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Al Qaïda et les origines du terrorisme islamique


A propos du livre de Lawrence Wrigth « La guerre cachée – Al Qaïda et les
origines du terrorisme islamique »



En considérant l’évolution de l’Islamisme décrite dans ce livre, certains personnages
et certains faits me sont apparus particulièrement déterminants, j’ai voulu les relever dans cet
exposé.
En introduction, deux réflexions me viennent à l’esprit :
- Hubert Védrine écrivait récemment : « Nous sommes à la veille d’une formidable
remise en cause par les non occidentaux (5 milliards sur 6,5) du Droit de l’Occident à régenter
en tout, à dire ce qui est bien et ce qui est mal »
L’islamisme, important mouvement politico-religieux, s’inscrit bien, me semble t-il,
dans cette contestation.
- Régis Debray, lors d’une interview, estimait qu’ « une religion est à la fois Dieu et
le Diable » : Dieu lorsqu’elle relie, qu’elle crée un lien entre les hommes, le Diable
lorsqu’elle sert la discrimination, le rejet.
L’Islamisme le Diable de l’Islam ? Sûrement, il en détourne d’ailleurs les préceptes…
Lawrence Wrigth, journaliste au New Yorker, a commencé sa carrière comme
enseignant en Egypte. Ce livre, couronnée par le prix Pulitzer 2007, est, d’après l’éditeur,
l'enquête la plus approfondie écrite à ce jour sur l'histoire du terrorisme islamiste. C’est le
résultat de cinq années d’investigation avec plus de 500 interviews.
L’auteur expose la radicalisation croissante de l'islamisme depuis 1948, date de
création de l’état d’Israël, et livre des informations abondantes sur les origines, les
protagonistes, les motivations idéologiques et théologiques de l’islamisme.
Il consacre une part importante au côté humain, personnel, presque intime des
personnages… Mais il serait trop long d’en faire état dans cet exposé.
Un second fil, dont je ne parlerai pas, vient peu à peu s'imbriquer avec ce récit : les
tentatives des services secrets américains pour essayer de comprendre ce qui se trame.
L’auteur montre comment les conflits d'intérêts entre CIA et FBI ont conduit à une rétention
d'informations aux conséquences meurtrières…
Chronologiquement, tout commence par la création en 1928 de la Société des Frères
musulmans par Hassan el Banna, son guide suprême, assassiné au Caire le 12 fév. 1949.
Cette société avait assuré la seule résistance organisée et efficace à l’occupation britannique.
Hassan el Banna écrivait : « Il est dans la nature de l’Islam de dominer, pas d’être dominé,
d’imposer sa loi sur toutes nations, et d’étendre son pouvoir sur la planète entière » Dans la
religion telle qu’il la conçoit la guerre occupe une place centrale, le jihad n’a pas de fin. Le
sous produit naturel de l’exaltation islamiste est la mort préférée à la vie. Il dit : « Celui qui
périt sans avoir combattu et n’a pas choisi de se battre meurt en état de jahiliya (monde païen
existant avant la révélation du prophète)». Il ajoute même « la mort est un art » Cette violence
va profondément s’enraciner dans la mouvance islamiste.
L'Égyptien Sayed Qutb (prononcez Quoutoub), par lequel débute le récit, est le
premier propagateur important de cette vision d'un islam «total et sans compromis». Qutb, est
un intellectuel reconnu, un écrivain, inspecteur au ministère de l’éducation nationale,
amoureux de musique classique et de films hollywoodiens. Son arrivée, en 1948, aux Etats-
Unis où il fera de brillantes études n’est pas sans difficultés d’adaptation. Notamment, pour
un égyptien qui hait les juifs sans les avoir jamais rencontrés, entendre parler yiddish et voir
les vitrines en hébreu dans les rues de New York qui compte alors ¼ de juifs sur 8 millions
d’habitants, ce n’est pas anodin.
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Le livre « Justice sociale en Islam » qui vaut à Qutb le statut de penseur majeur de
l’Islam parait au moment où s’éteint la voix d’El Banna.
Il est revenu en Egypte en 1950, convaincu que « la laïcité, le matérialisme,
l’individualisme, le mélange des sexes et la démocratie - qui placent entre les mains du
peuple une autorité censée n'appartenir qu'à Dieu - ont contaminé l’islam à travers le
colonialisme ». Son message aux musulmans peut se résumer ainsi : «Islam et modernité sont
incompatibles. L’homme blanc nous écrase sous son pied tandis que nous inculquons à nos
enfants sa civilisation, ses principes universels et ses nobles objectifs. Enseignons que
l’homme blanc est l’ennemi de l’humanité et qu’il doit être détruit à la première occasion».
Le Coran établit nettement qu’il n’est « nulle contrainte en religion » Qutb, directeur
du journal des Frères musulmans détourne le sens de ce précepte en expliquant que l’Islam
n’est pas que croyance, que la vie hors de l’Islam est un esclavage, que la liberté ne peut
exister sans élimination de la jahiliya. Afin que la religion n’impose nulle contrainte, il faudra
d’abord que le règne de l’homme soit éradiqué, et la charia imposée parce que l’Islam est le
seul choix possible.
Nasser, qui a pris le pouvoir en juillet 1950 à la tête d’une junte militaire voit
l’Egypte comme le centre du panarabisme, «moderne, égalitaire, laïc et industriel», alors que
les Frères musulmans, dotés d’un appareil secret, aspirent à un gouvernement théocratique
islamique appliquant la Charia, la loi tirée d’une partie du Coran dans son acception la plus
étroite. C’est un scénario récurrent au Moyen-Orient que ce choix entre une société militaire
et une société étroitement religieuse …
Qutb est emprisonné plusieurs fois. Entre temps, il refuse tous les postes importants
que Nasser lui propose au ministère de l’Education Nationale. Il publie un manifeste « Jalons
sur la route de l’Islam » à l’intention d’une avant-garde qui devrait entamer le mouvement du
renouveau islamique à partir d’un pays musulman. Il relance la notion de takfir
(excommunication) en étendant la permission (que donne le Coran) de tuer un musulman pour
apostasie à tous ceux qui conduisent ou soutiennent un état laïque…
Son mouvement bénéficie de l’aide financière du gouvernement saoudien (état
théocratique wahhabite) qui est loin d’être acquis à la laïcité. Il est pendu le 29 août 1966,
ayant refusé la grâce de Nasser en disant : « mes mots seront plus forts si l’on me tue »
« Dieu merci, il m’a fallu 15 ans de Djihad pour gagner la chance de ce martyre »
Le docteur Ayman al-Zawahiri, qui n’a alors que 15 ans mais déjà membre des
Frères musulmans, va conduire l’avant-garde. C’est un chirurgien issu d’une dynastie de
médecins de la célèbre bourgade de Maadi à 8 km au sud du Caire, lieu de résidence de
nombreux intellectuels ; un de ses oncles est Recteur d’Al-Azhar, université millénaire, pilier
de l’éducation islamique et dont le recteur a une position presque comparable à celle du Pape
pour les catholiques.
La fondation de l’état d’Israël, imposée par l’Occident, sa puissance économique,
militaire, et son extension continuelle par l’installation ininterrompue de colons venant du
monde entier (au prix du déplacement de 700.000 palestiniens selon l’ONU), renforce le
fondamentalisme musulman et ravive le glorieux souvenir du temps où Mahomet avait
assujetti les juifs de Médenine. Dans les mosquées une voix stridente s’écrie : « Dieu s’est
tourné contre les musulmans. La solution c’est l’Islam »
Zawahiri fonde le groupe Al Jihad. Il entend restaurer le califat, le règne des religieux
islamiques, officiellement interrompu en 1924 à la dissolution de l'Empire ottoman,
mais qui dès le 13ième siècle n’avait plus eu de consistance réelle. Une fois cela
accompli, l'Égypte conduira le monde islamique sur la voie du djihad contre l'Occident.
«L'histoire connaîtra alors un nouveau tournant, par la volonté de Dieu, écrira Zawahiri,
et inversera son cours, contre l'empire des États-Unis et la domination mondiale des juifs. »
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En 1970 apparaît aussi en Egypte un groupe Al Takfir dont le chef s’appelle Choukri
Mustapha.
Un peu plus tard en 1979 l’ayatollah Khomeiny redéfinit aux yeux de tous les
musulmans les bases du dialogue avec l’Occident. Zawahiri soutient sa révolution.
L’accord de paix de Sadate avec Israël pousse les factions islamistes à s’unir. De plus
Sadate, par une loi, autorise les femmes à divorcer et bannit le voile des universités. Les
islamistes manifestent et le proclament hérétique. Sadate réplique : « Pas de politique en
religion et pas de religion en politique. » Il est assassiné le 6 octobre 1981 par le groupe Al-
Jihad, le groupe Al Takfir ayant fourni les armes.
Zawahiri est emprisonné par Hosni Moubarak qui appréhende et fait torturer des
milliers de conspirateurs potentiels dont un bon nombre d’islamistes. Lors de leur procès
télévisé, le 4 décembre 1982, les accusés chantent « L’armée de Mahomet reviendra et nous
vaincrons les juifs. » Un des islamistes les plus réputés de cette époque est le cheikh Omar
Abdul Rahman, aveugle, théologien influent qui enseignera à l’université d’El Azhar.
Libéré en 1984 Zawahiri va en 1985 en Arabie Saoudite où il exerce dans une clinique
à Djedda. S’y trouvent aussi sa soeur, cancérologue, et son frère, architecte. Ayant trahi les
siens sous la torture, il en est culpabilisé et aussi plus pieux, plus amer et plus déterminé : il
cherche un endroit où le radicalisme islamiste aurait une chance de prendre pied…Il y
rencontrera Oussama ben Laden…
Mohamed le père d’Oussama Ben Laden, originaire du Yémen, s’est installé à
Djedda en 1930 à l’âge de 23 ans. Sa carrière épouse la courbe de progression de l’Arabie
Saoudite. Modeste maçon, il crée au début des années 1950 sa propre société grâce au
parrainage de l’Aramco… Il se diversifie crée des usines et de nombreuses sociétés, y compris
d’ingénieurs conseils et constitue un empire sous le nom de Saudi Binladin Group… Pour 18
milliards de dollars il se voit confier la rénovation de la Grande Mosquée qui durera 20 ans…
Il devient un héros national après la construction d’une route de 80 km à flancs de montagne
reliant Taëf à la Mecque et unifiant le pays. Il rénove aussi la mosquée du Prophète à Médine.
C’est là que nait Oussama (le Lion) en janvier1958…Son empire s’étend, il rénove la
mosquée D’Al Aqsa de Jérusalem, ayant ainsi marqué de son emprunte les 3 lieux les plus
sacrés de l’Islam…
A la mort du père, Oussama, qui avait 14 ans, aimait la télévision, surtout les westerns.
Il vit d’abord une adolescence pleine d’aventures… mais s’éveille à la politique et à la
religion… Pour imiter le Prophète, il jeûne 2 fois par semaine et ajoute aux 5 prières
quotidiennes une sixième le matin… Il se marie pour la 1ère fois en1974. C’est à cette époque
qu’il rejoint les Frères musulmans. A la veille de Noël 1979, les troupes soviétiques
envahissent l’Afghanistan. « Ça m’a enragé et je me suis précipité sur place » dira t-il.
Le Prince Tourki al Fayçal (chargé du Renseignement en Arabie Saoudite) croit que
les soviétiques visent la maîtrise du détroit d’Ormuz. Il s’établit alors une alliance secrète
entre les USA et les Saoudiens pour alimenter la résistance, chacun versant les mêmes
sommes, plusieurs milliards, par l’intermédiaire du Service d’Intelligence Interarmes
Pakistanais ( ISI ).
En 1980 le Dr. Zawahiri va au Pakistan en qualité de médecin pour le compte du
Croissant Rouge. C’est l’un des 1ers étrangers à témoigner du courage des moudjahidines
afghans. De retour au Caire, il recrute pour le Jihad et retourne à Peshawar en mai 1981.
En 1982 les USA autorisent les israéliens à envahir le Liban et les soutiennent avec la
6ième flotte ; Ben Laden dira plus tard que c’est à ce fait que remonte sa haine pour
l’Amérique. Il subit l’influence d’un palestinien érudit et mystique, le cheikh Abdallah
Azzam. Azzam émet une fatwa, estampillée du sceau du cheikh Ben Baz premier chef
religieux d’Arabie Saoudite, qui oblige au Jihad afghan tout musulman apte au combat. Cette
fatwa sera publiée dans un ouvrage, très lu « Défense des terres musulmanes ». Son message
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est simple : « Le jihad et le fusil, pas de négociation, pas de conférence, pas de dialogue ».
Djedda devient vite la plaque tournante de ceux qui par centaines répondent à son appel.
Il ouvre avec Ben Laden un « Bureau des Services », centre d’accueil, de formation et
d’endoctrinement, au coeur de la cité universitaire à Peshawar. Par ses livres, tracts et
revues, ce que vend Azzam ce n’est pas la victoire en Afghanistan, c’est le martyre. La
vision du martyre qu’il étale est à l’origine du culte de la mort qui composera le coeur même
d’Al Qaïda. En effet la colère, l’humiliation et le ressentiment poussent une jeunesse arabe
dont l’existence est sans récompense, à chercher des solutions radicales ; pour ceux-là le
martyre proposé par Azzam constitue une alternative idéale.
En 1984 Ben Laden prend un premier contact avec l’Afghanistan à Jahi où opère
Sayyaf, chef de guerre afghan préféré des Saoudiens… En 1986 le Stinger, missile portatif
américain donne un avantage décisif aux moudjahidines afghans. La brigade arabe en
revanche ne pèse pas lourd, ils ne sont pas pris au sérieux et les afghans leur interdisent
longtemps l’entrée sur le territoire des combats, où d’ailleurs ils essuieront plusieurs échecs
dans des conditions peu glorieuses… Ben Laden fait creuser à grands moyens des grottes
artificielles en surplomb de la principale ligne de ravitaillement du Pakistan… Il obtient enfin
une victoire éclatante à la bataille dite de la Tanière du lion qui va faire la légende des arabes
pour leur courage.
Autour de Ben Laden, qui envisage de déplacer le combat au Cachemire, aux
Philippines, aux Républiques d’Asie centrale, s’exerce une lutte d’influence entre Azzam et
les Dr. Zawahiri et Fadl. Azzam s’oppose à toute idée de guerre entre musulmans. Il a pris
part à la création du Hamas (contrepoids islamiste au mouvement laïque de Yasser Arafat) et
vise la libération de la Palestine colonisée par les juifs… Les Dr. Zawahiri et Fadl veulent
quant à eux fomenter la révolution dans les pays islamiques.
La fondation, secrète, d’Al Qaïda date du 20 août 1988 lors d’une réunion des
principaux leaders islamistes ; le secrétaire de séance note qu’il s’agit d’une « faction
islamique organisée, son propos est de porter la parole de Dieu, de conduire sa religion à la
victoire. » Soutenu par les Saoudiens qui espèrent le contrôler, Ben Laden, opposé à Azzam,
est élu Emir des arabes afghans.
En mars 1989, alors que les soviétiques viennent de se retirer, il décide se s’attaquer
au pouvoir communiste afghan. Plus de 6000 arabes prendront part à ce Jihad (contre 3000
contre les soviétiques). Il est vaincu lors du siège et de la bataille de Jalalabad. Peu après il
rentre en Arabie Saoudite auréolé cependant d’être le chef incontesté des arabes afghans qui
ont mis à genoux la superpuissance soviétique.
Non content d’interdire aux chiites la construction ou l’agrandissement de leurs
mosquées, le Gouvernement saoudien s'est attelé à évangéliser le monde islamique,
consacrant les millions de riyals de la taxe religieuse – zakat – à l'édification de centaines de
mosquées, de centaines d’universités, et de milliers d'écoles religieuses dans le monde
entier, où imams et enseignants sont tous wahhabites, beaucoup prêchant la gloire du. Jihad.
Ainsi l'Arabie Saoudite, qui ne représente qu' 1 % de la population musulmane mondiale
en est venue à financer 90 % des dépenses totales du culte, écrasant dans ce
domaine les autres branches de l'islam… La musique a disparu du royaume. La censure
bâillonne les arts et la littérature.
Le voile islamique revient en force dans le monde musulman où souffle un vent de
puritanisme (Il est évident qu’un puritanisme étroit peut mener au Jihad islamiste).
Ben Laden décide de financer une guérilla dans la jeune république du Yémen. Il est
rappelé à l’ordre par le roi, puis il est rejeté par le gouvernement lorsqu’il s’oppose ensuite à
l’arrivée des troupes étrangères pour lutter contre Saddam Hussein…Il part au Pakistan.
En juin 1989 les islamistes font un coup d’état militaire au Soudan, le maître d’oeuvre
en est Hassan el Tourabi, lettré, titulaire d’une maîtrise de droit à Londres et d’un doctorat à
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la Sorbonne, et qui ambitionne d’être le guide spirituel de l’Oumma musulmane à partir du
Soudan d’où la révolution islamique ferait tâche d’huile.
Le gouvernement soudanais offre alors en gros à Ben Laden un pays tout entier où il
pourra opérer en toute liberté. Son entreprise la Saudi binladin group décroche le contrat de
construction d’un aéroport à Port Soudan. Il s’installe à Kartoum. Il reçoit 50 personnes par
jour pour lesquels il égorge le mouton, en restant lui-même très sobre, et prêche le Jihad. Il
construit des autoroutes et possède 400.000 hectares qu’il cultive. Il jouit aussi d’un monopole
sur les exportations soudanaises. Il envisage même de quitter Al Qaïda et de devenir
exploitant agricole, mais il renonce à cela car la présence de soldats américains en Somalie
dans le cadre d’une aide humanitaire lui fait croire à une intention de bloquer la mer rouge.
Il nomme chef du conseil de fatwa d’El Qaïda un ingénieur kurde, Abou Hajer,
colonel dans l’armée de Saddam Hussein pendant la guerre contre l’Iran. C'est sous son
autorité qu'Al-Qaïda abandonne son statut originel d'armée anticommuniste islamique pour
celui d'organisation terroriste vouée à attaquer l'ultime superpuissance, les Etats-
Unis qui constituent, pour Abou Hajer comme pour Ben Laden, la principale menace
contre l'islam.
Ces hommes s'en prennent aux États-Unis, pays fortement religieux dont ils ont
récemment été les alliés en Afghanistan, parce qu'ils y voient le siège du pouvoir chrétien
avec lequel ils se sentent en rivalité.
En effet pour ces individus spirituellement amarrés au VII° siècle, les croisades sont
un processus historique, continu, qui ne prendra fin qu'avec la victoire de l'islam. Ils
entretiennent l’amer souvenir du revers qu'a signifié la longue retraite de l'islam
entamée aux portes de Vienne, où, en 1683, le 11 septembre précisément, le roi de Pologne
engagea la bataille qui fit reculer le gros des armées musulmanes. L'islam allait passer les
trois siècles suivants dans l'ombre des sociétés chrétiennes en plein essor.
Ben Laden et ses Arabes afghans sont persuadés qu'en Afghanistan ils ont
inversé le cours de l'histoire et remis l'islam en marche. Ben Laden veut attirer les USA à une
guerre contre l’Islam « sur un front si large qu’ils ne pourront plus le contrôler » dit-il.
Abou Hajer émet une fatwa autorisant l'attaque de soldats américains.
Spontanément des mouvements salafistes locaux apparaissent dans le monde arabe. Ils
trouvent à Khartoum un refuge sûr : le hamas, le Hezbollah, Carlos, etc.…Une fatwa d’Abou
Hajer autorisant le meurtre d'innocents, fait naître une autre vision d'Al-Qaïda, celle d’une
organisation terroriste planétaire qui ne se consacrera plus à combattre des armées,
mais à tuer des civils.
Dans les années 1990 Zawahiri inaugure le recours à l’attentat suicide, et lève le
puissant tabou religieux du suicide. « Ne vous tuez pas vous-même » dit le Coran. Zawahiri
déclare que la mort et le martyr sont des armes lorsqu’ils sont utilisés pour le bien de l’Islam.
Il inverse la parole du prophète et ouvre la porte au meurtre universel.
Ben Laden en 1992 envoie en Algérie Qari el Saïd qui aide à fonder le GIA qui
exterminera plus de 100.000 personnes. Le 26 février 1993 a lieu le premier attentat contre le
World Trade Center par Ramzi Youssef ingénieur installé au Pakistan.
Pour Ben Laden il s’agit d’une guerre théologique opposant les vrais musulmans
contre les croisés mondialistes et dont l’enjeu est le salut de l’humanité.
En 1995 il s’en prend directement dans un manifeste au roi Fahd (qui avait révoqué sa
nationalité saoudienne) et il fait commettre un premier acte terroriste en Arabie Saoudite. Le
19 novembre Zawahiri fait sauter l’ambassade égyptienne au Pakistan. Hosni Moubarak
utilise alors des enfants espions pour atteindre Zawahiri qui se réfugie au Yémen…
Sous la pression des Etats Unis le gouvernement soudanais dépouille Ben Laden de
ses biens et lui prête un vieux Tupolef pour retourner en Afghanistan. A Jalalabad il monte un
modeste commerce de miel. Bien que marginalisé il a tissé un mythe autour de lui et incarne
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dans la misère de son exil l’ensemble des musulmans humiliés et persécutés. Il prend
sciemment pour modèle certains aspects de la vie de Mahomet.
Le 23 août 1996, à Tora Bora , du fond d’une grotte, Il déclare la guerre aux Etats-
Unis … au prétexte que, cinq ans après la première guerre du Golfe, la présence des troupes
américaines en Arabie Saoudite s'éternise. «Vous terroriser, alors que vous apportez des
armes sur notre terre, est notre devoir moral et légitime», dit-il.
Il affirme parler au nom de tous les musulmans, et va jusqu'à adresser quelquesunes
de ses longues fatwas à la personne même du secrétaire d'État à la Défense,
William Perry. « Je vous le dis, William : ces jeunes aiment la mort autant que vous
aimez la vie [...]. Ces jeunes ne vous demanderont pas d'explications. Ils vous chanteront
qu'il n'y a rien à expliquer, rien d'autre que la mort et des cous à trancher. »
En 1997 six terroristes tuent 58 touristes et 4 égyptiens dans un temple en Egypte…
Le 23 février 1998, le journal londonien El qads el Arabi publie une fatwa ordonnant « de
tuer les américains et leurs alliés civils ou militaires dans tout lieu ou cela sera possible »
signée du Front islamique international pour le Jihad contre les juifs et les croisés
coalition où le nom d’El Qaïda n’apparaît pas, il est encore secret.
La notoriété de Ben Laden a remplacé son argent. Contrairement au Coran qui proscrit
nommément le meurtre de femmes et d’enfants, la mort à grande échelle devient une fin en
soi, la notion même d’innocence est absente du raisonnement des islamistes.
Les forces de l’antiaméricanisme tiennent leur champion lorsque Ben Laden crachote à
travers une liaison radio « par la grâce de Dieu je suis en vie » lors de l’échec des frappes
américaines à Khost. Le 9 sept 2001 Massoud le chef de l’Alliance du Nord est tué par
l’équipe de Zawahiri sur l’ordre de Ben Laden…
Tels sont les faits qui, dans ce livre, m’ont paru particulièrement intéressants pour
comprendre l’origine de l’islamisme et ce qui le nourrit.
Pour Lawrence Wright, les hommes venus s'entraîner en Afghanistan dans les années
1990 n'ont rien de laissés-pour-compte de la société. La plupart des candidats au recrutement
d'Al Qaïda sont issus des classes moyennes et supérieures, presque tous de familles
normales. Très peu sortent d'écoles religieuses, beaucoup n'étaient même pas pratiquants
avant de rallier le jihad. Souvent formés en Europe ou aux États-Unis, ils ont généralement
reçu une éducation de niveau universitaire, avec un fort penchant pour les sciences naturelles
et l'ingénierie, et ne maîtrisent pas moins de cinq ou six langues.
Pour lui : « Al-Qaïda repose sur une conjonction unique de personnalités, notamment
égyptiennes chacune exprimant la pensée de Qutb, le père intellectuel. Mais, sans
Ben Laden, les Égyptiens en seraient restés aux objectifs nationalistes. L’idée d'un corps
international de djihadistes est venue de Ben Laden. Sa gestion a permis la survie d’une
organisation pourtant ruinée et en exil. Sa ténacité l'a rendue sourde au débat moral que
soulevait la question du meurtre à grande échelle, et insensible à une succession d'échecs…
Ben Laden y ajoute un certain art, celui des effets spectaculaires, et surtout celui de
captiver l'imaginaire des hommes dont il réclame la vie. »
En conclusion, force est de constater que le terrorisme islamiste s’étend. Le Pakistan
est assurément la base arrière, le relais et le vivier des réseaux terroristes de la nébuleuse
islamiste. La menace viendrait actuellement du Pakistan avec sa bombe atomique et de
l’Iran, dont le Président ne cache pas sa contestation de l’état d’Israël et de l’Occident
qui a imposé cet état en Palestine.
P. Bureau
(septembre 2009)
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