessèrent de dire et de redire qu’il ne suffisait pas d’être les plus forts ni de se référer à la tradition des anciens, ni de prier dans le temple, mais qu'il fallait d'abord pratiquer la justice. Demander aux juifs d’aujourd'hui de respecter les droits du peuple palestinien, ce n'est donc pas vouloir qu’ils cessent d’être eux-mêmes. C’est attendre qu’ils deviennent ce qu'ils sont. »

- Hindouisme
L'Hindouisme, appelé aussi Brahmanisme, troisième religion du monde, est l'ensemble des croyances et des pratiques religieuses de l'Inde. Il ne repose pas sur une doctrine mais sur une conception de l'ordre du monde auquel l'homme doit se conformer en respectant des rites d'une grande diversité. Cependant, une croyance fondamentale sous-tend l'hindouisme : le caractère cyclique de l'univers et de la vie humaine.
Pour les hindouistes, qui croient en l'im­mortalité de l'âme, la mort n'est qu'un passage vers une nouvelle vie terrestre. L'âme de tout être vivant est soumise à un cycle infini de réincarnations (samsâra) qui s'ef­fectuent en fonction du karma, c'est-à-dire des mérites accumulés dans cette vie et dans les vies antérieures. L'âme ne peut se délivrer de ces renaissances perpétuelles que par la fusion entre l'atman individuel (essence sacrée de chaque individu) et le brahman universel (ou « âme du monde ») Elle accède ainsi à la libération (moksha) c'est-à-dire au niveau suprême de la conscience, où elle trouve le repos et la paix.
L’Hindouisme est le fondement de l’organisation sociale et politique de l’Inde. La conception brahmanique (hégémonie des prêtres ou brahmanes) institue la division rigoureuse de la société en quatre castes absolument étanches, encore bien vivantes malgré l’effort du législateur.
Les trois premières castes sont dites nobles ou pures, chacune représentant environ 6% de la population, la quatrième équivaut à 60% de la population, les autres sont hors castes ou intouchables (depuis une loi de 1955 ils sont moins l’objet de discriminations)
La religion est un puissant facteur de stabilisation de la société indienne. En effet, chacun est responsable de sa condition par suite des actes et des pensées de ses existences précédentes. Vouloir sortir de sa condition en se révoltant contre son sort est donc un moyen très sûr de régresser lors de la prochaine réincarnation, alors que remplir par­faitement les rites de son état assure au contraire un espoir de progrès pour la vie à venir.
 
- Le lien religieux et le lien social
Il fut longtemps impensable d’être sans religion, d’autant plus que la religion était affaire de société avant d’être question de conscience. Le tissu social était d’un seul tenant. En France, jusqu’à la révolution, la foi chrétienne était tout à la fois à la base de la sacralité royale et de la puissance ecclésiastique, de l’organisation sociale et des rythmes de la vie personnelle, familiale ou collective. Elle fondait et orientait toute vision du monde et toute espérance.
Aujourd’hui encore on associe souvent le lien religieux au lien social ou culturel. En cas de conflit, la religion est souvent mise en avant et constitue le lien mobilisateur.
Ainsi Staline n’appelait-il pas son peuple à défendre « la Sainte Russie » contre les hordes hitlériennes ? …
Le Président Bush qualifia sa guerre en Irak de « Croisade contre l’axe du mal »! Etc.
Pour Amin Maalouf : « Il ne fait pas de doute que la mondialisa­tion accélérée provoque, en réaction, un renforce­ment du besoin d'identité. Et aussi, en raison de l'angoisse existentielle qui accompagne des chan­gements aussi brusques, un renforcement du besoin de spiritualité…
D'ailleurs, le sentiment d'appartenir à une Eglise commune est aujourd'hui le ciment le plus sûr des nationa­lismes, même de ceux qui se veulent laïcs, c'est aussi vrai pour les Turcs ou les Russes que pour les Grecs, les Polonais ou les Israéliens, et pour bien d'autres encore qui rechigneraient à l'admettre…
Et même, l'adhésion à une foi qui transcenderait les appar­tenances nationales, raciales, sociales, apparaît aux yeux de certains comme leur manière à eux de se montrer universels…
Lorsqu'on voit dans l'islamisme politique, anti-moderniste et anti-occidental, l'expression spontanée et naturelle des peuples arabes, c'est un raccourci pour le moins hâtif.
Il a fallu que les dirigeants nationalistes, Nasser en tête, arrivent à une impasse, tant par leurs échecs militaires successifs que par leur incapacité à résoudre les problèmes liés au sous-développement, pour qu'une partie significative de la population se mette à prêter l'oreille aux dis­cours du radicalisme religieux, et pour qu'on voie fleurir, à partir des années 1970, voiles et barbes protestataires. »

2. Religion et violence
           
- Aucune religion ou confession n'est violente par nature, mais, malheureusement aucune n’a empêché les violences et toutes les religions ont toléré voire encouragé des guerres en leur nom.
Faut-il s’en étonner ? Non, si l’on considère que les religions prêchent la perfection à des hommes imparfaits.
La Bible et le Coran abondent de textes contradictoires, on peut tout aussi bien y trouver des appels à la non-violence que l’inverse.
Quant à Jésus qui a promu une religion de bonté et de miséricorde, n’est-il pas rapporté qu’il chassa violemment à coups de fouet les marchands du temple qui  semble-t-il exerçaient leur activité pacifiquement et en toute légalité ?
 Il est facile aux prêcheurs du Djihad de rappeler aux musulmans cette phrase du Coran : «Combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent» (s. 2, 190). C’est au nom de l’Islam que des terroristes ont jeté avions et passagers contre les tours de New York et l'immeuble du Pentagone. Hier, les prédicateurs extrémistes enseignaient que l'islam se propageait par le sabre et le Coran, aujourd'hui, pour les plus radi­caux, c'est par la bombe et l'Internet.
Mais il ne faut pas oublier comme le souligne Michel Lelong  que : « L’Islam c’est d’abord et surtout ces centaines de millions d’hommes et de femmes, jeunes et adultes, intellectuels, ouvriers et paysans, pour lesquels le message coranique constitue le fondement des valeurs éthiques, la lumière de leur vie, et la source de l’espérance au-delà de la mort. » Cette pensée, qu’il faut souligner,  peut s’appliquer à toutes les religions.
Le polythéisme serait-il naturellement tolérant à l'égard des croyances étrangères? Dans les religions antiques de Grèce et de Rome, la question ne se posait guère, à l'origine, puisque l'accès aux cérémonies était réservé aux citoyens et que les cultes étaient rendus aux dieux de la cité afin qu’ils veillent sur la ville et non pour qu’ils convertissent les voisins.
Mais l'intolérance se manifesta quand, à Rome, à partir du Ile siècle apr. J.-C., l'empereur déifié fit l'objet d'un culte : sacrifier à Auguste devint un devoir général et s'y soustraire entraîna des persécutions.
Pour Odon Vallet chaque fois qu'une civilisation a divinisé le pouvoir, elle a transformé toute critique en blasphème, tout opposant en martyr.
Ainsi les Romains, polythéistes, massacrèrent des chrétiens et les Perses, hénothéistes (croyant en un Dieu unificateur mais non unique), firent de même quand ils envahirent la Palestine en 614 apr. J. -C.
Dans la bible, Dieu donne à Moïse le cinquième commandement « tu ne tueras point » C’était trop beau pour s’en arrêter là. Hélas en effet, Dieu se révèle impitoyable envers les Cananéens « Mon ange marchera devant toi et te conduira chez les Amhoréens, les Hittites, les Phéréséens, Les Cananéens, les Hévéens, et les Jébuséens, que j’exterminerai. » Ex. 23,23. L’un des plus grands génocides de l’histoire de l’humanité résulterait-il ainsi d’une volonté divine ? …
- On peut se demander si la propagation des grandes religions aurait été aussi rapide sans la violence.
Ainsi la genèse du Judaïsme et celle de l'Islam sont inséparables d'un contexte militaire parce que la première religion s'est constituée au cours de guerres contre l'Egypte, les Philistins, les Babyloniens, les Grecs et les Romains, tandis que la seconde s'est structurée en livrant bataille contre les bourgeois de La Mecque, les juifs et des « mécréants » d'Arabie (mais que l'islam naissant ait transformé la razzia en djihad n'en fait pas une religion par nature belliqueuse)
L’expansion du Christianisme, doit beaucoup à l’empereur Théodose qui déclara le catholicisme religion d’état en 380 après qu’auparavant Constantin en ait fait la religion officielle de l’Empire. Dès lors la loi condamne les non chrétiens à l’infamie avec privation des droits civiques… Temples et synagogues sont pillés, rasés ou incendiés… Saint Jean Chrysostome dans son Homélie sur les statues justifie la violence physique et écrit explicitement que « les chrétiens sont les dépositaires de l’ordre public. »
En 391 l’évêque d’Alexandrie fait incendier le Sérapion, la bibliothèque, des trésors centenaires disparaissent… Les philosophes s’exilent alors que Platon était enseigné de façon continue depuis 10 siècles... Les hérétiques périssent sur les bûchers dont Arius, le premier, qui niait la Divinité du Christ…
En 529 Justinien interdit la liberté de conscience ! Il fait obligation aux païens de se faire instruire dans la religion chrétienne puis d’obtenir le baptême, sous peine d’exil et de confiscation des biens… Cela marqua probablement les esprits pour plus d’un millénaire ! …
- Au sein de chaque religion, le sort des schismes se règle souvent par les armes. Le catholicisme voulut ainsi anéantir la «religion prétendue réformée» inaugurée par Luther et Calvin qui, eux-mêmes, usèrent de violence contre des réformateurs plus radicaux : le premier remporta la «guerre des paysans» (1525) groupés derrière Thomas Münzer, fondateur des anabaptistes et le second fit brûler vif à Genève, Michel Servet (1509-1553), accusé d'hérésie. Ce médecin qui avait entrevu avec Harvey la circulation du sang était aussi théologien panthéiste.
L’Inquisition était née dans le sud de la France pour réprimer l’hérésie albigeoise. Elle n’eut rien à voir avec l’Inquisition espagnole qui dura jusqu’au XIX°siècle. 
C’est en 1478 qu’une Bulle du Pape Sixte IV autorisa les Rois Catholiques à créer le Tribunal du Saint Office pour débusquer et pourchasser les hérétiques, apostats, bigames, superstitieux, et libres penseurs.
En Espagne, l’Eglise était alors totalement inféodée au Pouvoir Royal. Forcés d’avouer sous les tortures les plus abominables, les malheureux une fois condamnés par le Tribunal ecclésiastique étaient remis au Bras séculier pour l’accomplissement des peines qui le plus souvent s’achevaient par la mort. Les biens des condamnés étaient remis à la Couronne.
Des historiens espagnols estiment que l’Inquisition contribua à l’unité du pays en renforçant le Pouvoir Royal, et ceci alors que la France s’enfonçait dans les guerres de Religion, tout aussi cruelles.
Le Pape admonesta le Dominicain Torquemada pour sa sévérité excessive, cela ne changea rien.
Au XVIII° siècle, la politique absolutiste des Bourbons d’Espagne se heurta à la Papauté, sans doute influencée par les nouveaux courants de pensée pré révolutionnaires. Cela n’aboutit qu’à l’affaiblissement de la Curie Romaine dans les affaires de l’Eglise espagnole
- Les Croisés pillèrent, en 1204, Constantinople, ville chrétienne mais non soumise au pape, et l'opposition, souvent armée, entre catholiques et chrétiens d'Orient ne cessa jamais tout à fait.
Quant au monde arabe, à la fois fasciné et effrayé par ces Francs barbares (1), qu’il avait vaincus mais qui depuis les ont dominés, il ne peut se résoudre à considérer les croisades comme un épisode d’un passé révolu. Les responsables politiques et religieux se réfèrent souvent à Saladin, à la chute de Jérusalem et à sa reprise.
L’Orient arabe voit toujours en l’Occident un ennemi naturel et comme le dit Amin Maalouf : « Contre lui, tout acte hostile, qu’il soit politique, militaire ou pétrolier, n’est que revanche légitime. Et l’on ne peut douter que la cassure entre ces deux mondes date des croisades, ressenties par les arabes, aujourd’hui encore comme un véritable viol. »
- La violence n’épargne pas les spiritualités issues de l'Inde adeptes du concept de non-violence. L'hindouisme aux trente-trois mille dieux a ses intégristes qui persé­cutent chrétiens et musulmans. L’Inde serait la patrie des guerres de religion qui auraient fait plus de 100 millions de morts en 1000 ans en raison notamment de l’arrivée de l’islam vers 711 dans la vallée de l’Indus, puis dans toute l’Inde. La rivalité entre Pakistan et Inde, deux puissances nucléaires, est lourde de menaces.
Le bouddhisme sri lankais a ses moines fanatiques et, en 1959, l'un d'entre eux assassina le Premier ministre, Salomon Bandaranaike jugé trop favorable aux Tamouls hindouistes.
Le jaïnisme (religion dérivée de l’hindouisme, mais qui ne reconnaît pas les castes) refuse, en principe, toute atteinte aux êtres vivants, mais si certains jaïns en arrivent à mettre un masque devant leur bouche pour ne pas avaler de moucherons, d'autres portent les armes dans les troupes indiennes.
Le shintoïsme japonais aux huit cent millions de divinités (kami) a engendré les kami­kazes (vent divin) qui se jetaient contre les porte-avions américains.


         (1) Alors que l’Orient chrétien et l’Orient musulman rayonnaient d’une civilisation raffinée, les chevaliers francs du XI°siècle étaient illettrés par choix (car l’éducation de l’esprit abâtardit ! …) Ces brutes tuèrent sans distinction hommes, femmes et enfants. Ils se livrèrent aux pillages, viols et même à l’anthropophagie…

         - Cependant pour Odon Vallet, dans l’histoire des hommes, le christianisme tient place à part, et essentielle : «  il a fait passer l’homme de l’ar­chaïsme à la modernité, en l’aidant à canaliser la violence autrement que par la mort. »
En effet dans toutes les religions les offrandes et sacrifices ont un fort contenu symbolique. Pour limiter la violence, les sociétés archaïques la concentraient sur des victimes, hommes ou bêtes, qu’elles sacrifiaient… Bouc émissaire… Meurtre rituel… Sanctification du héros. Le sacrifice était vécu comme une intervention surnaturelle, la violence unanime du groupe était alors transfigurée… C’était un progrès pour l’humanité, même s’il n’était qu’un pis-aller puisqu’il obligeait à tuer des innocents.
         « En faisant d'un supplicié son Dieu, le christianisme dénonce le carac­tère inacceptable du sacrifice» Le Christ, fils de Dieu, innocent par essence, n'a-t-il pas dit Bienheureux les miséricordieux… (Matt. 5, 7.) ? En échange, il a promis le royaume de Dieu qui doit inau­gurer l'ère de la réconciliation et la fin de la violence.
« La Pas­sion inaugure ainsi un ordre inédit qui fonde les droits de l'homme, absolument inaliéna­bles. »

3. Les conduites missionnaires… en leur temps

La découverte du Nouveau Monde déclencha, avec la colonisation, une entreprise missionnaire très étendue qui gagna ensuite l’Asie, puis l’Afrique et enfin l’Océa­nie.
L’Eglise découvrait des populations païennes dont les cultures, parfois très raffinées, étaient totale­ment étrangères à sa tradition. Un problème pastoral était posé : comment les missionnaires devaient-ils se comporter devant ces cultures indigènes et leurs oeuvres ? Au problème de la prédication de l’Evangile s’ajoutait le problème de la réception de l’Evangile : entre ce qui est proposé et ce qui est accepté, l’écart peut être grand.
Usant tour à tour de la répression et de la persuasion, les Espagnols s'acharnèrent, durant le XVII° siècle, à briser les rites et les croyances des Indiens. Coupant ainsi les dynasties incaïques de leurs racines ancestrales, les conquérants créèrent une irrémédiable fracture entre les temps anciens et la société coloniale.
La campagne d'extirpation des rites et croyances se situe dans le prolongement de la Contre-réforme et devint l’un des objectifs de la Compagnie de Jésus, fondée par Ignace de Loyola, un Espagnol.
Les missionnaires donnent du dogme chrétien une image simplifiée avec une large place à l’enfer. Le Concile de Lima de 1551 suggère aux prêtres la peinture affreuse que l'on doit en faire aux Indiens et l'allusion au sort de leurs ancêtres qui n'avaient pas, et pour cause, reçu le baptême « Il faudra leur dire comment tous leurs ancêtres, tous leurs souverains se trouvent maintenant dans ce séjour de souffrances parce qu'ils ne connurent pas Dieu, ne l'adorèrent point, mais qu'ils adorèrent le soleil, les pierres et autres créatures. »
Une telle affirmation supposait une option théologique qui fut prise par les théologiens des Conciles de Lima, et bien d'autres, en confirmant la damnation sans appel pour les infidèles privés de la révélation.
Pour Carmen Bertrand : « Ceux qui lançaient ces affirmations à des groupes humains dont tout le système religieux et socioculturel reposait sur les liens de parenté et le culte des morts se rendaient bien compte du terrible traumatisme psychologique qu'ils causaient, c’était l’effet recherché. »
Avendano dira aux Indiens : « J'ai bien de la peine pour vos pères et vos aïeux qui adoraient les os pourris de vos malquis (cadavres). Dites-moi mes fils, de tous ces hommes qui sont nés sur cette terre avant que les Espagnols n'y prêchent le Saint-Evangile, combien se sont sauvés ? Combien ? Combien sont allés au ciel ? Aucun. Combien d'Incas sont allés en enfer ? Tous. Combien de reines ? Toutes. Combien de princesses ? Toutes. Car ils ont adoré le démon dans les huacas (lieux de vénération).»
Le deuxième Concile de Lima, réuni en 1567, établit une réglementation stricte pour lutter efficacement contre les « idolâtries »
Les jésuites vont systématiquement détruire tout objet qui pourrait constituer l'instrument d'un culte idolâtre ou qui en rappellerait le souvenir. Les plumes, les tissus de fête, les conques, et même les berceaux alimentent des bûchers purificateurs, tandis que les hymnes sont bannis et que les pierres protectrices sont jetées à l'eau ou simplement brisées.
Là où les autochtones déposaient des offrandes dans la montagne, les huacas, les prêtres dressent des croix.
De même qu'ils ont, dès le début, combattu les coutumes funéraires autochtones, les extirpateurs poursuivent leur œuvre d’acculturation forcée en s'attachant à contrôler les rites de passage que sont la naissance, la puberté et le mariage. Les autorités cléricales imposent donc aux Indiens, sans toujours y parvenir, d'autres prénoms que les leurs, réprimant la fête de la puberté des garçons nobles et interdisant la polygamie.
Les sociétés ayant évolué et les conceptions missionnaires aussi, ce qui fut possible en Amérique du sud dans l’ardeur des débuts fut interdit en Chine un siècle plus tard.
Au XIX° siècle les congrégations missionnaires, qui se multiplièrent alors, notamment en Afrique, importèrent un modèle européen de catholicisme, jugé postérieurement trop ostentatoire, mais qu’en général ils n’imposèrent pas.
Notons cependant que dans les îles de la côte ouest canadienne, de nombreux  villages indiens de pêcheurs furent abandonnés après que les missionnaires eurent brûlé les totems familiaux dressés devant leurs habitations et qu’ils prenaient pour des idoles. Aujourd’hui ce qui reste de ces villages abandonnés, d’indiens Haïdas en particulier, est considéré comme patrimoine de l’humanité et protégé par l’UNESCO.
 
4.  A propos de l’esclavage

L’esclavage jusqu’au milieu du XIX°siècle était encore pratiquement admis par les religions ; c’est un bon exemple de leur alignement sur le pouvoir et les mœurs.
L’esclavage aboli officiellement en 1850 existait depuis l’antiquité où c’était souvent la condition normale des combattants vaincus (jure belli). Il existait un esclavage transafricain bien avant les conquêtes coloniales. A l’époque de la colonisation du Brésil, les Portugais importèrent des esclaves noirs qu’ils utilisaient déjà depuis la découverte du golfe de Guinée au XV° siècle ( les pièces de Guinée).
L’Eglise trouva en son sein une justification exposée en 1554 par le Père Manuel de Nobrega dans son dialogue sur la conversion des Gentils : « Ce destin leur vient de leurs ancêtres, parce que nous croyons qu’ils descendent de Cham, fils de Noé, qui a vu son père ivre dans une posture indécente, de là viennent leur malédiction, leur nudité et leurs autres misères. »
Au total, entre le XVI° siècle et l’an 1850, 3.500.000 esclaves furent transplantés au Brésil (sans compter ceux qui moururent au cours du trajet) et ce chiffre ne représente que 38% des esclaves vendus dans toutes les colonies d’Amérique.
Les Portugais tinrent à baptiser les esclaves, et ceci souvent avant même la traversée de l’océan. Les Noirs étaient tenus aux mêmes devoirs religieux que leurs maîtres et purent progressivement s’organiser en confréries… C’est le 13 mai 1888 que Dona Isabel princesse impériale proclama l’abolition définitive de l’esclavage, la « Loi dorée »
En 1744 fut publié en deux énormes tomes, à Lausanne, avec imprimatur etc. Le Dictionnaire des Cas de Conscience de Fromageau et Lamet, docteurs en Sorbonne. Il y est fait état d’une délibération du 15 avril 1698 concernant les règles pour le commerce des esclaves et des nègres en particulier. Il est conclu notamment ceci :
« 1°, La servitude n’est point de droit naturel, l’homme au contraire est né libre, mais elle a été introduite par le Droit des gens…
2°, Par le Droit Canonique, il était permis aux chrétiens d’avoir des esclaves, le Pape Grégoire lui-même donne la liberté à deux esclaves attachés à l’Eglise de Rome…
3°, L’empereur Justinien explique que la servitude introduite par le Droit des gens a été ensuite réglementée par le Droit civil…
4°, Les esclaves sont permis par le Droit divin … (citations de la Bible, et de St. Paul qui précise aux esclaves chrétiens que le Christ a libéré seulement leur âme du péché mais que leur condition d’esclave n’est en rien modifiée…)
En conclusion : … le Droit divin et humain permettent les esclaves, d’où il s’ensuit qu’on peut légitimement les acheter, les vendre, les changer comme les autres biens dont on est possesseur… Il en est de même pour  les nègres qu’on achète s’ils sont esclaves à juste titre (qu’ils n’ont pas été dérobés de force…)…  On pourrait même sans aucun examen, les acheter, si c’était pour les convertir et leur rendre la liberté »
Aujourd’hui il est difficile de comprendre que la religion catholique n’ait pas, sur ce point, ajusté le Droit divin au droit naturel. 
 
5. Religion et Science
 
L’accord n’est pas unanime sur le principe que science et religion n’opèrent pas sur le même terrain, la première se situant sur le domaine du comment et la seconde sur celui du pourquoi. Ainsi la vie spirituelle est-elle  parfois aujourd’hui en contradiction avec la vie intellectuelle ou scientifique comme au temps de Galilée.
Soulignons cependant que l'islam et le judaïsme n’étant pas régis par une structure verticale chargée de définir le dogme, une position unique en matière scientifique est impossible à leur niveau.
L’Eglise catholique a admis le darwinisme, il y a quarante ans, avec le concile de Vatican II (1962-1965). Les déclarations de Jean Paul II, en 1996, en faveur de Darwin, prolongeaient cette vision conciliaire. En fait, l'exégèse critique avait commencé dès le XVIII°  siècle ; les archéologues et les historiens qui voyaient des contradictions entre le récit biblique et le résultat de leurs recherches étaient souvent sanctionnés. Cette tension aboutit à la crise moderniste sous le pontificat de Pie X (1903-1914). Le pape désigne le modernisme comme l'ennemi à abattre : Alfred Loisy, théologien et exégète, est excommunié en 1908.
Actuellement les autorités religieuses dénoncent « la domination d’une culture matérialiste et permissive et l’effondrement des structures et de l’ordre social ». Il y a une méfiance des avancées technologiques.
Aux Etats Unis les Evangélistes ont obtenu que la théorie créationniste soit enseignée, dans certaines écoles, au même titre que le Darwinisme.

6. Questions contemporaines de société

Si l’esprit de laïcité est la séparation du politique et du religieux, les religions en général n’entendent pas demeurer dans la sphère du privé.

- Positions de l’Eglise catholique
Le 21 sept. 2000 lors d’un débat avec Paolo Flores d’Arcais, le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, déclarait : « Nous sommes convaincus que l'homme a besoin de connaître Dieu, convaincus que la vérité est apparue en Jésus, et la vérité n'est la propriété privée de personne : elle doit être partagée et connue de tous. »
Et Mgr Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence des évêques de France déclarait récemment : « Nous n'acceptons pas que la dimension sociale des reli­gions ne soit pas prise en compte, que l'appartenance religieuse soit reléguée dans le seul domaine des convictions individuelles… Nous pensons que les valeurs que nous inspire notre foi peuvent contribuer à la réflexion qui conduit au vote des lois, dont l’objectif reste le bien commun »
Ainsi, des Représentants du Vati­can et les autorités de la conférence des évêques de France (Mgr Jean-Pier­re Ricard, président, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, etc.) ont-ils présenté, le mercredi 1er juin 2005 à Paris, lors d’une conférence de presse au Sénat, le Lexique des ter­mes ambigus et controversés sur la famille et les questions éthiques.
D’après Le Monde « ce monument de   1000 pages est une sorte de  catéchisme moral, qui n’aurait pas de précédent sous cette forme. Sa rédaction a duré onze ans et réuni soixante-dix experts, théologiens et méde­cins. »
Le Lexique entend préciser les positions de l’Eglise sur des ques­tions comme l’avortement, l’homo­sexualité, le mariage, l’euthanasie, la bioéthique et dénoncer les     « manipulations du langage » qui cherchent à rendre « anodines » des réformes de mœurs, déjà légalisées ou non, qui, pour l’Eglise, remettent en cau­se l’équilibre de la société. Cet outil, qui s’adresse aux gouver­nants, aux parlementaires, aux per­sonnels soignants, à tous les spé­cialistes de bioéthique, est mar­qué par un parti pris de dénoncia­tion des évolutions libérales dans la vie des couples et des individus.    « On parle d’interruption volontai­re de grossesse au lieu d’avorte­ment ; de pilule du lendemain au lieu d’abortif ; d’avortement théra­peutique au lieu d’infanticide ou encore d’aventure extra matrimoniale au lieu d’adultère » écrivent les auteurs de ce Lexique. » Ce document du magistère romain (préparé sous Jean Paul II) ne présente pas le moindre assouplissement :
Avortement. Le « libre choix est condamné, parce que s’il vise le bien de la mère, il oublie le droit à vivre de l’enfant» Un arti­cle sur les centres de consultation pour femmes enceintes en Allema­gne stigmatise cette entreprise devenue « une simple voie de passage légale pour obtenir une IVG »
Contraception. Toutes les for­mes de contraception d’urgence (« pilule du lendemain ») sont aus­si dénoncées comme des atteintes à la vie. La « manipulation du lan­gage » conduit à faire du « préembyon­  » un simple « amas cellulaire » La seule contraception autorisée par l’Eglise repose sur des métho­des naturelles (continence, Bu­lings, Ogino)
Euthanasie. Son développe­ment viendrait d’un « lobby inter­national » inspiré par les pratiques de l’Allemagne nazie.  Les auteurs rappel­lent que l’Eglise a toujours repous­sé l’acharnement thérapeutique autant que l’euthanasie.   
Couple. C’est dans ce domai­ne que les glissements de mots auraient les pires conséquences La famille traditionnelle a fait pla­ce à différents types de famille               « monoparentale » ou « recomposée »  Le document s’érige, en particu­lier, contre la reconnaissance (léga­le aux Pays-Bas, en Belgique, en France, en Espagne, dans certains Etats américains) de « différents modèles de nuptialité», ou de « parentalité » Le mariage risque de n’être plus que la reconnaissan­ce d’un sentiment et non plus « un engagement et un lien juridique entre un homme et une femme »
Il faut rappeler ici que la morale chrétienne du mariage s’est toujours opposée aux mœurs et aux modèles de conduite ayant cours dans la société. C’est à la fin du 1er siècle, sous l’influence de morales païennes que le mariage chrétien va être fondé sur la procréation et que l’on condamnera toute forme de contraception. L’amour conjugal et la recherche d’un plaisir modéré furent partiellement réhabilités en 1215 au VI° concile de Latran.
La pratique chrétienne du mariage trouva sa théorie en 1935 avec Herbert Doms : la procréation ne peut être la fin primaire de l’accouplement puisque l’ovulation (découverte en 1927) ne dépend pas  de l’acte sexuel, le rapport conjugal est essentiellement acte d’amour un don de soi. C’est à cette théorie que se référait Pie XII pour condamner la fécondation artificielle et certaine vision biologique de la sexualité.
Homosexualité, le Lexique est un ouvrage de riposte à l’« idéologie du genre » pour laquelle l’homme devrait être libre de choi­sir son orientation sexuelle. Défendre la « dimension structuran­te » de la différence des sexes n’a rien à voir avec l’homo phobie dont l’Eglise est souvent accusée.
Procréation médicalement assistée. L’hostilité de l’Eglise à la PMA reste fondée sur la défense de l’embryon humain. « La PMA est basée sur une destruction d’em­bryons. » L’on comprend que, pour sa part, le Conseil de l'Europe, à l'origi­ne de la Convention d'Oviedo sur les droits de l'homme et la biomédecine, ne soit jamais parve­nu, dans ce domaine, à obtenir une harmonisa­tion des textes et des pratiques qui renvoient à des convictions religieuses ou philosophiques pour l'heure totalement inconciliables.
Ce catalogue de prescriptions révèle le décalage entre le magistère romain et les évolutions de mœurs dans des pays comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la France ou l’Amérique du Nord.
Face aux ravages du sida en Afrique notamment (3 millions de morts dans le monde dont 500.000 enfants en 2004, et actuellement 130.000 enfants malades du sida au Kenya) la position du Vatican va gravement à l’encontre de la prévention recommandée par l’utilisation de préservatifs, ce qui n’est pas sans conséquences sur la santé de la population.
Enfin la position du Vatican n’a pas varié à ce jour sur les deux points suivants :
Eucharistie pour les divorcés remariés : « Si les divorcés se sont remariés civilement, ils se trouvent dans une situation qui contrevient objectivement à la loi de Dieu et, dès lors, ils ne peuvent pas accéder à la communion eucharistique, aus­si longtemps que persiste cette situation. » Lettre à tous les évêques, octo­bre 1994.
Ordination des femmes : « La doctrine qui prévoit que l'Eglise n'a pas la faculté de confé­rer l'ordination sacerdotale aux femmes doit être considérée com­me appartenant au dépôt de la foi. Elle exige un assentiment définitif, parce qu'elle est fondée sur la paro­le de Dieu, constamment conser­vée et appliquée dans la tradition… »
A propos de la place de la femme, dans sa 1ère lettre aux Corinthiens (11, 7-10) Saint Paul écrivait : «L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête: il est l'image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l'homme. [...] Voilà pourquoi elle doit porter sur la tête la marque de sa dépendance. »
Si depuis peu les femmes ne sont plus tenues de porter un voile à l’église, elles ne sont pas prêtes d’obtenir les mêmes « facultés » que les hommes dans le cadre de l’Eglise catholique.
A l’opposé le protestantisme admet des femmes prêtres et des femmes évêques.
D’autre part les catholiques sont appelés par le Vatican à jouer un rôle de minorité militante dans une Europe déchristianisée. Leur combat en Espagne, contre un gouvernement accusé d'anticléricalisme pour avoir léga­lisé le mariage gay, et celui de l'Eglise en Italie, contre le référendum sur la pro­création médicalement assistée, sont cités comme exem­ples d'une résistance à poursuivre.
Il est à noter que sur la plupart de ces questions, lors de Vatican II, le collège des consultants et le collège des évêques avaient voté majoritairement pour des aménagements, mais Paul VI et Jean Paul II n’en tinrent pas compte, alors que Jean XXIII en ouvrant ce concile avait voulu donner plus de pouvoir aux Commissions en faisant nommer leurs membres par le Concile et non par la Curie.
Pour Hans Küng, ancien conseiller du concile Vatican II, professeur émérite de théologie oecuménique de l'université de Tübingen «  Jean Paul II a bafoué la collégialité entre le pape et les évêques décidée antérieurement à ce concile. »
Pour Leonardo Boff, por­te-parole de la théologie de la libé­ration, « Beaucoup de chrétiens émi­grent [vers d'autres cultes] car ils ne supportent pas cette rigidité doc­trinale.» Ce théologien brésilien avait été condamné en 1985 au « silence obséquieux » par le cardinal Rat­zinger, qui dirigeait alors la Congrégation pour la doctrine de la foi, l'ancienne Inquisition.
- Positions des Eglises protestantes de France
Il est reconnu qu’au gouverne­ment comme au Conseil d'Etat, les personnalités protestantes (ainsi que les juives) jouèrent, au contraire des catholiques, un rôle majeur dans la législa­tion et la jurisprudence relatives aux libertés publiques, et notamment pour : la légalisation du divorce (1884) celle de la pilule (1967) l'interruption de grossesse (1975), elles fondèrent le mouvement du planning familial. Pour Odon Vallet « Ne sacralisant pas le mariage, elles ne diabolisèrent pas le sexe. »
Ainsi, au 1er semestre 2006 la F.P.F. Fédération protestante de France, qui fédère dix-sept Eglises et unions d'Eglises ( les Eglises historiques luthériennes et réformées, et plusieurs Eglises baptistes ou évangéliques), dont le Président est Jean Arnold de Clermont, va t-elle publier un texte fondamental pour rappeler aux politiques leurs attentes (mais sur des préoccupations bien différentes de celles des catholiques) : prison, immigration, changement climatique, crise sociale... sans présenter de solutions, mais en disant comment leurs Eglises abordent ces sujets.
- Islam
Le Conseil européen de la Fatwa, né à Londres en mars 1997 et qui fédère 27 organisations européennes dont L’UOIF a un objectif : Emettre des fatwas  (avis juridiques) collectives qui répondent aux besoins des musulmans en Europe, qui résolvent leurs problèmes, conformément aux règles et aux objectifs de la Charia. 37 avis ont été émis récemment dont notamment :
      - La polygamie est un droit qu’il faut tolérer sans l’encourager.
      - Il est demandé aux musulmans de tous les pays européens de fournir tous leurs efforts pour résister à l’occupation et libérer Al-Qods (Jérusalem)

7. Religion et  politique

Les Eglises ont très souvent défendu les pouvoirs établis et se sont presque toujours défendues contre eux.
La religion et la politique ont parti lié dans les systèmes théocratiques où il est considéré que le pouvoir est exercé par des représentants de Dieu (monarchie de droit divin en France et Califat dans les premiers siècles de l’Islam). Les régimes athées (Chine et Corée du Nord) tolèrent une certaine liberté religieuse (à l’inverse de ce qui se passe au Tibet) à condition qu’elle ne gêne pas le pouvoir politique.
Entre ces deux systèmes, c’est l’affrontement, et l’Eglise sacralise ou diabolise le pouvoir en fonction de ses idéaux et de ses intérêts. Ainsi Napoléon disait « Les conquérants habiles ne sont jamais brouillés avec les prêtres », et conformément à la Convention passée avec le Pape Pie VII, ratifiée à Paris le 10 septembre 1801, le premier Consul nomma les évêques, qui devaient lui prêter serment de fidélité ainsi que les curés, etc.
Saint Paul écrivait aux romains « Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir car il n’y a d’autorité que grâce à Dieu et celles qui existent sont établies par lui » (Romains 13,1-2)
Bossuet, selon les mêmes principes fut le théoricien de la monarchie de Droit divin « On doit obéir au prince par principe de religion et de conscience… les princes agissent comme ministres de Dieu… »
Mais symétriquement la révolte contre le tyran impie est juste. Cromwell prêcha la révolution contre l’Eglise anglicane établie par Henri VIII et encouragea les  Eglises non-conformistes.
Les cahiers de doléance des Etats généraux, qui préludèrent à la révolution de 1789, furent souvent rédigés par d’humbles curés de paroisse, ce bas clergé négligé ou méprisé par la noblesse et le haut clergé.
Par son soutien à la cause du syndicat Solidarité en Pologne, Jean Paul II a été l'un des acteurs de la chute du communisme. Certes, ses compatriotes ne l'avaient pas attendu pour se révolter, mais il a encouragé leur résistance et parti­cipé à leur victoire.
Cependant son pontificat s’est situé dès le début à contre-courant de la théologie latino-américaine de la libération prônée par Dom Helder Camara, laquelle affirme que la libération doit être l’oeuvre des pauvres eux-mêmes.
Leonardo Boff, théologien de la libération, sanctionné par les autorités doctrinales du Vatican, qui, en 1985, lui ont intimé « silence et obéissance » déclarait au journal Le Monde après le décès de Jean Paul II : « …Chez lui prévalait la mission religieuse de l'Eglise, et non sa mission sociale. S'il avait dit         « Soutenons les pauvres et enga­geons-nous dans les réformes au nom de l'Evangile et de la tradition prophétique », le destin politique de l'Amérique latine eût été diffé­rent.
Mais il a organisé la restaura­tion conservatrice sur tout le continent, déplacé les évêques prophétiques et désigné des évê­ques coupés de la vie du peuple. Il a fermé des institutions théologiques et sanctionné ceux qui y enseignaient. Nous savons aujourd'hui qu'en se fondant sur des informations que la CIA lui prodiguait, concernant particulièrement l'influence des théologiens de la libération en Amérique centrale, il a vu en eux un cheval de Troie du marxisme, qu'il était obligé de dénoncer en raison de son expérience du com­munisme en Pologne. »
La défense des institutions a été poussée à l'extrême dans la pensée théologique et philosophique indienne où la religion est une force de l'ordre divin (dharma)  en lutte contre un désordre impie. Chaque caste ayant son rôle à jouer dans l'équilibre social, l'homme hindou doit s'y tenir sous peine de mélanges impurs et de promiscuité explosive. L'Inde est, d'ailleurs, le seul grand pays au monde où aucune révolution n'ait jamais pris le pouvoir. Cet ordre est pourtant moins uniforme qu'en apparence, et l’histoire montre que le bouddhisme peut aussi bien inspirer une monarchie qu’une démocratie sociale.

8. Religion et écologie

Jusqu’à la seconde moitié du XX° siècle l’humanité vivait en général sur l'idée matérialiste que le monde, qu’il soit animal, végétal ou minéral, était une ressource au service de l'homme.
Le réchauffe­ment global et ses effets climatiques commencent à être pris en considération et aussi par les grandes religions, que ce soit par des mouve­ments théologiques de masse, dont l'évangélisme américain, ou par des prêtres importants, comme l'archevêque de Canterbury. C’est ce qu’indique Jean Michel Valentin dans son livre «  Menaces climatiques sur l’ordre mondial »
L'évangélisme est un courant majeur du protestantisme. Il regroupe entre 400 et 500 millions de personnes, dont 70 millions aux États-Unis.
Dans l'évangélisme, les chrétiens se vivent comme étant à la veille de l'Apocalypse et du retour du Christ, qui doit instaurer le «Millenium », son règne de mille ans sur Terre, et depuis quelques années, le mouvement de la Creation care  (du soin que l'homme doit accorder à l’œuvre de Dieu qui donne le monde à l'homme), monte en puissance.
La coalition des mouvements conservateurs évangéliques a adopté la déclaration commune de l'Evangelical Call to Civic Responsibility : « nous affirmons que l'autorité ("domi­nion") que Dieu nous donne sur sa création est une responsabilité sacrée ; nous devons en être les bons régisseurs, et ne pas abuser de la Création dont nous sommes une partie... Comme la pureté de l'air et de l'eau, et des ressources adéquates sont cruciales à la santé publique et à l'ordre civique, le "government" a le devoir de protéger ses citoyens des effets de la dégradation environnementale ».
Jusqu'à récemment, les évangéliques s’étaient méfiés de l'écologie, craignant que les écologistes n'adorent la création, au lieu d'adorer Dieu. Néanmoins ils sont sensibles à l'idée que les rejets de gaz à effet de serre comme la pollution due aux centrales à charbon mettent en danger les « enfants non encore nés » ( unborn children ), ce qui les apparente à l'avortement, identifié à un crime religieux.
Ces préoccupations morales deviennent un argument pour faire pression sur le pouvoir exécutif, afin que celui-ci évolue dans sa politique à l'égard du protocole de Kyoto et du changement climatique.
En Angleterre, Rowan Williams, archevêque de Canterbury établit que le sens même du péché originel consiste à ne pas considérer le monde comme un moyen de perpétuer la création, mais comme un moyen de consommation.
Des évolutions similaires apparaissent dans les autres grandes religions. Aux États-Unis, un mouvement oecuménique d'ampleur regroupe des leaders catholiques, protestants, et juifs.
Les protestantismes, européen, latino-américain et asiatique, commencent à s'emparer de la problématique. Les autres grands monothéismes seront forcés d'adopter une position à cet égard.
Dans le même mouvement, les grandes religions et philosophies asiatiques du taoïsme, du shintoïsme, du bouddhisme et de l'hin­douisme, qui connaissent chacune une tradition de recherche de l'harmonie entre l'homme et la nature, sont en train d'enrichir la réflexion mondiale en cours de constitution.
Pour Jean Michel Valentin « En fait, une course a commencé : d'un côté une évolution clima­tique et environnementale et ses synergies avec les vulnérabilités de la société humaine; de l'autre, la prise de conscience y compris par les religions et la mise au point de politiques et de stratégies d'adaptation, qui auraient pour but de mener les changements fondamentaux nécessaires à l'huma­nité. »
 
Conclusions

-  Au XXI° siècle comme il y a 3 millions d’années ces questions essentielles « Pourquoi l’homme, la vie, la mort ? » se posent toujours à l’intelligence humaine.
Les religions par les réponses qu’elles proposent sortent de la sphère du rationnel, et les croyances et principes religieux s’opposent souvent aux courants d’idées du présent.
A la lecture des exemples cités on pourrait considérer que les religions évoluent lentement avec le temps, parallèlement à l’évolution des mœurs et des connaissances et qu’elles n’ont peut-être pas une part aussi importante dans les progrès de l’humanité qu’on le laisse souvent entendre.
         - C’est par l’action personnelle des St. Vincent de Paul, Gandhi, Mgr Desmond Tutu, Mère Térésa, Sœur Emmanuelle, Abbé Pierre, et bien d’autres,  plus anonymes, que peut se révéler le meilleur d’un message religieux.
- Ce texte d’Odon Vallet : « Le plus petit dénominateur commun entre croyants et non-croyants est la Règle d'or des religions qui est aussi celle de nombreuses philosophies et se retrouve dans de multiples enseignements sous une forme positive ou négative : Ce que tu n'aimes pas qu'on te fasse, ne le fais pas à ton prochain, telle est toute la Torah, dit le sage pharisien Hillel, contemporain du Christ. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux, conseille Jésus (Matthieu, 7, 12) Ne pas infliger à autrui ce qu'on ne voudrait pas que l'on vous fit avait déjà dit Confucius (Entretiens, 15, 24) Les mêmes formules se retrouvent dans les sermons du Bouddha  Ne heurtez pas les autres avec ce qui vous heurterait vous-même, dans l'épopée hindoue du illahâbharata  Ne fais pas à autrui ce qui, si on te le faisait, te causerait de la peine ou dans le Coran Aucun d'entre vous n'est croyant s'il ne désire pour son prochain ce qu'il désire pour lui-même.
Tel est, au-delà de leurs nombreuses différences, le message commun des religions que tout laïc peut recevoir. »
- Même s’il est un peu hors sujet, cet extrait du discours du romancier Amos Oz lors de la remise du prix Goethe, à Francfort-sur-le-Main, cette année :
« Le postmoder­nisme a une fois de plus embauché Satan, mais, aujourd'hui, sa mis­sion tire sur le kitsch : un petit groupe secret de forces lou­ches est responsable de tout, qu'il s'agisse de la pauvreté, de la discrimination, de la guerre, du réchauffement de la planète ou du 11-Septembre et du tsunami. Les gens ordinaires sont toujours inno­cents. Ce n'est jamais la faute des minorités. Les victimes sont, par définition, moralement pures.
Avez-vous remarqué que, aujour­d'hui, le diable ne semble jamais posséder une personne isolée ? Nous n'avons plus de Faust. Selon le discours à la mode, le mal est un conglomérat. Les systèmes sont mauvais. Les gouvernements sont mauvais. Des institutions sans visage dirigent le monde pour leur propre profit sinistre. Satan n'appa­raît plus dans les détails. Les hom­mes et les femmes pris individuelle­ment ne peuvent pas être mau­vais  au sens ancien du Livre de Job, de Macbeth, de Faust. Vous et moi, nous sommes tou­jours des gens très bien. Le diable, c'est toujours l'establishment. On est, à mon avis, en plein kitsch éthique. (...)
Le Faust de Goethe nous rappelle sans cesse que le diable est personnel, pas impersonnel. Le bien et le mal chez chaque homme ne sont pas les attributs d'une religion. Il ne s'agit pas forcé­ment, de termes religieux. Nous connaissons la diffé­rence entre le bien et le mal, entre infliger la douleur et la soulager, entre la res­ponsabilité individuelle et le kitsch collectif.
Je crois qu'imaginer l'autre consti­tue un antidote puissant au fanatis­me et à la haine…Imaginer l'autre n'est pas seule­ment un outil esthétique. C'est aus­si, à mon avis, une obligation mora­le essentielle. Et, finalement, imagi­ner l'autre est également un plaisir humain profond et très subtil. »

Fait à partir de multiples ouvrages en décembre 2005,
                                                                                           Paul Bureau

         Bibliographie, principalement :

- Amin Maalouf : les Identités meurtrières. Grasset.
- André Clot : L’Espagne musulmane. Perrin
- Carmen Bertrand : Les Incas, peuple du Soleil. Découvertes Gallimard
- Georges Tate : L’Orient des Croisades. Découvertes Gallimard
-Jean-Michel Valentin : Menaces climatiques sur l’Ordre Mondial.                                             Lignes de repères
- La Bible
- Le Monde : nombreux articles parus depuis septembre 2005.
- Lucien Bély : Histoire de France. Gisserot.
- M. Malherbe : les religions. Nathan
- Michel Lelong : L’Islam et l’Occident. Albin Michel
- Odon Vallet : Le sacre des pouvoirs. Découvertes Gallimard
                       Petit lexique des idées fausses sur les religions. Albin Michel
- Universalis : Encyclopédie des religions.
- Yves Coppens : Le Genou de Lucy. Odile Jacob

        
Importance respective des principales religions dans le monde.
         Quelques chiffres :

-  Christianisme : 1 milliard 900 millions dont environ 800 millions de protestants.
- Islam : 1 milliard 300 millions dont plus de la moitié en Indonésie, Pakistan,   Bangladesh et Inde. Mais accroissement plus rapide que dans les autres religions.
-  Hindouisme : 850 millions dont Inde et Népal : 700 millions.
-  Bouddhisme : 350 millions dont 98% en Asie
- Judaïsme : 14.100.000  dont 5.000.000 en Israël. 6.000.000 aux  USA. En France : 600.000.







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