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Réflexions sur l’AZAWAD Mali



                         Réflexions sur  l’AZAWAD
                                    (Mali)
                  Territoire déjà revendiqué à
                          l’époque coloniale


Le Mali, avant son indépendance, faisait partie de l’Afrique Occidentale Française sous les appellations successives de Sénégal-Niger, Haut Sénégal-Niger et Soudan français, (cf. carte n°1).
Il devint le 24 novembre 1958 « Etat membre de la communauté Franco-africaine » et obtint l’indépendance le 28 septembre 1960.
Sa superficie est de 1.240.000 km2 (2,25 fois la France : 552.000 km2).
Depuis le coup d'État militaire du 22 mars 2012 qui a chassé du pouvoir le président Touré, les Touaregs du MNLA, Mouvement National de Libération de l’Azawad, ainsi que le groupe islamique Ansar Dine et des milices islamistes liées à Al-Qaida et au Maghreb islamique (Aqmi) se sont emparés de plusieurs villes du nord du pays.
Les Islamistes veulent imposer la charria à tout le pays, considérant que l’avenir de l’Islam est le retour vers un passé qu’ils souhaitent figer. Je n’en dirai pas plus à leur sujet.
Le MLNA, quant à lui, veut faire du nord du Mali un État touareg. Il a proclamé, le 6 avril 2012, la création de «l'État indépendant de l'Azawad», qui comprendrait les trois régions du nord : Gao, Kidal et Tombouctou,  soit 825.000 km2 représentant  à peu près les deux tiers de la superficie du pays  pour seulement 10% de sa population, (cf. annexe 1 et carte n°2).
Le principe d’une séparation du Nord du Mali n’est pas une donnée nouvelle, elle avait été autrefois, avant l’indépendance du pays, sérieusement envisagée par la France elle-même (§4 ci-après). Il faut rappeler aussi qu’antérieurement les Touaregs furent le dernier peuple d'Afrique de l'Ouest soumis par les Français, et que leurs terres de transhumance furent réparties entre le Niger, le nord du Mali, l'Algérie et la Libye.
La revendication actuelle du MLNA n’est pas étrangère à ces faits et peut s’expliquer aussi, en partie au moins, par certaines caractéristiques propres à cette région que j’avais connue en 1956, deux ans avant l’indépendance du Mali, en participant activement, notamment par une prospection de 6 mois sur place, à une étude exploratoire de l’économie locale (1).
Sur ce territoire immense il n’y avait alors que quelques pistes temporairement utilisables en jeep ou land rover, il fallait aussi se déplacer à méhari ou en pirogue.
La population d’environ 300.000 hab. ne comptait que 10 à 15 Français, de professions différentes, assez isolés et en séjour temporaire. Les moyens matériels nécessaires aux activités (essence, hors bord pour pirogue..) étaient acheminés par le Niger ou par un avion bimoteur atterrissant dans la brousse près de Goundam.

1. Milieu naturel
Le Mali est à cheval sur trois zones climatiques, (cf. carte n°3).
Les deux  tiers nord du pays sont entièrement désertiques, avec des précipitations annuelles inférieures à 130 mm.
Au centre, la région sahélienne est relativement sèche (pluviométrie annuelle de 200-400 mm, mais avec régime de tornades), elle est couverte de steppe remplacée progressivement vers le sud par la savane. Le Sahel (de l'arabe ساحل sahel signifiant côte ou frontière) désigne une bande de territoires marquant la transition, à la fois floristique et climatique, entre le domaine saharien au nord et les
savanes au sud.
Dans le centre du Mali débute une vaste étendue de marécages, due aux nombreux bras du Niger, la plus grande « zone humide » d’Afrique, le Delta central nigérien, qui s’étend sur 400 km, (cf. carte n°4).
Au sud, la région soudanaise avec des précipitations de 1 400 mm par an est couverte d’une savane devenant de plus en plus dense et se transformant progressivement en forêt vers le sud.
L’Azawad situé au nord du Sahel est une zone essentiellement de transhumance, avec une composante agricole dans sa partie sud, d’une grande richesse agricole grâce aux cultures de décrue (riz et sorgho) pratiquées dans les lacs d’inondation du Niger : lac Fati, lac Horo, et surtout le grand lac Faguibine (situé en haut des cartes 5 et 6, et voir carte de la Région lacustre) de 860 km2, à comparer au lac Léman 580 km2 et au lac du Bourget 44 km2. Ces lacs sont situés
dans la partie nord de la « zone humide » citée précédemment.
Mais le débit moyen du Niger a diminué progressivement en raison de la baisse du régime pluviométrique et des pompages en amont, passant de 1400 m3/s en 1956 à 400 actuellement. Le grand lac Faguibine est à présent le plus souvent complètement sec, partiellement envahi par les sables, en raison de l’avancée du désert, ce qui est une véritable catastrophe écologique.
Les « bourgoutières », dans les zones d’inondation en bordure du Niger où se développe le bourgou, une graminée (Echinochloa stagnina),  restent une importante source d’alimentation pour le bétail, mais leurs surfaces diminuent considérablement.


2. Population, groupes ethniques et culturels.
Le Mali dans son ensemble compte actuellement environ 14.550.000 hab. (contre 4.500.000  en 1956).
De nombreuses ethnies cohabitent : Bambara (35%), Peuhl (12%), Touareg et Maure, Senoufo, Sarakolé, Sonraï, Malinké, Bobo, Minianka, Toucouleur, Somono, Bozo, Dogon, etc.
Le français est la langue officielle. La question linguistique ne facilite pas la construction d’un sentiment national.
Dans l’Azawad la population est composée essentiellement de :
Sonraïs. (30%) Ils sont agriculteurs.
Peulhs. Eleveurs, arrivés au 18ème siècle, ils constituent une minorité ethnique et pratiquent la transhumance dans toute la zone.
Maures. (3%) d’’origine berbère, ils sont originaires des régions de Tombouctou et de Mauritanie, et sont considérés comme de grands éleveurs de chameaux et caravaniers transsahariens.
 Bozos. Peu nombreux, pêcheurs.
Touaregs. (60%) ils sont nomades, éleveurs, d’origine berbère. Ils se sont installés durablement dans cette région du Mali au XVIe siècle. Leurs tribus principales sont : les kel Antassar, les Tenguéréguifs, les kel Haoussa.
Au XII° siècle Tombouctou était un lieu de campement de nomades berbères. Au XVe siècle, la construction de la mosquée de Sankoré fut à l’origine d’une université islamique de renommée internationale qui compta, sous le régime de Sonni Ali le Grand héros de l’empire Sonraï, jusqu'à 25.000 étudiants, Tombouctou ayant alors 100.000 habitants.
Le déclin de la ville passée sous contrôle des Touaregs commença au XVIIe siècle avec la diminution de leurs activités commerciales.
 Lorsque les français prirent le contrôle de Tombouctou en 1894 sa population était d'environ 4 000 habitants. Elle était dirigée par une élite musulmane payant tribut aux Touaregs[. ; iI en était pratiquement de même en 1956. Actuellement sa population est d’environ 30.000 habitants, la ville compte un aéroport, etc.
 Les Touaregs avaient dans cette région des captifs sonraïs, appelés bellahs et des villages agricoles captifs, les débés.
 Avant l’indépendance du Mali, des ententes tacites liaient sédentaires noirs, captifs ou non, et nomades blancs, dans le respect de leurs intérêts mutuels.

3. Différences culturelles.
L’Azawad et le nord du Niger sont culturellement rattachés au Maghreb, et non pas à l’Afrique noire de l’Afrique subsaharienne.
Les Touaregs sont culturellement plus proches des traditions judéo-chrétiennes et islamiques que du négrisme (selon le terme proposé par Albert Memmi et avalisé par Léopold Senghor pour désigner l’ensemble des traits culturels des Noirs), (cf. carte n°7).
L’histoire des Berbères (amazighs), groupe ethnique d'Afrique du Nord, remonte à l'Antiquité. Les amazighs seraient venus du Yémen vers l'Afrique du nord et se sont répandus en Libye, en Tunisie, en Algérie, au Maroc, et plus au sud en Mauritanie, (cf. carte n°8).  Ils fondèrent le royaume de Numidie (Hannibal). Ils furent successivement christianisés (St. Cyprien) puis islamisés (la reine berbère Kahéna s’opposa longtemps en Kabylie à l’avancée des musulmans vers l’Espagne). Actuellement ils font tous partie du monde musulman.
 Leur écriture le tifinar (cf. n°9) est très proche de celle des transcriptions trouvées dans divers sites de l'ancienne civilisation Yéménite ainsi qu’au Hoggar. Leur langue a connu beaucoup de changements dûs à l’interférence de l'arabe et du français.
Pendant des siècles, les Touaregs ont pris des esclaves dans d'autres tribus du désert et se sont mariés avec des membres de celles-ci. Il en a résulté un groupe ethnique se distinguant en premier lieu par une langue commune, le tamasheq, apparentée à la langue berbère parlée en Afrique du Nord.
Au sein des tribus chaque individu occupe un rang social précis : nobles, lettrés, hommes libres et vassaux, artisans, esclaves libérés, esclaves. A cela s'ajoute une dimension ethnique, en raison de l'existence de Touaregs à la peau blanche, aux statuts sociaux élevés, et de Touaregs à la peau noire, descendants d'esclaves.
 La relation maître-esclave chez les Touaregs est une relation complexe, un mélange de complicité et de servitude, et d’obligations réciproques, rappelant la relation décrite par  Columelle, agronome latin, dans « De re rustica » à propos des relations entre propriétaire terrien et esclaves attachés à leur domaine.
Le régime matrimonial est le matriarcat. L'habitat traditionnel est la tente.
La prospérité des touaregs était basée sur leurs échanges commerciaux, dont l'esclavage, entre la zone soudanaise du Sahel africain et le Maghreb. Elle déclina lorsque les Européens ouvrirent la voie maritime pour le commerce entre l'Afrique du Nord et l'Afrique noire…et avec l'apparition de la traite négrière qui rapprochait cette activité des côtes.
En revanche en  Afrique noire, dans l’identité personnelle de chacun il y a une dimension spirituelle liée à l’origine ancestrale, et qui pénètre plus profondément que les religions importées telles que l’islam et le christianisme….
Les traditions se transmettent oralement. Les griots exercent toujours leurs fonctions de musiciens-poètes transmettant l’histoire du pays et des hommes sur plusieurs générations. Bakary Soumano, chef des griots du Mali de 1994 à 2003, a d’ailleurs contribué à réhabiliter les fonctions du griot dans la société moderne.

4. Eléments politiques
Après la conquête coloniale, la région nord du Soudan français correspondant à l’Azawad est restée territoire militaire et a été administrée différemment des autres régions, elle n’en a pas  vécu les mêmes évolutions politiques et sociales.
L’administration coloniale se caractérisait par la séparation systématique des deux populations, créant une discrimination entre nomades blancs et sédentaires noirs. Rien n'avait été entrepris en direction des populations nomades dans le domaine social et culturel.
Seules les populations sédentaires étaient astreintes aux 10 jours annuels de prestations obligatoires pour l'entretien des routes et la construction de bâtiments administratifs. Seules, elles étaient soumises, aux recrutements pour I'école, l'armée, et pour les corvées exigées pour les industries coloniales.
Le premier à se préoccuper de la scolarisation des populations nomades aura été le chef des Kel Antessar de l'Ouest, Mohamed Ali Ag Attaher. Il fit ouvrir des écoles sous la tente, pour sa tribu, et il en faisait assumer les dépenses par les parents des enfants ainsi scolarisés. L’institution d’écoles sous la tente, adaptées à la vie migratoire des populations nomades, la mise en place de cantines scolaires ont été des mesures spécifiques à leur mode de vie.
 La décolonisation intervenue au début des années 60 se traduisit, pour les Touaregs du Niger et du Mali, par l'inversion des rapports dominants/dominés puisque, dans ces deux pays, le contrôle des appareils d'État revint à des ethnies négro-africaines sédentaires. Les anciens « razziés » purent assouvir une vengeance historique à l'encontre de leurs « razzieurs »… La mise à l'écart des Touaregs a constitué une sorte de revanche des anciens esclaves noirs contre leurs maîtres.
S'estimant exclus du partage du pouvoir et marginalisés à la fois politiquement et économiquement, les Touaregs commencèrent une lutte armée contre leurs nouveaux maîtres dès les années 1961-63 au Niger et au Mali, tentatives rapidement résorbées, mais qui se renouvelèrent périodiquement.
D’autre part le projet français OCRS d’Organisation Commune des Régions Sahariennes ambitionnait de détacher au bénéfice de la France les  zones sahariennes réputées riches en ressources minières de l’Algérie, du Soudan Français (le futur Mali), du Niger et du Tchad.
Le corollaire évident était d’obtenir l’adhésion des populations, de faire miroiter aux yeux des ethnies blanches, la promesse de ne pas subir le « commandement des anciens esclaves noirs».
L’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS) fut créée par la loi française n° 057-7-27 du 10 Janvier 1957 parue dans le Journal Officiel de la République Française du 12 janvier 1957. Le projet OCRS échoua parce que le Gouvernement de la République Soudanaise dominé par le parti africain s’opposa fermement à cette tentative d’atteinte à son intégrité territoriale
Le 30 octobre 1957, les Touaregs et les Maures de l'Azawad demandèrent à ne pas faire partie du processus d'indépendance ouest-africain à travers une pétition signée par 300 chefs locaux.
Cette pétition portée à la connaissance des autorités françaises par une lettre adressée au Général de Gaulle sera une lettre morte. Dans cette pétition, les responsables Touaregs et Maures soulignaient  leur incompatibilité avec les sociétés subsahariennes et demandaient à être intégrés au Sahara français qui était alors la partie sud de l'Algérie Française.
L’année suivante, en 1958, en présence du Gouverneur Général des colonies Messmer en visite au Soudan, le conseiller territorial de Goundam, Mohamed El Mehdi, chef général des Kel Antassar revendiquait l’indépendance de la zone saharienne pour «soustraire les nomades blancs à la domination de leurs anciens esclaves noirs». Le Gouverneur général Messmer envisageait favorablement la requête. Mais la partie soudanaise fit valoir l’appartenance de la République Soudanaise à la «Communauté Franco-africaine une et indivisible».

En conclusion, il ressort de tout ce qui vient d’être écrit que la France n’est pas sans quelque responsabilité vis-à-vis de la rébellion touarègue qui  repose aussi au moins partiellement, sur des bases géographiques, ethniques et culturelles difficilement contournables.
La rébellion se poursuit et comme le disait, sous une autre forme, Raymond Aron : Il suffit aux rebelles de ne pas perdre militairement pour gagner politiquement car le plus fort, qui a la  volonté de vaincre raisonne en termes de guerre limitée, alors que le parti rebelle a la volonté  de ne pas se laisser éliminer ou exterminer....
Le conflit n’est pas près de se terminer.

                                                               Paul Bureau
                                                            (Novembre 2012)

(1) « Etude économique préliminaire de la région des lacs de la rive gauche du Niger. SOGETIM. (264 pages)», déposée actuellement à la Direction des Travaux Publics. Institut d’Etudes Rurales. Bamako. Mali.
Bibliographie : notamment :
- Évolution de la vie économique et des structures sociales du pays nomade du Mali. De la conquête française à l'autonomie interne. Jean CLAUZEL. Tiers Monde
- Le Soudan Français de 1939 à 1945. Vincent Joly. Karthala éditions.
- Aspects environnementaux et sanitaires de la migration dans le système     Faguibine. Hallassy Sidibe. IOM. Genève
- De l’identitaire au problème de la territorialité. L’OCRS et les sociétés Kel Tamacheq du Mali. Naffet KEÏTA. Université de Bamako
- Cartes et diverses informations recueillies sur Google (mots-clefs : Amazigh,         Soudan français, Mali).

Annexes :
- Cartes numérotées de 1à 9.
- Carte de la Région lacustre (extrait de l’Etude citée ci-dessus).
- Déclaration d’Indépendance de l’AZAWAD, 6 avril 2012
- Lettre à son Excellence M. François Hollande Président de la République Française. Par le Président délégué pour les Affaires Internationales de l’AMA (Assemblée Mondiale Amazighe).
- Lettre à Monsieur François Hollande Président de la République Française. Par Monsieur Fathi Nkhlifa, Président du Congrès Mondial Amazigh.
















DÉCLARATION D’INDÉPENDANCE DE L'AZAWAD
NOUS, PEUPLE DE L'AZAWAD,
Par la voix du Mouvement National de Libération de L’Azawad après concertation avec :
·                     Le Comité Exécutif,
·                     Le Conseil Révolutionnaire,
·                     Le Conseil Consultatif,
·                     L’Etat-Major de l’Armée de Libération,
·                     Les bureaux régionaux
Rappelant les principes du droit international et les principaux instruments juridiques internationaux régissant le droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes, notamment, la charte des Nations Unies en ses articles 1 et 55, les dispositions pertinentes de la déclaration internationale des droits des peuples autochtones;
Considérant, la volonté explicitement exprimée dans la lettre datée du 30 mai 1958 adressée au président français par les notables, guides spirituels de toutes les composantes de l’AZAWAD;
Considérant qu’en 1960, à l’occasion de l’octroi de l’Indépendance aux peuples Ouest-Africains, la France a rattaché sans son consentement l’AZAWAD à l’Etat malien qu’elle vient de créer;
Rappelant les massacres, les exactions et humiliations, spoliations et génocides de 1963, 1990, 2006, 2010 et 2012, qui ont visé exclusivement le peuple de l’AZAWAD jusqu’au 1er avril 2012;
Rappelant, le comportement inhumain du Mali qui a utilisé les différentes sécheresses (1967, 1973, 1984, 2010….) pour faire disparaitre notre peuple par anéantissement alors même qu’il a sollicité et obtenu une aide humanitaire généreuse;
Considérant l’accumulation de plus de 50 ans de mal gouvernance, de corruption et de collusion militaro politico financière, mettant en danger l’existence du peuple de l’AZAWAD et en péril la stabilité sous-régionale et la paix internationale;
Considérant, la libération complète du territoire de l’AZAWAD;
Proclamons irrévocablement, L’ETAT INDEPENDANT de l’AZAWAD à compter de ce jour Vendredi 06 Avril 2012.
DECLARONS:
·                     La reconnaissance des frontières en vigueur avec les états limitrophes et leur inviolabilité;
·                     L’adhésion totale à la charte des Nations Unies;
·                     L’engagement ferme du MNLA à créer les conditions de paix durable, à initier les fondements institutionnels de l’Etat basés sur une Constitution démocratique de l'Azawad indépendant.
Le Comité Exécutif du MNLA invite l’ensemble de la Communauté Internationale dans un élan de justice et de paix à reconnaitre sans délais l’Etat de l’AZAWAD Indépendant.
Le Comité Exécutif du MNLA jusqu’à la mise en place de l’Autorité du Territoire de l’AZAWAD continuera à assurer la gestion de l’ensemble du territoire.

GAO - 06/04/2012
SECRETAIRE GENERAL-MNLA
BILLAL AG ACHERIF



Monsieur François Hollande
Président de la République française
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg St-Honoré
75008 Paris

Monsieur Le Président,
Comme vous le savez, la décolonisation de l´Afrique à la fin des années 1950-début des années 1960, s´est traduite par la création de nouveaux Etats dont les frontières ont été tracées de manière tout à fait arbitraire et sans tenir aucunement compte des peuples et de leurs territoires traditionnels. Les Touaregs, peuple autochtone du Sahara et du Sahel, ont ainsi assisté impuissants au découpage de leur pays, traversé désormais par les frontières artificielles de 6 Etats : Algérie, Mali, Niger, Libye, Burkina-Faso et Mauritanie.
Depuis, les Touaregs n’ont eu de cesse de réclamer aux nouveaux Etats et à la communauté internationale, un statut d’autonomie pour leurs territoires traditionnels, la reconnaissance de leur spécificité socioculturelle (l’identité Tamacheq), l’accès équitable à leurs ressources naturelles et la liberté de circulation dans toute l’aire touarègue, dans le cadre d´Etats de droit.
Les Touaregs revendiquent également une participation effective à la gestion des nouveaux Etats et une représentation équitable au sein des institutions. Ils réclament aussi le droit d’être considérés comme des citoyens à part entière, sans être stigmatisés ni discriminés notamment à cause de la couleur de leur peau et de leur culture.
Pendant des décennies, les Touaregs ont exprimé leurs revendications de manière pacifique. Malgré cela, la réponse des gouvernements a toujours été la même : répression violente et manipulations de toutes sortes, y compris ethniques, dans le but de détruire leur capacité de contestation et d´organisation. Au Niger comme au Mali, cela s´est traduit dans les années 1990, par des massacres de milliers de civils et la destruction de leurs habitations, leurs cultures et leur cheptel.
Devant autant d’oppression et d’injustices dans l´indifférence de la communauté internationale, les Touaregs n’ont trouvé que les révoltes comme ultime recours, particulièrement au Mali et au Niger et ce, depuis les années 1960. Leur but était de crier leur détresse et d´alerter l´opinion sur la gravité de leur situation qui menace leur survie.
Et lorsque les Etats ont finalement été contraints d´ouvrir le dialogue avec les représentants du peuple Touareg et de signer des accords de «paix et pour le développement» avec eux dans les années 1990 et 2000, c´est pour ne jamais respecter ces accords, sauf dans leur volet sécuritaire qui signifiait le désarmement des combattants Touaregs.
Entre temps, les conditions de vie des populations se dégradent à grande vitesse à cause certes des aléas climatiques (sécheresse) mais aussi et surtout à cause de l’accaparement de leurs ressources naturelles et de leurs espaces vitaux par d’autres acteurs : populations venues du sud, concessions d’exploration et d’exploitation des ressources minières accordées par les gouvernements aux firmes multinationales, etc. Les Touaregs subissent donc depuis des décennies diverses formes de spoliation et d’affamement, en violation flagrante des principaux textes du droit international relatif aux droits humains.
A cela s´est ajouté un phénomène nouveau : l´occupation d´une partie des territoires Touaregs du nord-Niger et du nord-Mali, par des groupes armés, islamistes, pilleurs, contrebandiers, preneurs d´otages, narcotrafiquants, terroristes, etc, qui sévissent depuis une dizaine d´années dans cette zone en toute liberté, au vu et au su, voire même avec la complicité des Etats de la région, ce qui a fortement contraint l´activité pastorale et provoqué la mort du tourisme, une des sources importantes de revenus pour les populations autochtones.
Las de toutes les promesses non tenues et de l´indifférence générale, les Touaregs du Mali organisés au sein du Mouvement National de Libération de l´Azawad (MNLA) ont décidé en janvier 2012, de prendre leur destin en main, avec cette fois, la revendication de l´indépendance de l´Azawad, territoire historique des Touaregs situé au nord du fleuve Niger. Le MNLA a fondé la légitimité de son action sur le droit à l´autodétermination, conformément à la Charte des Nations Unies. Sur le plan militaire, le MNLA a atteint son objectif en moins de trois mois, presque sans livrer bataille tant l´armée malienne a abandonné le terrain sans résistance.
L´Etat indépendant de l´Azawad est proclamé le 6 avril 2012 mais aucun autre Etat ne l´a reconnu ni n’a cherché à établir un dialogue avec ses représentants. Au contraire, les manœuvres obscures de certains Etats (Mali, Algérie, Arabie Saoudite, Qatar) qui avaient débuté quelques mois auparavant dans le but de torpiller le projet du MNLA, ont été accentuées sous la forme de puissants soutiens logistiques et financiers accordés aux groupes islamistes terroristes (Alqaeda, Mujao, Boko-Haram, Ansar-Dine). Pendant ce temps, l´Union Africaine, l´Union Européenne et l’ONU regardaient ailleurs, comme s’ils préféraient voir l’Azawad (nord-Mali) aux mains des groupes islamistes terroristes preneurs d´otages plutôt que sous le contrôle du MNLA dont l´objectif pourtant légal aux yeux du droit international, était de créer un Etat démocratique et laïque.

Militairement suréquipés et fortement dotés financièrement, les islamistes ont vite fait de pointer leurs armes contre le MNLA qui a fini par céder du terrain en abandonnant notamment les principales villes de l´Azawad désormais contrôlées par les salafistes qui tentent d´y imposer l´ordre intégriste. Cependant, à Gao comme à Tombouctou et Kidal, les jeunes et les femmes en particulier tentent d’opposer une farouche résistance à l´application de la Chari´a et ont courageusement exprimé leur refus d´abandonner leurs traditions millénaires faites d´ouverture, de tolérance et de liberté.
Monsieur Le Président, en affirmant le 26 septembre dernier devant l’assemblée générale de l’ONU que «ce qui se produit au nord Mali est une menace pour l'Afrique de l'ouest, le Maghreb, et c'est également un risque pour l'ensemble de la communauté internationale», vous avez entendu ce que le CMA et d’autres organisations de la société civile dénoncent depuis des mois, à savoir le grave danger que représentent les groupes islamistes et leurs méthodes obscurantistes et criminelles.
Vous avez ensuite exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à autoriser un déploiement de troupes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans le but de reprendre le nord-Mali aux islamistes, avec un appui politique et logistique de la France et de probablement de l’OTAN.
En tant qu’ONG de défense des droits du peuple Amazigh, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) tient à vous alerter sur les points suivants :
Le CMA est naturellement et par principe, opposé à l’usage de la force militaire car une guerre laisse immanquablement derrière elle son lot de destructions et de deuils. Il ne faut donc y recourir que lorsqu’il n’y a aucune autre issue.
Les groupes islamo-terroristes n’auraient jamais pu conquérir le territoire de l’Azawad sans l’appui logistique et financier de certains Etats dont l’Algérie, l’Arabie-Saoudite et le Qatar. En conséquence, il suffit de dénoncer fermement cette néfaste ingérence étrangère et d’y mettre fin pour porter un très sérieux premier coup aux groupes salafistes armés. La France, l’UE et l’ONU doivent faire comprendre par tous les moyens à ces Etats qu’il est impératif et urgent de cesser leur soutien aux groupes islamistes qui occupent l’Azawad.
Ensuite et si l’on veut atteindre rapidement et efficacement l’objectif d’éliminer les groupes terroristes et autres trafiquants qui contrôlent actuellement l’Azawad, c’est le MNLA et non les troupes de la Cedeao qu’il faut aider car le MNLA dispose de combattants aguerris, motivés, qui connaissent mieux que quiconque le terrain de l’Azawad et qui bénéficient d’un certain capital de sympathie auprès des populations locales. Envoyer des troupes étrangères à la région qui ne connaissent pas les conditions particulières de vie dans le désert, c’est prendre beaucoup plus de risques concernant la perte de vies humaines, l’allongement de la durée de l’intervention et par conséquent l’enlisement de l’opération et au final, le rejet de l’intervention par les populations.
Mais si, pour des raisons diverses, c’est l’option Cedeao qui devait quand même l’emporter, le MNLA se dit prêt à combattre aux côtés des soldats de la force africaine mais à condition d’être étroitement associé à tous les niveaux de la stratégie militaire, depuis sa conception jusqu’à sa réalisation opérationnelle sur le terrain.
Monsieur Le Président, le MNLA est un allié précieux et incontournable qu’il est absolument nécessaire de mettre au cœur du dispositif politique et militaire afin de garantir le succès de l’intervention dans l’Azawad.
Il est également indispensable de réfléchir dès à présent à l’avenir du Mali, à son développement et à la nécessaire cohabitation pacifique et fructueuse de ses peuples et communautés. La France et les instances internationales doivent chercher et proposer, par le dialogue avec les parties prenantes, une solution qui va dans le sens du respect de la volonté de l’Azawad de s’auto-gouverner et de la consolidation d’un Etat Malien démocratique, plurinational et laique.
Dans tous les cas, il est impératif de mettre fin aux causes fondamentales des révoltes des Touaregs, qui se répètent depuis un demi-siècle. Ce peuple vulnérable et menacé, mérite toute l’attention et la solidarité de la France et de la communauté internationale. Sans cela, l’histoire se répètera, restaurant le chaos et faisant le désespoir de tous les habitants de la zone sahélienne.
En espérant que notre présente lettre retienne toute votre attention, nous vous prions d’agréer, Monsieur Le Président, l’expression de notre haute considération.
P/le CMA
Le Président
Fathi Nkhlifa











Copie : Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’ONU, Martin Schulz, Président du Parlement Européen, José Manuel Barroso, Président de la Commission Européenne.



A Son Excellence, M. François Hollande

Président de la République Française


Une solution politique au conflit malien avant l’intervention militaire

Monsieur Le Président,

Vous avez affirmé, lors de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York le 26 septembre dernier, que : « la situation dans le nord de Mali était insupportable, inadmissible et inacceptable », appelant à une intervention militaire urgente. Or, je tiens à attirer votre attention sur les risques que cette intervention se fasse sans la collaboration et l’implication directe des révolutionnaires du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA), ou pire que ces derniers soient non seulement ignorés mais traités comme les terroristes,... Les conséquences seraient désastreuses et irréversibles dans le Sahel, en Afrique du Nord (Tamazgha) et ne serait pas sans concerner l’Union Européenne dont la France aux premiers plans.

Ce conflit qui a opposé les révolutionnaires du MNLA (dont la majorité est touarègue) et les autorités militaires du Mali a déstabilisé toute la zone du Sahel, avec des risques majeurs et néfastes à vos intérêts économiques ainsi que pour la paix dans la région. Nous attirons votre attention sur le fait que le précédent gouvernement de Nicolas Sarkozy n’ayant rien fait pour dialoguer avec le MNLA, nous a conduit à faire un appel aux citoyens français d’origine amazighs pour un vote sanction contre lui lors des dernières élections présidentielles.
La marginalisation des revendications légitimes du MNLA a permis aux terroristes salafistes (AQMI, MUJAO et Ansar Eddine) d’occuper les principales villes de nord du Mali (Tombouctou, Gao et Kidal) où ils n’ont pas perdu le temps à appliquer directement la « charia » et à terroriser la société civile, avec comme premières victimes des femmes touarègues, battues et humiliées en plein public.

Venir à bout des groupes terroristes précités ne pourrait se faire qu’à la seule condition d’un accord entre le MNLA et le gouvernement transitoire du Mali, qui pourrait être aidé et renforcé par la CEDEAO et le soutien diplomatique de la France, des Etats Unis d’Amériques et des Nations Unies. Et pour qu’il y ait cet accord, il faudrait concilier entre les revendications séparatistes du MNLA et l’intangibilité des frontières que défend l’Etat malien.
C’est dans ce sens que notre ONG, l’Assemblée Mondiale Amazighe, qui défend les droits des amazighs, d’une façon générale, et celle des touaregs en particulier, vous propose d’appuyer cette formidable formule qui pourrait contribuer amplement à régler le problème malien à travers « l’autonomie de l’Azawad dans le cadre d’un Etat fédéral malien ».

Nous vous adressons, dans ce site web ci-après :
http://charqi.blog4ever.com/blog/lire-article-379408-9516728-l_azawad_en...,

le texte de la conférence livrée en ce sens par le Dr. Mimoun Charqi, analyste juridique et politique, président d’honneur de l’AMA.

En vous remerciant de votre diligence, veuillez agréer, Monsieur Le Président, l’assurance de notre considération fort distinguée.
Signé : Rachid Raha

Président délégué pour les Affaires Internationales de l’AMA



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