Les Religions peuvent-elles être de leur temps ?
Peut-on
se contenter de l’affirmation suivante, exprimée sous forme de boutade
« les religions ne peuvent être de leur temps, elles y perdraient leur
âme » et qui entendait que leurs principes, leurs valeurs, leurs
messages, ont un caractère intemporel incompatible, à priori, avec le fait
d’ « être de son temps » c’est à dire de « Penser, vivre, agir, en conformité avec les
idées couramment admises de son
époque » ? Et que penser d’une religion qui ne serait qu’une
chambre d’enregistrement des idées du moment ?
Les
religions ne doivent-elles pas en fait échapper à deux dangers : subir
l’influence excessive de courants de pensée qui les dénaturent (risque d’un ultra
modernisme) ou bien rejeter toute influence extérieure (risque du
fondamentalisme ou de l’intégrisme) ?
La
question est très vaste car les religions font corps avec l’histoire des hommes
et le progrès de la conscience. Il ne s’agit donc pas seulement de l’adéquation
de leur message aux problèmes de société mais aussi de leur pouvoir et de leur
influence sur l’évolution de l’humanité. Savoir et dire ce qui est ou n’est
pas compatible avec la religion conduit à un débat de société sans cesse
relancé.
Pour
Yves Coppens, « depuis que l'Homme est conscient, ce qu'il est devenu il y a environ 3.000.000 d’années, il est atteint de cette angoisse de
savoir d'où il vient, où il va et ce qu'il
est... »
L’Homme, dès le 1er tranchant obtenu sur un
silex, s’est affranchi de la nature, et « a acquis par la connaissance sa
dignité, autrement dit sa dualité : liberté
et responsabilité... et le progrès de l’Homme est tout aussi spirituel,
éthique, moral qu’intellectuel et technologique... L’Australopithèque
savait beaucoup de choses, l'Homme a su qu'il savait, et l’Homme moderne (Homo
Sapiens) en pleine phase de conquête a eu, en plus de ses prédécesseurs, envie
de faire savoir qu'il savait qu'il savait... L’inhumation de certains
corps, il y a 100.000 ans, en Occident comme en Orient, enterrements accompagnés
chaque fois de signes différents et codés, a représenté un pas de plus et pas
le moindre, dans le traitement de l’angoisse existentielle inhérente à
l’humanité consciente... »
Dans toutes les sociétés humaines les
religions ont tenté de réduire cette angoisse en y répondant par l’enseignement
de leur Vérité. Se proclamant, sauf exception, à vocation universelle,
elles s’efforcent d’orienter les comportements humains en fonction de cette
Vérité.
L’ambition
d’un pouvoir absolu sur les esprits d’abord, sur la société ensuite, les a souvent conduites, au nom d’un mandat
divin, à dénoncer à tort comme fausses des idées qui pouvaient être en partie
vraies, voire tout à fait exactes.
Si
l’on se réfère à l’histoire ancienne ou contemporaine, quelques faits, présentés
ici et dont le choix est forcément arbitraire à défaut d’un impossible travail
exhaustif, ouvrent des pistes de réflexion sur l’interrelation religion
société.
1. Le lien religieux… et quelques-unes de ses conséquences
Le
lien religieux est une composante essentielle des sociétés humaines.
L’étymologie
du mot « religion » mérite attention. Pour Odon Vallet, ce terme est lié
à la culture occidentale
: il vient du latin religio, provenant du verbe relegere qui
signifie « recueillir » et du verbe religare qui a pour sens « relier »
Le terme religion peut donc à la fois désigner un recueil de textes et de pratiques et le lien entre l'homme et la divinité, et aussi, ce qui est très
important, le lien entre les croyants.
Dans la plupart des
religions le lien entre le fidèle et le divin est subordonné à
l’autorité d’une Eglise dont la légitimation ne vient pas d’en bas mais
s’impose d’en haut ; de ce point de vue
il apparaît un modèle « fort » celui de l’Eglise
Catholique avec une décentralisation « microsociale » dans les
paroisses, et un modèle « faible » celui des Eglises libres
nées de la Réforme
Protestante où le Pasteur est élu, donc révocable, par
l’assemblée des croyants.
On
peut dire que plus la religion relie des individus, plus elle divise la
société. Elle creuse un fossé entre croyants et incroyants, fidèles et
infidèles, pieux et impies... Combien d’intolérances au nom d’une vérité
révélée !
Ne
serait-ce qu’à partir des obligations alimentaires ou vestimentaires, une
religion crée l'uniformité entre les siens et le contraste avec les autres, ce
qui devient une source de conflits lorsque la différence n’est plus viable.
On
sait combien le lien religieux a compté dans l’histoire de l’humanité. Voici
quelques exemples.
-
Christianisme
Ainsi
se trouverait vérifiée la prophétie de Jésus : « Pensez-vous
que je sois venu apporter la paix à la terre ? Non, plutôt la division.
Désormais s’il y a cinq personnes dans une maison elles seront divisées :
trois contre deux et deux contre trois. » (Luc 13, 51) … La discorde
serait-elle une valeur évangélique ?
Il
n’y aurait jamais eu de christianisme sans les premiers baptisés qui rompirent
avec leur famille juive ou païenne et se mirent hors la loi en refusant de
sacrifier au culte d’Auguste…
Si
la religion divise, la « Terre sainte » est le lieu de rencontre de bien
des divisions où rivalisent quatorze confessions chrétiennes traditionnelles
auxquelles s'ajoutent de nombreuses communautés protestantes plus récentes, soit une trentaine d’Eglises pour un même Dieu.
Les
édifices du culte y sont des lieux de conflit : à Bethléem, orthodoxes,
arméniens et franciscains
se partagent non sans mal la basilique de la Nativité.
A Jérusalem,
catholiques latins, grecs orthodoxes, arméniens, syriaques, coptes et éthiopiens
cohabitent difficilement au Saint-Sépulcre dont la clef, pour éviter les
disputes, était encore il y a peu détenue par une famille... musulmane.
Luther fit sa révolution religieuse, en partant de l'échec des
tentatives de réforme
du catholicisme. Il introduisit une
nouvelle relation
entre les fidèles et le clergé, en s’opposant au catholicisme par un nouveau
lien entre le fidèle et le divin…
Le pasteur n'est plus l'intermédiaire avec
Dieu, mais un professeur qui aide les fidèles à mieux comprendre (analogie avec l’Imam des musulmans)
Ainsi pour les
protestants un fidèle est un non
professionnel, un laïc.
Pour
les catholiques un laïc est souvent considéré comme anticlérical voire athée…
Ce
nouveau mouvement pastoral a conduit à l'alphabétisation du peuple allemand (grâce aussi à
l’invention de l’imprimerie par Gutenberg). A la fin du XVI° siècle, il y a une bible
dans chaque famille… Au XIX°, le
protestantisme est devenu
la première puissance culturelle
allemande : Goethe, Hegel, Kant sont protestants…
Lors du congrès protestant, le Kirchentag, qui rassemble tous les deux ans les
protestants, ce sont les fidèles qui
choisissent les intervenants.
A l'inverse, les congrès catholiques sont
conduits par les évêques
qui déterminent les thèmes, les intervenants…
En
France, le protestantisme s’était développé au temps de François 1er
et d’Henri II, et lorsque Catherine de Médicis devint régente pour Charles IX
en 1560, elle ne parvint pas à rétablir la
paix et l'unité dans
le royaume. Avec le chancelier de L'Hospital, elle finit par faire le choix d'un dialogue avec les protestants,
mais cette politique de concorde déclencha la guerre civile, car les catholiques ne pouvaient admettre une telle remise en cause de ce qui
fondait leur représentation du monde et leur vie même.
Le
massacre de protestants le 1 mars 1562 par le duc de Guise et son escorte ouvrit le cycle des
guerres de Religion en France…
-
Islam
L’originalité
essentielle de l’Islam est que la communauté « ouma » des croyants
englobe tous ses membres à égalité, avec les mêmes obligations pour tous (pas
de moines avec règles monastiques propres, pas de prêtres avec obligation de
célibat etc.) et pour la totalité de leur mode de vie (le Coran énonce
le Droit)
Cet
organisme global est au départ politico-religieux, les directives divines
transmises par Mahomet entre 612 et 632 étant aussi bien religieuses et morales que juridiques et politiques.
Certes
aujourd’hui les Arabes sont très minoritaires parmi le milliard trois cent
millions de musulmans de la planète. Plus de la moitié sont en Indonésie,
Pakistan, Bangladesh et Inde, régions du monde où la population arabe est quasi
inexistante.
En
France la figure du Beur
personnifie le monde musulman, mais dans le métro londonien, celui-ci est représenté par un Indien ou un Pakistanais.
Cependant
le Coran ayant été révélé à Mahomet en arabe, puis mis par écrit en alphabet
arabe, sa traduction a longtemps été considérée comme une trahison et,
aujourd'hui encore, elle
ne peut servir à un usage liturgique. Aussi un
musulman doit-il s’initier à l'arabe littéraire pour approfondir sa foi.
La
culture arabe est ainsi présente dans tous les pays musulmans. Le fait de se
tourner vers La Mecque
pour prier et de s'y rendre en pèlerinage
fait de l'Arabie la patrie spirituelle de tous les musulmans et d'eux seuls puisque les non musulmans ne sont pas admis dans les
Lieux Saints.
Pour
Odon Vallet : « Ce patriotisme de communauté globale
est très puissant, avec le sentiment d’une opposition historique millénaire aux
sociétés chrétiennes et irréligieuses de l’Occident et l’idéalisation du noyau
médinois de l’origine comme modèle de société étendu à toute l’humanité. »
Deux facteurs politiques contemporains contribuent à «
arabiser » les musulmans.
D'abord
l'islamisme militant, souvent subventionné par l'Arabie Saoudite, et qui tend à propager une culture arabe, notamment par le biais de la charia,
droit musulman qui perpétue les coutumes arabes de l'époque de Mahomet même
s'il possède des origines préislamiques.
Ensuite,
le conflit israélo-palestinien et la guerre en Irak qui encouragent un panarabisme de solidarité.
Il est intéressant de noter que les clivages politico-religieux se jouent parfois
des critères ethniques : le monde
juif a ses Black Hebrews et le monde musulman ses Black Muslims. Luttant pour les droits de
l'homme ces Noirs étaient des frères, par leur religion ils peuvent devenir
ennemis.
Il
faut préciser que mis à part quelques déviations au cours des siècles, L’Islam
est une religion tolérante qui ne recherche pas les conversions par la force. En Espagne où les musulmans s’établirent du VIII° au
XV° siècle, ils assurèrent aux autorités locales le maintien de leur pouvoir et
la liberté religieuse pour tous, y compris les juifs, moyennant le versement
d’un tribut par tête variant avec le degré de richesse.
-
Judaïsme
Le
Judaïsme et l’hindouisme présentent, mais pas pour les mêmes raisons, la
particularité de n’être pas des religions missionnaires dépositaires d’un
message universel.
L'un des thèmes centraux du judaïsme est celui de l'Alliance entre
Dieu et le peuple juif qui devint dès lors, par ce lien privilégié, le « peuple élu » (
deut. 7,6) destiné à la « terre promise ». De ce fait les autorités rabbiniques sont réticentes à l'idée
d'accueillir des non juifs, notamment en France où le judaïsme libéral est très
minoritaire.
Chaque
juif a une relation particulière avec Jérusalem et la terre d'Israël, la diaspora n'a pas oublié le caractère familial
(tribal si l'on songe aux douze tribus d'Israël) de la foi des patriarches même si elle a
parfois élargi le cercle de famille par
les mariages mixtes et accepté que certains peuples (tels les Khazars du
sud de la Russie)
se convertissent à leur religion.
La
conversion est donc une démarche difficile et exceptionnelle : alors que
l’on peut devenir musulman en cinq minutes (il suffit de prononcer la formule
de profession de foi devant deux témoins), il faut plusieurs années d'efforts
et d'études pour devenir juif.
Au
XXI° siècle, il n’est pas admis par tous, loin de là, que des fidèles d’une
religion se considèrent choisis, par la volonté discriminatoire d’un Dieu
créateur et universel ( « …vous serez mon peuple particulier parmi
toutes les nations, car toute la terre est à moi. » Ex. 19,5) pour
résider en toute propriété de droit divin sur un territoire donné de la planète
et ce en propriété perpétuelle (« je te donnerai ainsi qu’à ta
postérité après toi le pays où tu vis en étranger, tout le pays de Canaan, pour
le posséder à jamais » Gen. 17,8) avec droit d’expulsion des autres humains
égarés dans ces contrées depuis quelques siècles. Cela n’a pas fini de générer
des conflits, mais prouve, par l’existence de l’état d’Israël, la force que
peut avoir un lien religieux particulièrement restrictif.
Il
faut noter cependant qu’en Israël les ultra religieux du parti Natorei Karta
(gardiens de la cité) considèrent que l’Etat juif actuel est l’œuvre du diable,
le véritable Israël ne pouvant advenir que lorsque les temps messianiques
seront accomplis.
D’autres
malheureusement semblent vouloir l’application scrupuleuse de cette recommandation divine : « … Je
livrerai entre vos mains les habitants du pays et tu les chasseras devant toi.
Tu ne feras pas d’alliance avec eux … ils n’habiteront pas dans ton pays. »
(Ex s. 23, 33)
Pour
Michel Lelong « les prophètes d’Israël ne cessèrent de dire et de
redire qu’il ne suffisait pas d’être les plus forts ni de se référer à la
tradition des anciens, ni de
prier dans le temple, mais qu'il fallait d'abord pratiquer la justice. Demander aux juifs
d’aujourd'hui de respecter les droits du peuple palestinien, ce n'est donc pas vouloir qu’ils cessent d’être eux-mêmes.
C’est attendre qu’ils deviennent ce qu'ils sont. »
- Hindouisme
L'Hindouisme, appelé aussi Brahmanisme, troisième
religion du monde, est l'ensemble des croyances et des pratiques religieuses de l'Inde. Il ne
repose pas sur une
doctrine mais sur une conception de l'ordre du monde auquel l'homme doit se
conformer en respectant des rites d'une grande diversité. Cependant, une croyance fondamentale
sous-tend l'hindouisme
: le caractère cyclique de l'univers et de la vie humaine.
Pour
les hindouistes, qui croient en l'immortalité de l'âme, la mort n'est qu'un passage vers une
nouvelle vie terrestre. L'âme de tout
être vivant est soumise à un cycle infini de réincarnations (samsâra)
qui s'effectuent en fonction du karma, c'est-à-dire des mérites
accumulés dans cette vie et dans les vies antérieures. L'âme ne peut se délivrer de ces renaissances
perpétuelles que par la fusion entre l'atman individuel (essence sacrée de chaque individu) et
le brahman universel (ou « âme du monde ») Elle accède ainsi à la libération (moksha)
c'est-à-dire au niveau suprême de la
conscience, où elle trouve le repos et la paix.
L’Hindouisme
est le fondement de l’organisation sociale et politique de l’Inde. La conception brahmanique (hégémonie
des prêtres ou brahmanes) institue la
division rigoureuse de la société en quatre castes absolument étanches, encore
bien vivantes malgré l’effort du législateur.
Les
trois premières castes sont dites nobles ou pures, chacune représentant environ
6% de la population, la quatrième équivaut à 60% de la population, les autres
sont hors castes ou intouchables (depuis une loi de 1955 ils sont moins l’objet
de discriminations)
La
religion est un puissant facteur de stabilisation de la société indienne. En
effet, chacun est
responsable de sa condition par suite des actes et des pensées de ses
existences précédentes. Vouloir sortir de
sa condition en se révoltant contre son sort est donc un moyen très sûr de
régresser lors de la prochaine réincarnation, alors que remplir parfaitement
les rites de son état assure au contraire un espoir de progrès pour la vie à
venir.
- Le lien
religieux et le lien social
Il
fut longtemps impensable d’être sans religion, d’autant plus que la religion
était affaire de société avant d’être question de conscience. Le tissu
social était d’un seul tenant. En France, jusqu’à la révolution, la foi
chrétienne était tout à la fois à la base de la sacralité royale et de la
puissance ecclésiastique, de l’organisation sociale et des rythmes de la vie
personnelle, familiale ou collective. Elle fondait et orientait toute vision du
monde et toute espérance.
Aujourd’hui
encore on associe souvent le lien religieux au lien social ou culturel. En cas
de conflit, la religion est souvent mise en avant et constitue le lien
mobilisateur.
Ainsi
Staline n’appelait-il pas son peuple à défendre « la Sainte Russie »
contre les hordes hitlériennes ? …
Le
Président Bush qualifia sa guerre en Irak de « Croisade contre l’axe du
mal »! Etc.
Pour
Amin Maalouf : « Il ne fait pas de doute que la mondialisation
accélérée provoque, en réaction, un renforcement du besoin d'identité. Et
aussi, en raison de l'angoisse existentielle qui accompagne des changements aussi brusques,
un renforcement du besoin de spiritualité…
D'ailleurs, le sentiment d'appartenir à une Eglise
commune est aujourd'hui le ciment le plus sûr des nationalismes, même de
ceux qui se veulent laïcs, c'est aussi vrai pour les Turcs ou les
Russes que pour les Grecs, les Polonais ou les Israéliens, et
pour bien d'autres encore qui rechigneraient à l'admettre…
Et même, l'adhésion à une foi qui transcenderait les appartenances
nationales, raciales, sociales, apparaît aux yeux de certains comme leur
manière à eux de se montrer universels…
Lorsqu'on
voit dans l'islamisme politique, anti-moderniste et anti-occidental, l'expression spontanée et
naturelle des peuples
arabes, c'est un raccourci pour le moins hâtif.
Il
a fallu que les dirigeants nationalistes, Nasser en tête, arrivent à une
impasse, tant par leurs échecs militaires successifs que par leur incapacité à résoudre les
problèmes liés au sous-développement,
pour qu'une partie significative de la population se mette à prêter l'oreille aux discours du radicalisme religieux,
et pour qu'on voie fleurir, à partir des années 1970, voiles et barbes protestataires. »
2. Religion et violence
- Aucune religion ou confession n'est violente par
nature, mais, malheureusement aucune n’a empêché les violences et toutes les
religions ont toléré voire encouragé des guerres en leur nom.
Faut-il
s’en étonner ? Non, si l’on considère que les religions prêchent la
perfection à des hommes imparfaits.
La Bible et le Coran abondent de textes contradictoires, on
peut tout aussi bien y trouver des appels à la non-violence que l’inverse.
Quant
à Jésus qui a promu une religion de bonté et de miséricorde, n’est-il pas
rapporté qu’il chassa violemment à coups de fouet les marchands du temple
qui semble-t-il exerçaient leur activité
pacifiquement et en toute légalité ?
Il est facile aux prêcheurs du Djihad de
rappeler aux musulmans cette phrase du Coran : «Combattez sur le chemin
de Dieu ceux qui vous combattent» (s. 2, 190). C’est au nom de l’Islam que
des terroristes ont jeté avions et passagers contre les tours de New York et
l'immeuble du Pentagone. Hier, les prédicateurs extrémistes enseignaient que
l'islam se propageait par le sabre et le Coran, aujourd'hui, pour les plus radicaux,
c'est par la bombe et l'Internet.
Mais
il ne faut pas oublier comme le souligne Michel Lelong que : « L’Islam c’est d’abord et
surtout ces centaines de millions d’hommes et de femmes, jeunes et adultes,
intellectuels, ouvriers et paysans, pour lesquels le message coranique
constitue le fondement des valeurs éthiques, la lumière de leur vie, et la
source de l’espérance au-delà de la mort. » Cette pensée, qu’il faut
souligner, peut s’appliquer à toutes les
religions.
Le
polythéisme serait-il
naturellement tolérant à l'égard des croyances étrangères? Dans les religions antiques de Grèce et de Rome, la
question ne se posait guère, à l'origine, puisque l'accès aux cérémonies était réservé aux citoyens et que les cultes étaient rendus aux dieux de
la cité afin qu’ils veillent sur la ville et non pour qu’ils convertissent les
voisins.
Mais l'intolérance se manifesta quand, à Rome, à partir du Ile siècle
apr. J.-C., l'empereur déifié fit l'objet d'un culte : sacrifier à Auguste devint un devoir général
et s'y soustraire entraîna des persécutions.
Pour Odon Vallet chaque fois qu'une civilisation a
divinisé le pouvoir, elle a
transformé toute critique en blasphème, tout opposant en martyr.
Ainsi les Romains,
polythéistes, massacrèrent des chrétiens et les Perses, hénothéistes (croyant en un Dieu unificateur mais non unique), firent de même
quand ils envahirent la
Palestine en 614 apr. J. -C.
Dans
la bible, Dieu donne à Moïse le cinquième commandement « tu ne
tueras point » C’était trop beau pour s’en arrêter là. Hélas en
effet, Dieu se révèle impitoyable envers les Cananéens « Mon ange
marchera devant toi et te conduira chez les Amhoréens, les Hittites, les
Phéréséens, Les Cananéens, les Hévéens, et les Jébuséens, que j’exterminerai. »
Ex. 23,23. L’un des plus grands génocides de l’histoire de l’humanité
résulterait-il ainsi d’une volonté divine ? …
-
On peut se demander si la propagation des grandes religions aurait été aussi
rapide sans la violence.
Ainsi
la genèse du Judaïsme et celle de l'Islam sont inséparables d'un contexte
militaire parce que la première religion s'est constituée au cours de guerres
contre l'Egypte, les Philistins, les Babyloniens, les Grecs et les Romains,
tandis que la seconde s'est structurée en livrant bataille contre les bourgeois
de La Mecque,
les juifs et des « mécréants » d'Arabie (mais que l'islam naissant ait
transformé la razzia en djihad n'en fait pas une religion par nature
belliqueuse)
L’expansion
du Christianisme, doit beaucoup à l’empereur Théodose qui déclara le catholicisme
religion d’état en 380 après qu’auparavant Constantin en ait fait la religion
officielle de l’Empire. Dès lors la loi condamne les non chrétiens à l’infamie
avec privation des droits civiques… Temples et synagogues sont pillés, rasés ou
incendiés… Saint Jean Chrysostome dans son Homélie sur les statues
justifie la violence physique et écrit explicitement que « les
chrétiens sont les dépositaires de l’ordre public. »
En
391 l’évêque d’Alexandrie fait incendier le Sérapion, la bibliothèque, des trésors
centenaires disparaissent… Les philosophes s’exilent alors que Platon était
enseigné de façon continue depuis 10 siècles... Les hérétiques périssent sur
les bûchers dont Arius, le premier, qui niait la Divinité du Christ…
En
529 Justinien interdit la liberté de conscience ! Il fait obligation aux
païens de se faire instruire dans la religion chrétienne puis d’obtenir le
baptême, sous peine d’exil et de confiscation des biens… Cela marqua
probablement les esprits pour plus d’un millénaire ! …
- Au sein de chaque religion, le sort des schismes se règle souvent par les
armes. Le catholicisme voulut ainsi
anéantir la «religion prétendue
réformée» inaugurée par Luther et Calvin qui, eux-mêmes, usèrent de violence contre des réformateurs plus radicaux : le premier remporta la «guerre des
paysans» (1525) groupés derrière Thomas Münzer, fondateur des anabaptistes et le second fit brûler vif à
Genève, Michel Servet (1509-1553), accusé d'hérésie. Ce médecin qui avait entrevu avec
Harvey la circulation du sang était aussi théologien panthéiste.
L’Inquisition était née dans le sud de la France pour réprimer
l’hérésie albigeoise. Elle n’eut rien à
voir avec l’Inquisition espagnole qui
dura jusqu’au XIX°siècle.
C’est en 1478 qu’une Bulle du Pape Sixte IV autorisa les
Rois Catholiques à créer le Tribunal du Saint Office pour débusquer et
pourchasser les hérétiques, apostats, bigames, superstitieux, et libres
penseurs.
En Espagne, l’Eglise était alors totalement inféodée au
Pouvoir Royal. Forcés d’avouer sous les tortures les plus abominables, les
malheureux une fois condamnés par le Tribunal ecclésiastique étaient remis au
Bras séculier pour l’accomplissement des peines qui le plus souvent
s’achevaient par la mort. Les biens des condamnés étaient remis à la Couronne.
Des historiens espagnols estiment que l’Inquisition
contribua à l’unité du pays en renforçant le Pouvoir Royal, et ceci alors que la France s’enfonçait dans les
guerres de Religion, tout aussi cruelles.
Le Pape admonesta le Dominicain Torquemada pour sa
sévérité excessive, cela ne changea rien.
Au XVIII° siècle, la politique absolutiste des Bourbons
d’Espagne se heurta à la
Papauté, sans doute influencée par les nouveaux courants de
pensée pré révolutionnaires. Cela n’aboutit qu’à l’affaiblissement de la Curie Romaine dans
les affaires de l’Eglise espagnole
- Les Croisés pillèrent, en 1204, Constantinople, ville chrétienne mais non soumise au
pape, et l'opposition, souvent armée, entre catholiques et chrétiens d'Orient
ne cessa jamais tout
à fait.
Quant au monde arabe, à la fois fasciné et effrayé par
ces Francs barbares (1), qu’il avait vaincus mais qui depuis les ont
dominés, il ne peut se résoudre à considérer les croisades comme un épisode
d’un passé révolu. Les responsables politiques et religieux se réfèrent souvent
à Saladin, à la chute de Jérusalem et à sa reprise.
L’Orient arabe voit toujours en l’Occident un ennemi
naturel et comme le dit Amin Maalouf : « Contre lui, tout acte
hostile, qu’il soit politique, militaire ou pétrolier, n’est que revanche
légitime. Et l’on ne peut douter que la cassure entre ces deux mondes date des
croisades, ressenties par les arabes, aujourd’hui encore comme un véritable
viol. »
- La violence
n’épargne pas les spiritualités issues de l'Inde adeptes du concept de non-violence.
L'hindouisme aux trente-trois mille dieux a ses intégristes qui persécutent
chrétiens et musulmans. L’Inde serait la patrie des guerres de religion qui
auraient fait plus de 100 millions de morts en 1000 ans en raison notamment de
l’arrivée de l’islam vers 711 dans la vallée de l’Indus, puis dans toute
l’Inde. La rivalité entre Pakistan et Inde, deux puissances nucléaires, est
lourde de menaces.
Le
bouddhisme sri lankais a ses moines fanatiques et, en 1959, l'un d'entre eux
assassina le Premier ministre, Salomon Bandaranaike jugé trop favorable aux
Tamouls hindouistes.
Le
jaïnisme (religion dérivée de l’hindouisme, mais qui ne reconnaît pas les
castes) refuse, en principe, toute atteinte aux êtres vivants, mais si certains
jaïns en arrivent à mettre un masque devant leur bouche pour ne pas avaler de
moucherons, d'autres portent les armes dans les troupes indiennes.
Le
shintoïsme japonais aux huit cent millions de divinités (kami) a
engendré les kamikazes (vent divin) qui se jetaient contre les
porte-avions américains.
(1) Alors que l’Orient chrétien et
l’Orient musulman rayonnaient d’une civilisation raffinée, les chevaliers
francs du XI°siècle étaient illettrés par choix (car l’éducation de l’esprit
abâtardit ! …) Ces brutes tuèrent sans distinction hommes, femmes et
enfants. Ils se livrèrent aux pillages, viols et même à l’anthropophagie…
- Cependant pour
Odon Vallet, dans l’histoire des hommes, le christianisme tient place à part,
et essentielle : « il a fait passer l’homme de l’archaïsme à la
modernité, en l’aidant à canaliser la violence autrement que par la mort. »
En
effet dans toutes les religions les offrandes et sacrifices ont un fort contenu
symbolique. Pour limiter la violence, les sociétés archaïques la concentraient
sur des victimes, hommes ou bêtes, qu’elles sacrifiaient… Bouc émissaire…
Meurtre rituel… Sanctification du héros. Le sacrifice était vécu comme une
intervention surnaturelle, la violence unanime du groupe était alors
transfigurée… C’était un progrès pour l’humanité, même s’il n’était qu’un
pis-aller puisqu’il obligeait à tuer des innocents.
« En faisant d'un supplicié son Dieu, le christianisme
dénonce le caractère inacceptable du sacrifice. » Le Christ, fils de Dieu, innocent par
essence, n'a-t-il pas dit Bienheureux les miséricordieux… (Matt. 5, 7.)
? En échange, il a promis le royaume de Dieu qui doit inaugurer l'ère de la
réconciliation et la fin de la violence.
« La Passion
inaugure ainsi un ordre inédit qui fonde les droits de l'homme, absolument
inaliénables. »
3. Les conduites missionnaires… en leur temps
La découverte
du Nouveau Monde déclencha, avec la colonisation, une entreprise missionnaire
très étendue qui gagna ensuite l’Asie, puis l’Afrique et enfin l’Océanie.
L’Eglise découvrait des populations païennes dont les cultures,
parfois très raffinées, étaient totalement étrangères à sa tradition. Un
problème pastoral était posé : comment les missionnaires devaient-ils se
comporter devant ces cultures indigènes et leurs oeuvres ? Au problème de la
prédication de l’Evangile s’ajoutait le problème de la réception de l’Evangile
: entre ce qui est proposé et ce qui est accepté, l’écart peut être grand.
Usant tour à
tour de la répression et de la persuasion, les Espagnols s'acharnèrent, durant
le XVII° siècle, à briser les rites et les croyances des Indiens. Coupant
ainsi les dynasties incaïques de leurs racines ancestrales, les conquérants
créèrent une irrémédiable fracture entre les temps anciens et la société
coloniale.
La campagne d'extirpation des rites et
croyances se situe dans le prolongement de la Contre-réforme et
devint l’un des objectifs de la
Compagnie de Jésus, fondée par Ignace de Loyola, un Espagnol.
Les
missionnaires donnent du dogme chrétien une image simplifiée avec une large
place à l’enfer. Le Concile de Lima de 1551 suggère aux prêtres la
peinture affreuse que l'on doit en faire aux Indiens et l'allusion au sort de
leurs ancêtres qui n'avaient pas, et pour cause, reçu le baptême « Il
faudra leur dire comment tous leurs ancêtres, tous leurs souverains se trouvent
maintenant dans ce séjour de souffrances parce qu'ils ne connurent pas Dieu, ne
l'adorèrent point, mais qu'ils adorèrent le soleil, les pierres et autres
créatures. »
Une telle
affirmation supposait une option théologique qui fut prise par les théologiens
des Conciles de Lima, et bien d'autres, en confirmant la damnation sans appel
pour les infidèles privés de la révélation.
Pour Carmen
Bertrand : « Ceux qui lançaient ces affirmations à des groupes
humains dont tout le système religieux et socioculturel reposait sur les liens
de parenté et le culte des morts se rendaient bien compte du terrible
traumatisme psychologique qu'ils causaient, c’était l’effet recherché. »
Avendano dira
aux Indiens : « J'ai bien de la peine pour vos pères et vos aïeux qui
adoraient les os pourris de vos malquis (cadavres). Dites-moi mes fils, de tous
ces hommes qui sont nés sur cette terre avant que les Espagnols n'y prêchent le
Saint-Evangile, combien se sont sauvés ? Combien ? Combien sont allés au ciel ?
Aucun. Combien d'Incas sont allés en enfer ? Tous. Combien de reines ? Toutes.
Combien de princesses ? Toutes. Car ils ont adoré le démon dans les huacas (lieux
de vénération).»
Le deuxième
Concile de Lima, réuni en 1567, établit une réglementation stricte pour lutter
efficacement contre les « idolâtries »
Les jésuites
vont systématiquement détruire tout objet qui pourrait constituer l'instrument
d'un culte idolâtre ou qui en rappellerait le souvenir. Les plumes, les tissus
de fête, les conques, et même les berceaux alimentent des bûchers
purificateurs, tandis que les hymnes sont bannis et que les pierres
protectrices sont jetées à l'eau ou simplement brisées.
Là où les
autochtones déposaient des offrandes dans la montagne, les huacas, les prêtres
dressent des croix.
De même qu'ils
ont, dès le début, combattu les coutumes funéraires autochtones, les
extirpateurs poursuivent leur œuvre d’acculturation forcée en s'attachant à
contrôler les rites de passage que sont la naissance, la puberté et le mariage.
Les autorités cléricales imposent donc aux Indiens, sans toujours y parvenir,
d'autres prénoms que les leurs, réprimant la fête de la puberté des garçons
nobles et interdisant la polygamie.
Les sociétés
ayant évolué et les conceptions missionnaires aussi, ce qui fut possible en
Amérique du sud dans l’ardeur des débuts fut interdit en Chine un siècle plus
tard.
Au XIX° siècle les
congrégations missionnaires, qui se multiplièrent alors, notamment en Afrique,
importèrent un modèle européen de catholicisme, jugé postérieurement trop
ostentatoire, mais qu’en général ils n’imposèrent pas.
Notons cependant que
dans les îles de la côte ouest canadienne, de nombreux villages indiens de pêcheurs furent
abandonnés après que les missionnaires eurent brûlé les totems familiaux
dressés devant leurs habitations et qu’ils prenaient pour des idoles.
Aujourd’hui ce qui reste de ces villages abandonnés, d’indiens Haïdas en
particulier, est considéré comme patrimoine de l’humanité et protégé par
l’UNESCO.
4. A propos de l’esclavage
L’esclavage jusqu’au milieu du XIX°siècle
était encore pratiquement admis par les religions ; c’est un bon exemple
de leur alignement sur le pouvoir et les mœurs.
L’esclavage aboli
officiellement en 1850 existait depuis l’antiquité où c’était souvent la
condition normale des combattants vaincus (jure belli). Il existait un
esclavage transafricain bien avant les conquêtes coloniales. A l’époque de la
colonisation du Brésil, les Portugais importèrent des esclaves noirs qu’ils
utilisaient déjà depuis la découverte du golfe de Guinée au XV° siècle ( les
pièces de Guinée).
L’Eglise
trouva en son sein une justification exposée en 1554 par le Père Manuel de
Nobrega dans son dialogue sur la conversion des Gentils : « Ce
destin leur vient de leurs ancêtres, parce que nous croyons qu’ils descendent
de Cham, fils de Noé, qui a vu son père ivre dans une posture indécente, de là
viennent leur malédiction, leur nudité et leurs autres misères. »
Au total, entre le
XVI° siècle et l’an 1850, 3.500.000 esclaves furent transplantés au Brésil
(sans compter ceux qui moururent au cours du trajet) et ce chiffre ne
représente que 38% des esclaves vendus dans toutes les colonies d’Amérique.
Les Portugais
tinrent à baptiser les esclaves, et ceci souvent avant même la traversée de
l’océan. Les Noirs étaient tenus aux mêmes devoirs religieux que leurs maîtres
et purent progressivement s’organiser en confréries… C’est le 13 mai 1888 que
Dona Isabel princesse impériale proclama l’abolition définitive de l’esclavage,
la « Loi dorée »
En 1744 fut
publié en deux énormes tomes, à Lausanne, avec imprimatur etc. Le
Dictionnaire des Cas de Conscience de Fromageau et Lamet,
docteurs en Sorbonne. Il y est fait état d’une délibération du 15 avril 1698
concernant les règles pour le commerce des esclaves et des nègres en
particulier. Il est conclu notamment ceci :
« 1°, La
servitude n’est point de droit naturel, l’homme au contraire est né libre,
mais elle a été introduite par le Droit des gens…
2°, Par le
Droit Canonique, il était permis aux chrétiens d’avoir des esclaves, le Pape
Grégoire lui-même donne la liberté à deux esclaves attachés à l’Eglise de Rome…
3°,
L’empereur Justinien explique que la servitude introduite par le Droit des gens
a été ensuite réglementée par le Droit civil…
4°, Les
esclaves sont permis par le Droit divin … (citations de la Bible, et de St. Paul qui
précise aux esclaves chrétiens que le Christ a libéré seulement leur âme du
péché mais que leur condition d’esclave n’est en rien modifiée…)
En
conclusion : … le Droit divin et humain permettent les esclaves, d’où il
s’ensuit qu’on peut légitimement les acheter, les vendre, les changer comme les
autres biens dont on est possesseur… Il en est de même pour les nègres qu’on achète s’ils sont esclaves à
juste titre (qu’ils n’ont pas été dérobés de force…)… On pourrait même sans aucun examen, les
acheter, si c’était pour les convertir et leur rendre la liberté »
Aujourd’hui il
est difficile de comprendre que la religion catholique n’ait pas, sur ce point,
ajusté le Droit divin au droit naturel.
5. Religion et Science
L’accord n’est pas unanime sur le principe que science et religion n’opèrent pas sur le même terrain, la première se situant sur le domaine du comment et la seconde sur celui du pourquoi. Ainsi la vie spirituelle est-elle parfois aujourd’hui en contradiction avec la vie intellectuelle ou scientifique comme au temps de Galilée.
Soulignons cependant que l'islam et le judaïsme n’étant pas régis par une structure verticale chargée de définir le dogme, une position unique en matière scientifique est impossible à leur niveau.
L’Eglise catholique a admis le darwinisme, il y a quarante ans, avec le concile de Vatican II (1962-1965). Les déclarations de Jean Paul II, en 1996, en faveur de Darwin, prolongeaient cette vision conciliaire. En fait, l'exégèse critique
avait commencé dès le XVIII° siècle ; les archéologues et les
historiens qui voyaient des contradictions entre le récit biblique et le
résultat de leurs recherches étaient souvent
sanctionnés. Cette tension aboutit à la crise moderniste sous le
pontificat de Pie X (1903-1914). Le pape désigne le modernisme comme l'ennemi à abattre : Alfred Loisy, théologien
et exégète, est excommunié en 1908.
Actuellement
les autorités religieuses dénoncent « la domination d’une culture
matérialiste et permissive et l’effondrement des structures et de l’ordre
social ». Il y a une méfiance des avancées technologiques.
Aux Etats Unis
les Evangélistes ont obtenu que la théorie créationniste soit enseignée, dans
certaines écoles, au même titre que le Darwinisme.
6. Questions contemporaines de société
Si l’esprit de laïcité est la séparation du politique et du religieux,
les religions en général n’entendent pas demeurer dans la sphère du privé.
-
Positions de l’Eglise catholique
Le 21 sept. 2000 lors d’un débat avec Paolo
Flores d’Arcais, le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, déclarait : « Nous
sommes convaincus que l'homme a besoin de connaître Dieu, convaincus que la
vérité est apparue en Jésus, et la vérité n'est la propriété privée de personne : elle doit être partagée et
connue de tous. »
Et Mgr
Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence des évêques
de France déclarait récemment : « Nous
n'acceptons pas que la dimension
sociale des religions ne soit pas
prise en compte, que l'appartenance religieuse soit reléguée dans le seul domaine des convictions
individuelles… Nous pensons que les valeurs que nous inspire notre foi peuvent
contribuer à la réflexion qui conduit au vote des lois, dont l’objectif reste
le bien commun »
Ainsi, des
Représentants du Vatican et les
autorités de la conférence des évêques de France (Mgr Jean-Pierre Ricard,
président, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, etc.) ont-ils présenté,
le mercredi 1er juin 2005 à Paris, lors d’une conférence de presse au Sénat, le
Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille et les questions
éthiques.
D’après Le Monde « ce monument
de 1000 pages est une sorte de catéchisme moral, qui n’aurait
pas de précédent sous cette forme. Sa rédaction a duré onze ans et réuni
soixante-dix experts, théologiens et médecins. »
Le Lexique entend préciser les positions de
l’Eglise sur des questions comme l’avortement, l’homosexualité, le mariage,
l’euthanasie, la bioéthique et dénoncer les
« manipulations du langage » qui cherchent à rendre « anodines » des
réformes de mœurs, déjà légalisées ou non, qui, pour l’Eglise, remettent
en cause l’équilibre de la société. Cet outil, qui s’adresse aux gouvernants,
aux parlementaires, aux personnels soignants, à tous les spécialistes de
bioéthique, est marqué par un parti pris de dénonciation des évolutions
libérales dans la vie des couples et des individus. « On parle d’interruption volontaire de
grossesse au lieu d’avortement ; de pilule du lendemain au lieu d’abortif ;
d’avortement thérapeutique au lieu d’infanticide ou encore d’aventure extra
matrimoniale au lieu d’adultère » écrivent les auteurs de ce Lexique. »
Ce document du magistère romain (préparé sous Jean Paul II) ne présente pas
le moindre assouplissement :
Avortement.
Le « libre choix est condamné, parce que s’il vise le bien de la mère,
il oublie le droit à vivre de l’enfant» Un article sur les centres de
consultation pour femmes enceintes en Allemagne stigmatise cette entreprise devenue
« une simple voie de passage légale pour obtenir une IVG »
Contraception.
Toutes les formes de contraception d’urgence (« pilule du lendemain »)
sont aussi dénoncées comme des atteintes à la vie. La « manipulation du langage
» conduit à faire du « préembyon
» un simple « amas cellulaire » La seule contraception autorisée par l’Eglise repose sur
des méthodes naturelles (continence, Bulings, Ogino)
Euthanasie.
Son développement viendrait d’un « lobby international » inspiré
par les pratiques de l’Allemagne nazie. Les auteurs rappellent que l’Eglise a
toujours repoussé l’acharnement thérapeutique autant que l’euthanasie.
Couple.
C’est dans ce domaine que les glissements de mots auraient les pires
conséquences La famille traditionnelle a fait place à différents types de
famille « monoparentale »
ou « recomposée » Le document
s’érige, en particulier, contre la reconnaissance (légale aux Pays-Bas, en
Belgique, en France, en Espagne, dans certains Etats américains) de « différents
modèles de nuptialité», ou de « parentalité » Le mariage risque de
n’être plus que la reconnaissance d’un sentiment et non plus « un
engagement et un lien juridique entre un homme et une femme »
Il
faut rappeler ici que la morale chrétienne du mariage s’est toujours opposée
aux mœurs et aux modèles de conduite ayant cours dans la société. C’est à
la fin du 1er siècle, sous l’influence de morales païennes que le
mariage chrétien va être fondé sur la procréation et que l’on condamnera toute
forme de contraception. L’amour conjugal et la recherche d’un plaisir modéré
furent partiellement réhabilités en 1215 au VI° concile de Latran.
La
pratique chrétienne du mariage trouva sa théorie en 1935 avec Herbert
Doms : la procréation ne peut être la fin primaire de l’accouplement
puisque l’ovulation (découverte en 1927) ne dépend pas de l’acte sexuel, le rapport conjugal est
essentiellement acte d’amour un don de soi. C’est à cette théorie que se
référait Pie XII pour condamner la fécondation artificielle et certaine vision
biologique de la sexualité.
Homosexualité,
le Lexique est un ouvrage de riposte à l’« idéologie du genre »
pour laquelle l’homme devrait être libre de choisir son orientation sexuelle.
Défendre la « dimension structurante » de la différence des sexes n’a
rien à voir avec l’homo phobie dont l’Eglise est souvent accusée.
Procréation
médicalement assistée. L’hostilité de l’Eglise à la PMA reste fondée sur
la défense de l’embryon humain. « La
PMA est basée sur une destruction d’embryons. » L’on comprend que, pour sa part, le Conseil de
l'Europe, à l'origine de la
Convention d'Oviedo sur les droits de l'homme et la biomédecine,
ne soit jamais parvenu, dans ce
domaine, à obtenir une harmonisation des textes et des pratiques qui renvoient
à des convictions religieuses ou philosophiques pour l'heure totalement
inconciliables.
Ce
catalogue de prescriptions révèle le décalage entre le magistère romain et les
évolutions de mœurs dans des pays comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la France ou l’Amérique du
Nord.
Face
aux ravages du sida en Afrique notamment (3 millions de morts dans le
monde dont 500.000 enfants en 2004, et actuellement 130.000 enfants malades du
sida au Kenya) la position du Vatican va gravement à l’encontre de la
prévention recommandée par l’utilisation de préservatifs, ce qui n’est pas
sans conséquences sur la santé de la population.
Enfin la position du
Vatican n’a pas varié à ce jour sur les deux points suivants :
Eucharistie
pour les divorcés remariés : « Si
les divorcés se sont remariés civilement, ils se trouvent dans une
situation qui contrevient objectivement à
la loi de Dieu et, dès lors, ils ne
peuvent pas accéder à la communion
eucharistique, aussi longtemps que persiste cette situation. » Lettre à tous les évêques, octobre 1994.
Ordination
des femmes : « La doctrine qui prévoit que l'Eglise n'a pas la faculté de conférer
l'ordination sacerdotale aux femmes doit
être considérée comme appartenant au
dépôt de la foi. Elle exige un assentiment définitif, parce qu'elle est fondée
sur la parole de Dieu, constamment
conservée et appliquée dans la
tradition… »
A propos de la place de la femme, dans sa 1ère
lettre aux Corinthiens (11, 7-10) Saint Paul écrivait : «L'homme,
lui, ne doit pas se voiler la tête: il est l'image et la gloire de Dieu,
mais la femme est la gloire de l'homme. [...] Voilà pourquoi elle doit porter
sur la tête la marque de sa dépendance. »
Si depuis peu les femmes ne sont plus tenues de
porter un voile à l’église, elles ne sont pas prêtes d’obtenir les mêmes «
facultés » que les hommes dans le cadre de l’Eglise catholique.
A
l’opposé le protestantisme admet des femmes prêtres et des femmes évêques.
D’autre
part les catholiques sont appelés par le
Vatican à jouer un rôle de minorité
militante dans une Europe déchristianisée. Leur combat en Espagne, contre un gouvernement
accusé d'anticléricalisme pour avoir légalisé
le mariage gay, et celui de l'Eglise en Italie, contre le référendum sur la procréation
médicalement assistée, sont cités comme
exemples d'une résistance à poursuivre.
Il est à noter que sur la plupart de ces
questions, lors de Vatican II, le collège des consultants et le collège des
évêques avaient voté majoritairement pour des aménagements, mais Paul VI et
Jean Paul II n’en tinrent pas compte, alors que Jean XXIII en ouvrant ce
concile avait voulu donner plus de pouvoir aux Commissions en faisant nommer
leurs membres par le Concile et non par la Curie.
Pour Hans
Küng, ancien conseiller du
concile Vatican II, professeur émérite
de théologie oecuménique de l'université de Tübingen « Jean Paul II a bafoué la collégialité entre le pape et les évêques décidée antérieurement à ce concile. »
Pour Leonardo Boff, porte-parole de la théologie de la libération, « Beaucoup de chrétiens émigrent [vers d'autres cultes] car ils ne supportent pas cette rigidité doctrinale.» Ce théologien brésilien avait été condamné
en 1985 au « silence obséquieux » par le cardinal Ratzinger, qui
dirigeait alors la Congrégation pour la doctrine de la foi, l'ancienne Inquisition.
- Positions des Eglises protestantes de
France
Il est reconnu qu’au gouvernement comme au Conseil d'Etat, les personnalités
protestantes (ainsi que les juives) jouèrent, au contraire des
catholiques, un rôle majeur dans la législation et la jurisprudence
relatives aux libertés publiques, et notamment pour : la légalisation
du divorce (1884) celle de la pilule (1967) l'interruption de grossesse (1975),
elles fondèrent le mouvement du planning familial. Pour Odon Vallet « Ne
sacralisant pas le mariage, elles ne diabolisèrent pas le sexe. »
Ainsi,
au 1er semestre 2006 la F.P.F.
Fédération protestante de France, qui fédère dix-sept Eglises et unions d'Eglises ( les Eglises historiques luthériennes et réformées, et plusieurs Eglises baptistes ou évangéliques),
dont le Président est Jean Arnold de Clermont, va t-elle publier un texte
fondamental pour rappeler aux politiques leurs attentes (mais sur des
préoccupations bien différentes de celles des catholiques) : prison,
immigration, changement climatique, crise sociale... sans présenter de
solutions, mais en disant comment leurs Eglises abordent ces sujets.
-
Islam
Le Conseil
européen de la Fatwa,
né à Londres en mars 1997 et qui fédère 27 organisations européennes dont
L’UOIF a un objectif : Emettre des fatwas
(avis juridiques) collectives qui répondent aux besoins des musulmans en
Europe, qui résolvent leurs problèmes, conformément aux règles et aux objectifs
de la Charia.
37 avis ont été émis récemment dont notamment :
- La polygamie est un droit qu’il faut
tolérer sans l’encourager.
- Il est demandé aux musulmans de tous
les pays européens de fournir tous leurs efforts pour résister à l’occupation
et libérer Al-Qods (Jérusalem)
7. Religion et politique
Les Eglises ont très souvent défendu les pouvoirs
établis et se sont presque toujours défendues contre eux.
La
religion et la politique ont parti lié dans les systèmes théocratiques où il
est considéré que le pouvoir est exercé par des représentants de Dieu (monarchie
de droit divin en France et Califat dans les premiers siècles de l’Islam). Les
régimes athées (Chine et Corée du Nord) tolèrent une certaine liberté
religieuse (à l’inverse de ce qui se passe au Tibet) à condition qu’elle ne
gêne pas le pouvoir politique.
Entre ces deux
systèmes, c’est l’affrontement, et l’Eglise sacralise ou diabolise le pouvoir
en fonction de ses idéaux et de ses intérêts. Ainsi Napoléon disait « Les
conquérants habiles ne sont jamais brouillés avec les prêtres », et conformément à la Convention passée avec
le Pape Pie VII, ratifiée à Paris le 10 septembre 1801, le premier Consul nomma
les évêques, qui devaient lui prêter serment de fidélité ainsi que les curés,
etc.
Saint Paul écrivait
aux romains « Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent
le pouvoir car il n’y a d’autorité que grâce à Dieu et celles qui existent sont
établies par lui » (Romains 13,1-2)
Bossuet, selon les
mêmes principes fut le théoricien de la monarchie de Droit divin « On
doit obéir au prince par principe de religion et de conscience… les princes
agissent comme ministres de Dieu… »
Mais symétriquement
la révolte contre le tyran impie est juste. Cromwell prêcha la révolution
contre l’Eglise anglicane établie par Henri VIII et encouragea les Eglises
non-conformistes.
Les cahiers de
doléance des Etats généraux, qui préludèrent à la révolution de 1789,
furent souvent rédigés par d’humbles curés de paroisse, ce bas clergé
négligé ou méprisé par la noblesse et le haut clergé.
Par
son soutien à la cause du syndicat Solidarité en Pologne, Jean Paul II a été l'un des acteurs de
la chute du communisme.
Certes, ses compatriotes ne l'avaient pas attendu pour se révolter, mais il a encouragé leur résistance
et participé à leur victoire.
Cependant
son pontificat s’est situé dès le début à contre-courant de la théologie latino-américaine de la libération prônée par Dom Helder Camara, laquelle affirme que la libération doit être l’oeuvre des pauvres eux-mêmes.
Leonardo
Boff, théologien de la libération, sanctionné par les autorités doctrinales du Vatican, qui, en 1985, lui ont intimé « silence et
obéissance » déclarait au journal Le Monde après le décès de Jean Paul
II : « …Chez lui prévalait la mission religieuse de l'Eglise,
et non sa mission
sociale. S'il avait dit « Soutenons les pauvres et
engageons-nous dans les réformes
au nom de l'Evangile et de la tradition prophétique », le destin politique de l'Amérique latine eût été différent.
Mais
il a organisé la restauration conservatrice sur tout le continent, déplacé les
évêques prophétiques et désigné des évêques coupés de la vie du peuple. Il a
fermé des institutions théologiques et sanctionné ceux qui y enseignaient. Nous savons aujourd'hui qu'en se
fondant sur des informations que la CIA lui prodiguait, concernant particulièrement l'influence des théologiens de la
libération en Amérique
centrale, il a vu en eux un cheval de Troie du marxisme, qu'il
était obligé de dénoncer en raison de son expérience du communisme
en Pologne. »
La défense des institutions a été poussée à l'extrême dans la
pensée théologique et philosophique indienne où la religion est une force de
l'ordre divin (dharma)
en lutte contre un désordre impie. Chaque caste ayant son rôle à jouer dans l'équilibre social, l'homme hindou doit s'y tenir sous peine
de mélanges impurs et de promiscuité
explosive. L'Inde est, d'ailleurs, le seul grand pays au monde où
aucune révolution n'ait jamais pris le pouvoir. Cet ordre est pourtant moins uniforme qu'en apparence, et l’histoire montre que le
bouddhisme peut aussi bien inspirer une monarchie qu’une démocratie sociale.
8. Religion et écologie
Jusqu’à la seconde moitié du XX°
siècle l’humanité vivait en général sur
l'idée matérialiste que le monde, qu’il soit animal, végétal ou minéral, était
une ressource au service de l'homme.
Le réchauffement global et ses effets
climatiques commencent à être pris en considération et aussi par les grandes religions, que ce soit par des mouvements
théologiques de masse, dont l'évangélisme américain, ou par des prêtres importants, comme l'archevêque de
Canterbury. C’est ce qu’indique Jean Michel Valentin dans son livre « Menaces
climatiques sur l’ordre mondial »
L'évangélisme
est un courant majeur du protestantisme. Il regroupe entre 400 et 500 millions de personnes, dont 70 millions aux États-Unis.
Dans l'évangélisme, les chrétiens se vivent comme
étant à la veille de l'Apocalypse et du retour du Christ, qui doit
instaurer le «Millenium », son règne de mille ans sur Terre, et depuis quelques années, le mouvement de la Creation care (du soin que l'homme doit accorder à l’œuvre de Dieu qui donne le monde à
l'homme), monte en puissance.
La coalition
des mouvements conservateurs évangéliques a
adopté la déclaration commune de l'Evangelical Call to Civic Responsibility : « nous affirmons que l'autorité ("dominion") que Dieu nous donne sur sa création
est une responsabilité sacrée ; nous
devons en être les bons régisseurs, et ne pas abuser de la Création dont nous sommes une partie... Comme la pureté de
l'air et de l'eau, et des ressources
adéquates sont cruciales à la santé publique et à l'ordre civique, le "government" a le devoir de protéger ses
citoyens des effets de la dégradation
environnementale ».
Jusqu'à
récemment, les évangéliques s’étaient méfiés de l'écologie, craignant que les écologistes n'adorent la création, au lieu
d'adorer Dieu. Néanmoins ils sont sensibles à l'idée que les rejets de
gaz à effet de serre comme la pollution due
aux centrales à charbon mettent en danger les « enfants non encore
nés » ( unborn children ), ce qui les apparente à l'avortement,
identifié à un crime religieux.
Ces préoccupations morales deviennent un
argument pour faire pression sur le pouvoir
exécutif, afin que celui-ci évolue dans sa politique à l'égard du protocole de
Kyoto et du changement climatique.
En Angleterre, Rowan Williams, archevêque de
Canterbury établit que le sens même du péché originel consiste à
ne pas considérer le monde
comme un moyen de perpétuer la création, mais comme un moyen de consommation.
Des évolutions similaires apparaissent dans les
autres grandes religions. Aux États-Unis, un mouvement oecuménique
d'ampleur regroupe des leaders catholiques, protestants, et juifs.
Les protestantismes, européen, latino-américain et asiatique, commencent à s'emparer de la problématique.
Les autres grands monothéismes
seront forcés d'adopter une position à cet égard.
Dans le même mouvement, les grandes religions et
philosophies asiatiques du taoïsme, du
shintoïsme, du bouddhisme et de l'hindouisme, qui connaissent chacune une
tradition de recherche de l'harmonie entre l'homme et la nature, sont en train
d'enrichir la réflexion mondiale en cours de constitution.
Pour Jean Michel Valentin « En
fait, une course a commencé : d'un côté une évolution climatique et environnementale et ses synergies avec les
vulnérabilités de la société humaine;
de l'autre, la prise de conscience y compris par les religions et la mise au point de politiques et de stratégies d'adaptation,
qui auraient pour but de mener les
changements fondamentaux nécessaires à l'humanité. »
Conclusions
- Au XXI° siècle comme il y a 3 millions
d’années ces questions essentielles « Pourquoi l’homme, la vie, la
mort ? » se posent toujours à l’intelligence humaine.
Les
religions par les réponses qu’elles proposent sortent de la sphère du rationnel,
et les croyances et principes religieux s’opposent souvent aux courants d’idées
du présent.
A
la lecture des exemples cités on pourrait considérer que les religions évoluent
lentement avec le temps, parallèlement à l’évolution des mœurs et des
connaissances et qu’elles n’ont peut-être pas une part aussi importante dans
les progrès de l’humanité qu’on le laisse souvent entendre.
- C’est par l’action personnelle des St. Vincent de Paul, Gandhi, Mgr Desmond Tutu,
Mère Térésa, Sœur Emmanuelle, Abbé Pierre, et bien d’autres, plus anonymes, que peut se révéler le meilleur d’un message religieux.
- Ce texte d’Odon Vallet : « Le plus petit dénominateur commun entre croyants et non-croyants est la Règle d'or des religions qui
est aussi celle de nombreuses philosophies et se retrouve dans de multiples enseignements sous une forme positive ou négative : Ce que tu n'aimes pas qu'on
te fasse, ne le fais pas à
ton prochain, telle est toute la
Torah, dit
le sage pharisien Hillel, contemporain du Christ. Ce que vous voulez que les hommes
fassent pour
vous, faites-le vous-même pour eux, conseille Jésus (Matthieu, 7, 12) Ne pas infliger à
autrui ce qu'on ne voudrait
pas que l'on vous fit avait
déjà dit Confucius (Entretiens, 15, 24) Les mêmes formules se retrouvent dans
les sermons du Bouddha Ne heurtez pas les autres avec ce qui vous
heurterait vous-même, dans l'épopée hindoue du
illahâbharata Ne fais pas à autrui ce qui, si on te le faisait, te causerait
de la
peine ou
dans le Coran Aucun d'entre vous n'est croyant s'il ne désire pour son prochain ce
qu'il désire pour lui-même.
Tel
est, au-delà de leurs nombreuses différences, le message commun des
religions que tout laïc peut recevoir. »
-
Même s’il est un peu hors sujet, cet
extrait du discours du romancier Amos Oz lors de la remise du prix Goethe, à
Francfort-sur-le-Main, cette année :
« Le postmodernisme a une fois de plus embauché Satan, mais, aujourd'hui, sa mission tire sur le kitsch : un petit groupe secret de forces louches est
responsable de tout, qu'il s'agisse de la pauvreté, de la discrimination, de la
guerre, du réchauffement
de la planète ou du 11-Septembre
et du tsunami. Les gens
ordinaires sont toujours innocents. Ce n'est jamais la faute des minorités. Les victimes sont, par définition, moralement pures.
Avez-vous remarqué que, aujourd'hui, le diable ne
semble jamais posséder une personne isolée ? Nous n'avons plus
de Faust. Selon le
discours à la mode, le mal est un conglomérat. Les systèmes sont mauvais. Les gouvernements sont mauvais. Des institutions
sans visage
dirigent le monde pour leur propre profit sinistre. Satan n'apparaît plus dans les détails. Les hommes et les femmes pris
individuellement
ne peuvent pas être mauvais au sens ancien du Livre de Job, de Macbeth, de Faust. Vous et moi, nous sommes toujours des gens très bien. Le
diable, c'est
toujours l'establishment. On est, à mon avis, en plein kitsch éthique.
(...)
Le
Faust de Goethe
nous rappelle sans cesse que le diable
est personnel, pas impersonnel. Le bien et le mal chez chaque homme ne sont pas les attributs d'une religion. Il ne s'agit pas forcément, de termes religieux. Nous connaissons la différence
entre le bien et le mal, entre infliger la douleur et la soulager, entre la responsabilité individuelle et le kitsch collectif.
Je crois qu'imaginer l'autre constitue un antidote puissant au fanatisme et à la haine…Imaginer l'autre n'est pas seulement un outil
esthétique. C'est aussi,
à mon avis, une obligation morale essentielle. Et, finalement, imaginer l'autre est également un plaisir humain profond et
très subtil. »
Fait
à partir de multiples ouvrages en décembre 2005,
Paul Bureau
Bibliographie, principalement :
-
Amin Maalouf : les Identités meurtrières. Grasset.
-
André Clot : L’Espagne musulmane. Perrin
-
Carmen Bertrand : Les Incas, peuple du Soleil. Découvertes Gallimard
-
Georges Tate : L’Orient des Croisades. Découvertes Gallimard
-Jean-Michel Valentin : Menaces climatiques sur
l’Ordre Mondial.
Lignes de repères
-
La Bible
-
Le Monde : nombreux articles parus depuis septembre 2005.
-
Lucien Bély : Histoire de France. Gisserot.
-
M. Malherbe : les religions. Nathan
-
Michel Lelong : L’Islam et l’Occident. Albin Michel
-
Odon Vallet : Le sacre des pouvoirs. Découvertes Gallimard
Petit lexique des idées fausses sur les
religions. Albin Michel
-
Universalis : Encyclopédie des religions.
-
Yves Coppens : Le Genou de Lucy. Odile Jacob
Importance respective
des principales religions dans le monde.
Quelques chiffres :
- Christianisme : 1 milliard 900 millions
dont environ 800 millions de protestants.
- Islam :
1 milliard 300 millions dont plus de la moitié en Indonésie, Pakistan, Bangladesh et Inde. Mais accroissement plus
rapide que dans les autres religions.
- Hindouisme : 850 millions dont Inde et
Népal : 700 millions.
- Bouddhisme : 350 millions dont 98% en
Asie
-
Judaïsme : 14.100.000 dont
5.000.000 en Israël. 6.000.000 aux USA.
En France : 600.000.
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