Réflexions sur l’AZAWAD
(Mali)
Territoire
déjà revendiqué à
l’époque coloniale
Le Mali,
avant son indépendance, faisait partie de l’Afrique Occidentale
Française sous les appellations successives de Sénégal-Niger, Haut
Sénégal-Niger et Soudan français, (cf. carte n°1).
Il devint
le 24 novembre 1958 « Etat membre de la communauté Franco-africaine » et obtint
l’indépendance le 28 septembre 1960.
Sa
superficie est de 1.240.000 km2 (2,25 fois la France : 552.000 km2).
Depuis le coup d'État militaire du 22 mars 2012 qui a chassé du pouvoir le
président Touré, les Touaregs du MNLA, Mouvement National de Libération
de l’Azawad, ainsi que le groupe islamique Ansar Dine et des milices
islamistes liées à Al-Qaida et au Maghreb islamique (Aqmi) se sont emparés de
plusieurs villes du nord du pays.
Les Islamistes veulent imposer la charria à tout le pays, considérant que
l’avenir de l’Islam est le retour vers un passé qu’ils souhaitent figer. Je
n’en dirai pas plus à leur sujet.
Le MLNA, quant à lui, veut faire du nord du Mali un État
touareg. Il a proclamé, le 6 avril 2012, la création de «l'État
indépendant de l'Azawad», qui comprendrait les trois régions du nord : Gao, Kidal et Tombouctou,
soit 825.000 km2 représentant à
peu près les deux tiers de la superficie du pays pour seulement 10% de sa population, (cf.
annexe 1 et carte n°2).
Le principe
d’une séparation du
Nord du Mali n’est pas une donnée nouvelle, elle avait été autrefois, avant
l’indépendance du pays, sérieusement envisagée par la France elle-même (§4
ci-après). Il faut rappeler aussi qu’antérieurement les Touaregs furent le
dernier peuple d'Afrique de l'Ouest soumis par les Français, et que leurs
terres de transhumance furent réparties entre le Niger, le nord du Mali, l'Algérie et la Libye.
La
revendication actuelle du MLNA n’est pas étrangère à ces faits et peut
s’expliquer aussi, en partie au moins, par certaines caractéristiques propres à
cette région que j’avais connue en 1956, deux ans avant l’indépendance du Mali,
en participant activement, notamment par une prospection de 6 mois sur place, à
une étude exploratoire de l’économie locale (1).
Sur ce
territoire immense il n’y avait alors que quelques pistes temporairement
utilisables en jeep ou land rover, il fallait aussi se déplacer à méhari ou en
pirogue.
La population
d’environ 300.000 hab. ne comptait que 10 à 15 Français, de professions
différentes, assez isolés et en séjour temporaire. Les moyens matériels
nécessaires aux activités (essence, hors bord pour pirogue..) étaient acheminés
par le Niger ou par un avion bimoteur atterrissant dans la brousse près de
Goundam.
1. Milieu naturel
Le Mali est
à cheval sur trois zones climatiques, (cf. carte n°3).
Les deux tiers nord du pays sont
entièrement désertiques, avec des précipitations annuelles inférieures à
130 mm.
Au centre, la région sahélienne est relativement sèche (pluviométrie
annuelle de 200-400 mm, mais avec régime de tornades), elle est couverte de
steppe remplacée progressivement vers le sud par la savane. Le Sahel (de l'arabe ساحل sahel
signifiant côte ou frontière) désigne une bande de territoires
marquant la transition, à la fois floristique et climatique, entre le domaine saharien au
nord et les
savanes au
sud.
Dans le centre du Mali débute une vaste étendue de marécages, due aux
nombreux bras du Niger, la plus grande « zone humide » d’Afrique, le
Delta central nigérien, qui s’étend sur 400 km, (cf. carte n°4).
Au sud, la région soudanaise avec des précipitations de 1 400 mm par an est
couverte d’une savane devenant de plus en plus dense et se transformant
progressivement en forêt vers le sud.
L’Azawad situé au nord du Sahel est
une zone essentiellement de transhumance, avec une composante agricole dans sa partie sud, d’une grande richesse agricole grâce aux cultures de décrue
(riz et sorgho) pratiquées dans les lacs d’inondation du Niger : lac Fati,
lac Horo, et surtout le grand lac Faguibine (situé en haut des
cartes 5 et 6, et voir carte de la Région lacustre) de 860 km2, à comparer
au lac Léman 580 km2 et au lac du Bourget 44 km2. Ces lacs sont situés
dans la partie nord de la « zone humide » citée précédemment.
Mais le débit moyen du Niger a diminué progressivement en raison de la
baisse du régime pluviométrique et des pompages en amont, passant de 1400 m3/s
en 1956 à 400 actuellement. Le grand lac Faguibine est à présent le plus
souvent complètement sec, partiellement envahi par les sables, en raison de
l’avancée du désert, ce qui est une véritable catastrophe écologique.
Les « bourgoutières », dans les zones d’inondation en bordure du
Niger où se développe le bourgou, une graminée (Echinochloa stagnina), restent une importante source
d’alimentation pour le bétail, mais leurs surfaces diminuent considérablement.
2. Population, groupes ethniques et
culturels.
Le Mali
dans son ensemble compte actuellement environ 14.550.000 hab. (contre 4.500.000 en 1956).
De nombreuses ethnies cohabitent : Bambara (35%), Peuhl (12%), Touareg et
Maure, Senoufo, Sarakolé, Sonraï, Malinké, Bobo, Minianka, Toucouleur, Somono, Bozo, Dogon, etc.
Le français est la langue officielle. La question linguistique ne
facilite pas la construction d’un sentiment national.
Dans
l’Azawad la
population est composée essentiellement de :
Sonraïs. (30%) Ils sont agriculteurs.
Peulhs. Eleveurs, arrivés au 18ème siècle, ils constituent
une minorité ethnique et pratiquent la transhumance dans toute la zone.
Maures. (3%) d’’origine berbère, ils sont originaires
des régions de Tombouctou et de Mauritanie, et sont considérés comme de grands
éleveurs de chameaux et caravaniers transsahariens.
Bozos. Peu nombreux, pêcheurs.
Touaregs. (60%) ils sont nomades, éleveurs, d’origine
berbère. Ils se sont installés durablement dans cette région du Mali au
XVIe siècle. Leurs tribus principales sont : les kel Antassar, les
Tenguéréguifs, les kel Haoussa.
Au XII°
siècle Tombouctou était un lieu de campement de nomades berbères. Au XVe
siècle, la construction de la mosquée de Sankoré fut à l’origine d’une
université islamique de renommée internationale qui compta, sous le régime de
Sonni Ali le Grand héros de l’empire Sonraï, jusqu'à 25.000 étudiants,
Tombouctou ayant alors 100.000 habitants.
Le déclin
de la ville passée sous contrôle des Touaregs commença au XVIIe siècle avec la
diminution de leurs activités commerciales.
Lorsque les français prirent le contrôle de
Tombouctou en 1894 sa population était d'environ 4 000 habitants. Elle était dirigée par
une élite musulmane payant tribut aux Touaregs[. ; iI en était pratiquement de
même en 1956. Actuellement sa population est d’environ 30.000 habitants, la
ville compte un aéroport, etc.
Les Touaregs avaient dans cette région des
captifs sonraïs, appelés bellahs et des villages agricoles
captifs, les débés.
Avant l’indépendance du Mali, des
ententes tacites liaient sédentaires noirs, captifs ou non, et nomades blancs,
dans le respect de leurs intérêts mutuels.
3.
Différences culturelles.
L’Azawad et le nord du Niger sont
culturellement rattachés au Maghreb, et non pas à l’Afrique noire de l’Afrique
subsaharienne.
Les Touaregs sont culturellement plus
proches des traditions judéo-chrétiennes et islamiques que du négrisme
(selon le terme proposé par Albert Memmi et avalisé par Léopold Senghor pour
désigner l’ensemble des traits culturels des Noirs), (cf. carte n°7).
L’histoire
des Berbères (amazighs), groupe ethnique d'Afrique du Nord, remonte à l'Antiquité. Les amazighs seraient venus du Yémen vers l'Afrique du nord et se sont répandus en Libye, en
Tunisie, en Algérie, au Maroc, et plus au sud en Mauritanie, (cf. carte n°8). Ils fondèrent le royaume de Numidie
(Hannibal). Ils furent successivement christianisés (St. Cyprien) puis
islamisés (la reine berbère Kahéna s’opposa longtemps en Kabylie à l’avancée
des musulmans vers l’Espagne). Actuellement ils font tous partie du monde
musulman.
Leur écriture le tifinar (cf. n°9) est très
proche de celle des transcriptions trouvées dans divers sites de l'ancienne
civilisation Yéménite ainsi qu’au Hoggar. Leur langue a connu beaucoup de
changements dûs à l’interférence de l'arabe et du français.
Pendant des siècles, les Touaregs
ont pris des esclaves dans d'autres tribus du désert et se sont mariés avec des
membres de celles-ci. Il en a résulté un groupe ethnique se distinguant en
premier lieu par une langue commune, le tamasheq, apparentée à la langue berbère parlée en Afrique du Nord.
Au sein
des tribus chaque individu occupe un rang social précis : nobles, lettrés,
hommes libres et vassaux, artisans, esclaves libérés, esclaves. A cela s'ajoute
une dimension ethnique, en raison de l'existence de Touaregs
à la peau blanche, aux statuts sociaux élevés, et de Touaregs
à la peau noire, descendants d'esclaves.
La relation maître-esclave chez les Touaregs
est une relation complexe, un mélange de complicité et de servitude, et d’obligations
réciproques, rappelant la relation décrite par
Columelle, agronome latin, dans « De re rustica » à propos des
relations entre propriétaire terrien et esclaves attachés à leur domaine.
Le régime matrimonial est le
matriarcat. L'habitat traditionnel est la tente.
La
prospérité des touaregs était basée sur leurs échanges commerciaux, dont
l'esclavage, entre la zone soudanaise du Sahel africain et le Maghreb. Elle
déclina lorsque les Européens ouvrirent la voie maritime pour le commerce entre
l'Afrique du Nord et l'Afrique noire…et avec l'apparition de la traite négrière
qui rapprochait cette activité des côtes.
En
revanche en Afrique noire, dans
l’identité personnelle de chacun il y a une dimension spirituelle liée à
l’origine ancestrale, et qui pénètre plus profondément que les religions
importées telles que l’islam et le christianisme….
Les
traditions se transmettent oralement. Les griots exercent toujours leurs
fonctions de musiciens-poètes transmettant l’histoire du pays et des hommes sur
plusieurs générations. Bakary Soumano, chef des griots du Mali de 1994 à 2003, a d’ailleurs
contribué à réhabiliter les fonctions du griot dans la société moderne.
4. Eléments politiques
Après la conquête coloniale, la
région nord du Soudan français correspondant à l’Azawad est
restée territoire militaire et a été administrée différemment des autres
régions, elle n’en a pas vécu les mêmes
évolutions politiques et sociales.
L’administration coloniale se
caractérisait par la séparation systématique des deux populations, créant une
discrimination entre nomades blancs et sédentaires noirs. Rien n'avait été
entrepris en direction des populations nomades dans le domaine social et culturel.
Seules les populations sédentaires
étaient astreintes aux 10 jours annuels de prestations obligatoires pour
l'entretien des routes et la construction de bâtiments administratifs. Seules,
elles étaient soumises, aux recrutements pour I'école, l'armée, et pour les
corvées exigées pour les industries coloniales.
Le premier à se préoccuper de la
scolarisation des populations nomades aura été le chef des Kel Antessar de
l'Ouest, Mohamed Ali Ag Attaher. Il fit ouvrir des écoles sous la tente, pour
sa tribu, et il en faisait assumer les dépenses par les parents des enfants
ainsi scolarisés. L’institution d’écoles sous la tente, adaptées
à la vie migratoire des populations nomades, la mise en place de cantines
scolaires ont été des mesures spécifiques à leur mode de vie.
La décolonisation intervenue au
début des années 60 se traduisit, pour les Touaregs du Niger et du Mali,
par l'inversion des rapports dominants/dominés puisque, dans ces deux pays, le
contrôle des appareils d'État revint à des ethnies négro-africaines
sédentaires. Les anciens « razziés » purent assouvir une vengeance historique à
l'encontre de leurs « razzieurs »… La mise à l'écart des Touaregs
a constitué une sorte de revanche des anciens esclaves noirs contre leurs
maîtres.
S'estimant exclus du partage du pouvoir et
marginalisés à la fois politiquement et économiquement, les Touaregs
commencèrent une lutte armée contre leurs nouveaux maîtres dès les années
1961-63 au Niger et au Mali, tentatives rapidement résorbées,
mais qui se renouvelèrent périodiquement.
D’autre part le projet français OCRS d’Organisation Commune des
Régions Sahariennes ambitionnait de détacher au bénéfice de la France
les zones sahariennes réputées riches en
ressources minières de l’Algérie, du Soudan Français (le futur Mali), du Niger
et du Tchad.
Le corollaire évident était d’obtenir l’adhésion des populations, de faire
miroiter aux yeux des ethnies blanches, la promesse de ne pas subir le « commandement
des anciens esclaves noirs».
L’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS) fut créée par la loi
française n° 057-7-27 du 10 Janvier 1957 parue dans le Journal Officiel
de la République Française du 12 janvier 1957. Le projet OCRS échoua parce que le Gouvernement de la
République Soudanaise dominé par le parti africain s’opposa fermement à cette
tentative d’atteinte à son intégrité territoriale
Le 30
octobre 1957, les Touaregs et les Maures de l'Azawad demandèrent à ne pas faire
partie du processus d'indépendance ouest-africain à travers une pétition signée
par 300 chefs locaux.
Cette
pétition portée à la connaissance des autorités françaises par une lettre
adressée au Général de Gaulle sera une lettre morte. Dans cette pétition, les
responsables Touaregs et Maures soulignaient
leur incompatibilité avec les sociétés subsahariennes et demandaient à
être intégrés au Sahara français qui était alors la partie sud de l'Algérie
Française.
L’année suivante, en 1958, en
présence du Gouverneur Général des colonies Messmer en visite au Soudan, le
conseiller territorial de Goundam, Mohamed El Mehdi, chef général des Kel
Antassar revendiquait l’indépendance de la zone saharienne pour «soustraire
les nomades blancs à la domination de leurs anciens esclaves noirs». Le
Gouverneur général Messmer envisageait favorablement la requête. Mais la partie
soudanaise fit valoir l’appartenance de la République Soudanaise à la
«Communauté Franco-africaine une et indivisible».
En conclusion, il ressort de tout ce qui vient d’être écrit que la France n’est pas sans
quelque responsabilité vis-à-vis de la rébellion touarègue qui repose aussi au moins partiellement, sur des
bases géographiques, ethniques et culturelles difficilement contournables.
La rébellion se poursuit et comme le disait, sous une autre
forme, Raymond Aron : Il suffit aux rebelles de ne pas perdre militairement pour gagner politiquement car le plus fort, qui
a la volonté de vaincre raisonne
en termes de guerre limitée, alors que le parti rebelle a la volonté de ne pas se laisser éliminer ou exterminer....
Le conflit n’est pas près de se terminer.
Paul Bureau
(Novembre 2012)
(1) « Etude économique préliminaire de la
région des lacs de la rive gauche du Niger. SOGETIM. (264 pages)»,
déposée actuellement à la Direction des Travaux Publics. Institut d’Etudes
Rurales. Bamako. Mali.
Bibliographie : notamment :
- Évolution de la vie économique et des structures
sociales du pays nomade du Mali. De la conquête française à l'autonomie
interne. Jean CLAUZEL. Tiers Monde
- Le
Soudan Français de 1939 à 1945. Vincent Joly. Karthala éditions.
- Aspects environnementaux et
sanitaires de la migration dans le système Faguibine. Hallassy Sidibe. IOM. Genève
- De l’identitaire au problème de la territorialité. L’OCRS
et les sociétés Kel Tamacheq du Mali. Naffet KEÏTA. Université de Bamako
- Cartes et diverses informations recueillies sur Google
(mots-clefs : Amazigh,
Soudan français, Mali).
Annexes :
- Cartes
numérotées de 1à 9.
- Carte de
la Région lacustre (extrait de l’Etude citée ci-dessus).
-
Déclaration d’Indépendance de l’AZAWAD, 6 avril 2012
- Lettre à
son Excellence M. François Hollande Président de la République Française. Par
le Président délégué pour les Affaires Internationales de l’AMA (Assemblée
Mondiale Amazighe).
- Lettre à
Monsieur François Hollande Président de la République Française. Par Monsieur
Fathi Nkhlifa, Président du Congrès Mondial Amazigh.
DÉCLARATION D’INDÉPENDANCE DE L'AZAWAD
NOUS, PEUPLE DE
L'AZAWAD,
Par la voix du
Mouvement National de Libération de L’Azawad après concertation avec :
·
Le
Comité Exécutif,
·
Le
Conseil Révolutionnaire,
·
Le
Conseil Consultatif,
·
L’Etat-Major
de l’Armée de Libération,
·
Les
bureaux régionaux
Rappelant les
principes du droit international et les principaux instruments juridiques
internationaux régissant le droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes,
notamment, la charte des Nations Unies en ses articles 1 et 55, les
dispositions pertinentes de la déclaration internationale des droits des
peuples autochtones;
Considérant, la
volonté explicitement exprimée dans la lettre datée du 30 mai 1958 adressée au
président français par les notables, guides spirituels de toutes les
composantes de l’AZAWAD;
Considérant
qu’en 1960, à l’occasion de l’octroi de l’Indépendance aux peuples
Ouest-Africains, la France a rattaché sans son consentement l’AZAWAD à l’Etat
malien qu’elle vient de créer;
Rappelant les
massacres, les exactions et humiliations, spoliations et génocides de 1963,
1990, 2006, 2010 et 2012, qui ont visé exclusivement le peuple de l’AZAWAD
jusqu’au 1er avril 2012;
Rappelant, le
comportement inhumain du Mali qui a utilisé les différentes sécheresses (1967,
1973, 1984, 2010….) pour faire disparaitre notre peuple par anéantissement
alors même qu’il a sollicité et obtenu une aide humanitaire généreuse;
Considérant
l’accumulation de plus de 50 ans de mal gouvernance, de corruption et de
collusion militaro politico financière, mettant en danger l’existence du peuple
de l’AZAWAD et en péril la stabilité sous-régionale et la paix internationale;
Considérant, la
libération complète du territoire de l’AZAWAD;
Proclamons irrévocablement, L’ETAT INDEPENDANT de l’AZAWAD à compter de ce
jour Vendredi 06 Avril 2012.
DECLARONS:
·
La reconnaissance des frontières
en vigueur avec les états limitrophes et leur inviolabilité;
·
L’adhésion totale à la charte
des Nations Unies;
·
L’engagement ferme du MNLA à
créer les conditions de paix durable, à initier les fondements institutionnels
de l’Etat basés sur une Constitution démocratique de l'Azawad indépendant.
Le Comité
Exécutif du MNLA invite l’ensemble de la Communauté Internationale dans un élan
de justice et de paix à reconnaitre sans délais l’Etat de l’AZAWAD Indépendant.
Le Comité Exécutif du MNLA jusqu’à la mise en place de l’Autorité du
Territoire de l’AZAWAD continuera à assurer la gestion de l’ensemble du
territoire.
GAO - 06/04/2012
SECRETAIRE
GENERAL-MNLA
BILLAL AG ACHERIF
Président de la République française
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg St-Honoré
75008 Paris
Monsieur Le Président,
Comme vous le savez, la décolonisation de
l´Afrique à la fin des années 1950-début des années 1960, s´est traduite par la
création de nouveaux Etats dont les frontières ont été tracées de manière tout
à fait arbitraire et sans tenir aucunement compte des peuples et de leurs
territoires traditionnels. Les Touaregs, peuple autochtone du Sahara et du
Sahel, ont ainsi assisté impuissants au découpage de leur pays, traversé
désormais par les frontières artificielles de 6 Etats : Algérie, Mali, Niger,
Libye, Burkina-Faso et Mauritanie.
Depuis, les Touaregs n’ont eu de cesse de
réclamer aux nouveaux Etats et à la communauté internationale, un statut
d’autonomie pour leurs territoires traditionnels, la reconnaissance de leur
spécificité socioculturelle (l’identité Tamacheq), l’accès équitable à leurs
ressources naturelles et la liberté de circulation dans toute l’aire touarègue,
dans le cadre d´Etats de droit.
Les Touaregs revendiquent également une
participation effective à la gestion des nouveaux Etats et une représentation
équitable au sein des institutions. Ils réclament aussi le droit d’être
considérés comme des citoyens à part entière, sans être stigmatisés ni
discriminés notamment à cause de la couleur de leur peau et de leur culture.
Pendant des décennies, les Touaregs ont
exprimé leurs revendications de manière pacifique. Malgré cela, la réponse des
gouvernements a toujours été la même : répression violente et manipulations de
toutes sortes, y compris ethniques, dans le but de détruire leur capacité de
contestation et d´organisation. Au Niger comme au Mali, cela s´est traduit dans
les années 1990, par des massacres de milliers de civils et la destruction de
leurs habitations, leurs cultures et leur cheptel.
Devant autant d’oppression et
d’injustices dans l´indifférence de la communauté internationale, les Touaregs
n’ont trouvé que les révoltes comme ultime recours, particulièrement au Mali et
au Niger et ce, depuis les années 1960. Leur but était de crier leur détresse
et d´alerter l´opinion sur la gravité de leur situation qui menace leur survie.
Et lorsque les Etats ont finalement été
contraints d´ouvrir le dialogue avec les représentants du peuple Touareg et de
signer des accords de «paix et pour le développement» avec eux dans les années
1990 et 2000, c´est pour ne jamais respecter ces accords, sauf dans leur volet
sécuritaire qui signifiait le désarmement des combattants Touaregs.
Entre temps, les conditions de vie des
populations se dégradent à grande vitesse à cause certes des aléas climatiques
(sécheresse) mais aussi et surtout à cause de l’accaparement de leurs
ressources naturelles et de leurs espaces vitaux par d’autres acteurs :
populations venues du sud, concessions d’exploration et d’exploitation des
ressources minières accordées par les gouvernements aux firmes multinationales,
etc. Les Touaregs subissent donc depuis des décennies diverses formes de
spoliation et d’affamement, en violation flagrante des principaux textes du
droit international relatif aux droits humains.
A cela s´est ajouté un phénomène nouveau
: l´occupation d´une partie des territoires Touaregs du nord-Niger et du
nord-Mali, par des groupes armés, islamistes, pilleurs, contrebandiers,
preneurs d´otages, narcotrafiquants, terroristes, etc, qui sévissent depuis une
dizaine d´années dans cette zone en toute liberté, au vu et au su, voire même
avec la complicité des Etats de la région, ce qui a fortement contraint
l´activité pastorale et provoqué la mort du tourisme, une des sources
importantes de revenus pour les populations autochtones.
Las de toutes les promesses non tenues et
de l´indifférence générale, les Touaregs du Mali organisés au sein du Mouvement
National de Libération de l´Azawad (MNLA) ont décidé en janvier 2012, de
prendre leur destin en main, avec cette fois, la revendication de
l´indépendance de l´Azawad, territoire historique des Touaregs situé au nord du
fleuve Niger. Le MNLA a fondé la légitimité de son action sur le droit à
l´autodétermination, conformément à la Charte des Nations Unies. Sur le plan
militaire, le MNLA a atteint son objectif en moins de trois mois, presque sans
livrer bataille tant l´armée malienne a abandonné le terrain sans résistance.
L´Etat indépendant de l´Azawad est
proclamé le 6 avril 2012 mais aucun autre Etat ne l´a reconnu ni n’a cherché à
établir un dialogue avec ses représentants. Au contraire, les manœuvres
obscures de certains Etats (Mali, Algérie, Arabie Saoudite, Qatar) qui avaient
débuté quelques mois auparavant dans le but de torpiller le projet du MNLA, ont
été accentuées sous la forme de puissants soutiens logistiques et financiers
accordés aux groupes islamistes terroristes (Alqaeda, Mujao, Boko-Haram, Ansar-Dine).
Pendant ce temps, l´Union Africaine, l´Union Européenne et l’ONU regardaient
ailleurs, comme s’ils préféraient voir l’Azawad (nord-Mali) aux mains des
groupes islamistes terroristes preneurs d´otages plutôt que sous le contrôle du
MNLA dont l´objectif pourtant légal aux yeux du droit international, était de
créer un Etat démocratique et laïque.
Militairement suréquipés et fortement
dotés financièrement, les islamistes ont vite fait de pointer leurs armes
contre le MNLA qui a fini par céder du terrain en abandonnant notamment les
principales villes de l´Azawad désormais contrôlées par les salafistes qui
tentent d´y imposer l´ordre intégriste. Cependant, à Gao comme à Tombouctou et
Kidal, les jeunes et les femmes en particulier tentent d’opposer une farouche
résistance à l´application de la Chari´a et ont courageusement exprimé leur
refus d´abandonner leurs traditions millénaires faites d´ouverture, de
tolérance et de liberté.
Monsieur Le Président, en affirmant le 26
septembre dernier devant l’assemblée générale de l’ONU que «ce qui se produit
au nord Mali est une menace pour l'Afrique de l'ouest, le Maghreb, et c'est
également un risque pour l'ensemble de la communauté internationale», vous avez
entendu ce que le CMA et d’autres organisations de la société civile dénoncent
depuis des mois, à savoir le grave danger que représentent les groupes
islamistes et leurs méthodes obscurantistes et criminelles.
Vous avez ensuite exhorté le Conseil de
sécurité de l’ONU à autoriser un déploiement de troupes de la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans le but de reprendre
le nord-Mali aux islamistes, avec un appui politique et logistique de la France
et de probablement de l’OTAN.
En tant qu’ONG de défense des droits du
peuple Amazigh, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) tient à vous alerter sur les
points suivants :
Le CMA est naturellement et par principe,
opposé à l’usage de la force militaire car une guerre laisse immanquablement
derrière elle son lot de destructions et de deuils. Il ne faut donc y recourir
que lorsqu’il n’y a aucune autre issue.
Les groupes islamo-terroristes n’auraient
jamais pu conquérir le territoire de l’Azawad sans l’appui logistique et
financier de certains Etats dont l’Algérie, l’Arabie-Saoudite et le Qatar. En
conséquence, il suffit de dénoncer fermement cette néfaste ingérence étrangère
et d’y mettre fin pour porter un très sérieux premier coup aux groupes
salafistes armés. La France, l’UE et l’ONU doivent faire comprendre par tous
les moyens à ces Etats qu’il est impératif et urgent de cesser leur soutien aux
groupes islamistes qui occupent l’Azawad.
Ensuite et si l’on veut atteindre
rapidement et efficacement l’objectif d’éliminer les groupes terroristes et
autres trafiquants qui contrôlent actuellement l’Azawad, c’est le MNLA et non
les troupes de la Cedeao qu’il faut aider car le MNLA dispose de combattants
aguerris, motivés, qui connaissent mieux que quiconque le terrain de l’Azawad
et qui bénéficient d’un certain capital de sympathie auprès des populations
locales. Envoyer des troupes étrangères à la région qui ne connaissent pas les
conditions particulières de vie dans le désert, c’est prendre beaucoup plus de
risques concernant la perte de vies humaines, l’allongement de la durée de
l’intervention et par conséquent l’enlisement de l’opération et au final, le
rejet de l’intervention par les populations.
Mais si, pour des raisons diverses, c’est
l’option Cedeao qui devait quand même l’emporter, le MNLA se dit prêt à
combattre aux côtés des soldats de la force africaine mais à condition d’être
étroitement associé à tous les niveaux de la stratégie militaire, depuis sa
conception jusqu’à sa réalisation opérationnelle sur le terrain.
Monsieur Le Président, le MNLA est un
allié précieux et incontournable qu’il est absolument nécessaire de mettre au
cœur du dispositif politique et militaire afin de garantir le succès de
l’intervention dans l’Azawad.
Il est également indispensable de
réfléchir dès à présent à l’avenir du Mali, à son développement et à la nécessaire
cohabitation pacifique et fructueuse de ses peuples et communautés. La France
et les instances internationales doivent chercher et proposer, par le dialogue
avec les parties prenantes, une solution qui va dans le sens du respect de la
volonté de l’Azawad de s’auto-gouverner et de la consolidation d’un Etat Malien
démocratique, plurinational et laique.
Dans tous les cas, il est impératif de
mettre fin aux causes fondamentales des révoltes des Touaregs, qui se répètent
depuis un demi-siècle. Ce peuple vulnérable et menacé, mérite toute l’attention
et la solidarité de la France et de la communauté internationale. Sans cela,
l’histoire se répètera, restaurant le chaos et faisant le désespoir de tous les
habitants de la zone sahélienne.
En espérant que notre présente lettre
retienne toute votre attention, nous vous prions d’agréer, Monsieur Le
Président, l’expression de notre haute considération.
P/le CMA
Le Président
Fathi Nkhlifa
Copie : Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’ONU, Martin Schulz, Président du Parlement
Européen, José Manuel Barroso,
Président de la Commission Européenne.
A Son
Excellence, M. François Hollande
Président de la République Française
Une solution politique au conflit malien avant l’intervention militaire
Monsieur Le Président,
Vous avez affirmé, lors de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York le 26 septembre dernier, que : « la situation dans le nord de Mali était insupportable, inadmissible et inacceptable », appelant à une intervention militaire urgente. Or, je tiens à attirer votre attention sur les risques que cette intervention se fasse sans la collaboration et l’implication directe des révolutionnaires du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA), ou pire que ces derniers soient non seulement ignorés mais traités comme les terroristes,... Les conséquences seraient désastreuses et irréversibles dans le Sahel, en Afrique du Nord (Tamazgha) et ne serait pas sans concerner l’Union Européenne dont la France aux premiers plans.
Ce conflit qui a opposé les révolutionnaires du MNLA (dont la majorité est touarègue) et les autorités militaires du Mali a déstabilisé toute la zone du Sahel, avec des risques majeurs et néfastes à vos intérêts économiques ainsi que pour la paix dans la région. Nous attirons votre attention sur le fait que le précédent gouvernement de Nicolas Sarkozy n’ayant rien fait pour dialoguer avec le MNLA, nous a conduit à faire un appel aux citoyens français d’origine amazighs pour un vote sanction contre lui lors des dernières élections présidentielles.
Président de la République Française
Une solution politique au conflit malien avant l’intervention militaire
Monsieur Le Président,
Vous avez affirmé, lors de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York le 26 septembre dernier, que : « la situation dans le nord de Mali était insupportable, inadmissible et inacceptable », appelant à une intervention militaire urgente. Or, je tiens à attirer votre attention sur les risques que cette intervention se fasse sans la collaboration et l’implication directe des révolutionnaires du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA), ou pire que ces derniers soient non seulement ignorés mais traités comme les terroristes,... Les conséquences seraient désastreuses et irréversibles dans le Sahel, en Afrique du Nord (Tamazgha) et ne serait pas sans concerner l’Union Européenne dont la France aux premiers plans.
Ce conflit qui a opposé les révolutionnaires du MNLA (dont la majorité est touarègue) et les autorités militaires du Mali a déstabilisé toute la zone du Sahel, avec des risques majeurs et néfastes à vos intérêts économiques ainsi que pour la paix dans la région. Nous attirons votre attention sur le fait que le précédent gouvernement de Nicolas Sarkozy n’ayant rien fait pour dialoguer avec le MNLA, nous a conduit à faire un appel aux citoyens français d’origine amazighs pour un vote sanction contre lui lors des dernières élections présidentielles.
La marginalisation des
revendications légitimes du MNLA a permis aux terroristes salafistes (AQMI,
MUJAO et Ansar Eddine) d’occuper les principales villes de nord du Mali
(Tombouctou, Gao et Kidal) où ils n’ont pas perdu le temps à appliquer
directement la « charia » et à terroriser la société civile, avec comme
premières victimes des femmes touarègues, battues et humiliées en plein public.
Venir à bout des groupes terroristes précités ne pourrait se faire qu’à la seule condition d’un accord entre le MNLA et le gouvernement transitoire du Mali, qui pourrait être aidé et renforcé par la CEDEAO et le soutien diplomatique de la France, des Etats Unis d’Amériques et des Nations Unies. Et pour qu’il y ait cet accord, il faudrait concilier entre les revendications séparatistes du MNLA et l’intangibilité des frontières que défend l’Etat malien.
Venir à bout des groupes terroristes précités ne pourrait se faire qu’à la seule condition d’un accord entre le MNLA et le gouvernement transitoire du Mali, qui pourrait être aidé et renforcé par la CEDEAO et le soutien diplomatique de la France, des Etats Unis d’Amériques et des Nations Unies. Et pour qu’il y ait cet accord, il faudrait concilier entre les revendications séparatistes du MNLA et l’intangibilité des frontières que défend l’Etat malien.
C’est dans ce sens que notre ONG,
l’Assemblée Mondiale Amazighe, qui défend les droits des amazighs, d’une façon
générale, et celle des touaregs en particulier, vous propose d’appuyer cette
formidable formule qui pourrait contribuer amplement à régler le problème
malien à travers « l’autonomie de l’Azawad dans le cadre d’un Etat
fédéral malien ».
Nous vous adressons, dans ce site web ci-après : http://charqi.blog4ever.com/blog/lire-article-379408-9516728-l_azawad_en...,
le texte de la conférence livrée en ce sens par le Dr. Mimoun Charqi, analyste juridique et politique, président d’honneur de l’AMA.
En vous remerciant de votre diligence, veuillez agréer, Monsieur Le Président, l’assurance de notre considération fort distinguée.
Signé : Rachid Raha
Président délégué pour les Affaires Internationales de l’AMA
Nous vous adressons, dans ce site web ci-après : http://charqi.blog4ever.com/blog/lire-article-379408-9516728-l_azawad_en...,
le texte de la conférence livrée en ce sens par le Dr. Mimoun Charqi, analyste juridique et politique, président d’honneur de l’AMA.
En vous remerciant de votre diligence, veuillez agréer, Monsieur Le Président, l’assurance de notre considération fort distinguée.
Signé : Rachid Raha
Président délégué pour les Affaires Internationales de l’AMA
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